Qu'avez-vous pensé de l'intervention de François Hollande sur la moralisation de la vie politique, ce mercredi matin?
J'ai un regret sur la méthode employée. Dans le cas d'affaires délicates, le président de la République aurait dû prendre son temps et ouvrir davantage la discussion, car ce ne sont pas des questions qui concernent seulement la gauche. Il aurait fallu se donner deux mois pour déboucher sur un projet de loi commun avec la droite. Pourquoi François Hollande a-t-il choisi de se précipiter pour éteindre l'incendie allumé par son ex-ministre du Budget?
Mais que pensez-vous des mesures annoncées?
Une Haute autorité chargée d'examiner le patrimoine des ministres et élus, c'est très bien. Mais le problème réside dans le pouvoir d'investigation de cette instance. Aura-t-elle vraiment les moyens de vérifier que les déclarations faites sont sincères? Moi, je n'ai rien à cacher sur mon patrimoine: j'ai hérité de mon père il y a 25 ans, le reste est le fruit de mon travail. Des collègues, y compris à gauche, me disent que les déclarations publiques vont susciter le populisme. Je ne le crois pas.
Et à propos de l'interdiction du cumul d'un mandat parlementaire avec l'exercice de certaines professions?
On peut renforcer les incompatibilités professionnelles, mais alors il faut créer un comité indépendant, composé de magistrats, qui définissent précisément les activités compatibles avec un mandat électif et celles qui ne le sont pas. Prenons les avocats, puisqu'on en compte 63 à l'Assemblée. Peut-on être avocat d'affaires et parlementaire? Ma réponse est non. Mais les autres avocats? Même chose pour les médecins. Qu'ils soignent ou qu'ils travaillent pour des laboratoires, cela reste des médecins. Ces imprécisions montrent que le texte n'est pas mature.
Comment jugez-vous les mesures de lutte contre les paradis fiscaux?
C'est une erreur de considérer qu'il s'agit là d'un problème franco-français. C'est au niveau de l'Union européenne et de l'OCDE qu'il faut continuer à faire avancer les choses. Des efforts ont été faits ces dernières années, mais c'est lent. Face aux intérêts puissants de certains pays, comme le Luxembourg, croire que l'on va régler cela d'un coup de baguette magique, c'est se bercer d'illusions. C'est un dossier qui demande, là encore, de la réflexion.
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