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SeaFrance: pourquoi j'ai été mis en examen

Vous avez été nombreux vendredi - et je vous en remercie…

Vous avez été nombreux vendredi - et je vous en remercie - à m'appeler ou m'envoyer un message pour me solliciter votre soutien ou me demander des explications après ma mise en examen pour diffamation, dont j'ai fait état sur Twitter et Facebook. Aussi plutôt que de vous répondre individuellement, il est plus facile et pratique de le faire au travers de mon blog. Après tout Les dessous du social traitent des questions sociales et cette histoire, de part son origine, en est une.

Les faits tout d'abord. Comme beaucoup de journalistes, j'ai été amené fin 2011 et début 2012 à me pencher sur l'histoire du naufrage de la compagnie maritime SeaFrance. Je ne vous refais pas le film, tout le monde le connait. Le 5 janvier, Europe1 diffuse un reportage richement documenté sur les pratiques peu orthodoxes des leaders de ce syndicat affilié à la CFDT, avec témoignages à l'appui faisant état d'intimidations et menaces diverses et variées. Des éléments qui semblent confirmer ce que localement beaucoup savent et ont décidé de ne plus taire. Lefigaro.fr, comme de nombreux sites internet, reprennent donc l'information qui tourne en boucle. Et met en ligne un papier, agrémenté de réactions OFF assez claires de dirigeants de la confédération qui laissent transparaitre tout le mal qu'ils pensent de leurs représentants chez SeaFrance. Ce papier, nous le cosignons avec Isabelle de Foucaud. Et c'est la raison de ma mise en examen hier (celle d'Isabelle interviendra à la fin du mois) car les deux syndicalistes nommément cités dans le papier ont porté plainte pour "diffamation publique et avoir porté atteinte à l'honneur du syndicat local et de ses dirigeants".

Il semblerait que tous les journalistes, ou une grande partie d'entre eux, qui ont relaté l'information ce jour-là soient la cible aujourd'hui d'une plainte en diffamation.
Je précise, concernant les allégations de mon papier reprenant des propos de la confédération CFDT que François Chérèque, le secrétaire général de l'époque, avait 4 jours plus tard, au micro de Jean-Michel Apathie sur RTL, fait part de son sentiment de "honte" et eu des mots très durs pour les dirigeants de son syndicat. De mémoire de journaliste social, je n'avais jamais entendu de propos aussi virulents d'un patron de syndicat pour des encartés de chez lui. Je précise que François Chérèque a lancé le jour même une procédure de radiation du syndicat CFDT SeaFrance et de ses dirigeants, qui sera effective deux mois plus tard... A ma connaissance, François Chérèque est lui-aussi visé par une plainte en diffamation mais je ne sais pas s'il a déjà été mis en examen.

Ma mise en examen d'hier, qui intervient quatre mois après mon audition par la police, est purement administrative. Il faut savoir que le juge d'instruction qui "instruit" le dossier n'a pas le droit de poser des questions sur le fond de l'affaire et doit se borner à réaliser des actes de procédure. Pourquoi ? C'est le droit de la presse, aussi bizarre que cela puisse paraitre. Elle - la juge est une femme, j'adore cette phrase, j'avoue - va donc devoir se coltiner toutes les auditions pour signifier aux journalistes en face d'elle leur mise en examen. Rien d'autres. C'est vrai que ce n'est pas comme si la justice était engorgée et que les juges croulaient sous les tonnes de dossiers... Enfin passons. D'après ce que j'ai compris, le procureur n'a pas non plus beaucoup de marges à sa disposition si ce n'est de renvoyer l'affaire en correctionnelle quand elle lui reviendra, "instruite". Et ce n'est que lors du procès, probablement à l'automne si les délais de procédure très compliquée sont respectés (là j'avoue que je n'ai pas tout compris), et uniquement au procès où nous seront nombreux dans "le box des accusés", que le dossier sera abordé au fond par trois magistrats professionnels. Pas avant.

Sauf erreur de ma part, sur les 819 ex-salariés de SeaFrance, un peu moins de la moitié continue l'aventure au sein de My Ferry Link, les autres étant restés sur le carreau. Sans l'obstruction avérée et assumée des dirigeants syndicaux à étudier les offres de reprises avant la liquidation de l'entreprise, plus d'emplois auraient pu être sauvés... Le projet de reprise de la compagnie par une scop (un projet à l'époque soutenu par plusieurs membres actuels du gouvernement; certains dont je tairai le nom par bienveillance avaient même investi dans l'opération) est tombé à l'eau...

Voilà, vous savez tout ou presque.
En tout cas autant que moi. Suite à l'automne, au procès.

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