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Sous le parc occupé d'Istanbul, un cimetière arménien

Des militants arméniens veulent ressusciter la mémoire de Sourp Hagop, lieu de mémoire de la communauté, détruit dans les années 1930.

Par  (Istanbul, correspondance) et Guillaume Perrier

Publié le 11 juin 2013 à 17h00, modifié le 11 juin 2013 à 17h00

Temps de Lecture 2 min.

Dans le parc de Gezi, le 30 mai.

Istanbul, correspondance. Dans une allée du parc Gezi, qui jouxte la place Taksim, les jeunes militants arméniens de Nor Zartonk ("Nouvel éveil") ont collé deux plaques de polystyrène gris qui forment une tombe symbolique. Dessus figure l'identité du défunt : "Cimetière arménien Sourp Hagop 1551-1939". Et un message : "Vous nous avez pris notre cimetière, vous n'aurez pas notre parc !" Car là où s'est installé depuis dix jours le mouvement de protestation contre le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, sous le parc Gezi, reposent les morts d'une partie de la communauté arménienne d'Istanbul. Une histoire inconnue de la plupart des manifestants, que quelques-uns tentent de faire revivre. Là où M. Erdogan affirme vouloir "reconstruire l'histoire" bâtissant la réplique d'une ancienne caserne ottomane, qui abritera un centre commercial ou un musée de la ville.

L'histoire du cimetière Sourp Hagop remonte à Soliman le Magnifique. Une tentative d'assassinat se préparait contre le sultan. Les comploteurs approchèrent l'un de ses cuisiniers, un Arménien de Van, Manouk Karaseferyan, pour qu'il empoisonne le dîner impérial. Mais le cuisinier n'en fit rien et dénonça le plan au sultan. En signe de sa gratitude, Soliman lui demanda ce qu'il pouvait lui offrir. Karaseferyan émis un souhait inattendu : un lieu pour les morts de sa communauté, un cimetière.

PIERRES TOMBALES RÉUTILISÉES

Le terrain donné par le sultan se trouve aujourd'hui au nord de la place Taksim, occupé par une partie du parc Gezi, quelques hôtels de luxe, des immeubles et un bâtiment de la Radio télévision turque (TRT). De ce vaste terrain, seul l'hôpital Sourp Hagop subsiste. Le reste, qui appartenait à la communauté, a été spolié par la République. Le cimetière a été entièrement détruit dans les années 1930 et ses pierres tombales ont été réutilisées dans la construction d'un nouveau centre urbain par l'urbaniste Henri Prost, l'auteur du plan d'aménagement d'Istanbul choisi par Atatürk.

Un mémorial au génocide arménien fut même brièvement construit dans le cimetière, à la place de l'hôtel Divan. Le monument subsista de 1919 à 1922, avant d'être détruit à son tour. Dans le brouhaha de la révolte de Taksim, l'association antiraciste DurDe, qui organise chaque année un rassemblement silencieux sur la place Taksim pour le 24 avril, l'anniversaire du déclenchement du génocide arménien, voulait faire revivre ce monument.

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L'inauguration était programmée pour lundi soir. Mais l'association a dû renoncer sous la pression de militants nationalistes, brandissant des drapeaux turcs, et scandant des slogans hostiles, confirme Cengiz Algan, de DurDe. Cette mouvance extrémiste, que l'historien Hamit Bozarslan qualifie de courant "national-socialiste", est bien loin de faire l'unanimité parmi les manifestants, mais elle se fait entendre. "Tous les partis politiques s'entretuent, mais lorsqu'il s'agit des Arméniens, il y a toujours un consensus", lance une figure de la communauté d'Istanbul.

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