Villeneuve-sur-Lot, envoyé spécial. Il est à la fois le grand absent de cette élection législative partielle dans la 3e circonscription du Lot-et-Garonne destinée à pourvoir à sa succession et omniprésent. Jérôme Cahuzac, ancien ministre de budget et député sortant de la circonscription, a voté par procuration dès l'ouverture des bureaux de vote, comme au premier tour. Son représentant a été le premier à déposer, à 8 heures, son bulletin à la mairie de Villeneuve-sur-Lot. Avant le premier tour et entre les deux tours, on lui a attribué toutes sortes d'intentions, à commencer par celles d'avoir contribué à faire battre le candidat du PS, Bernard Barral.
En ce milieu de journée, dimanche 23 juin, dans les rues quasi désertes de la sous-préfecture, mon téléphone sonne. "Allô, c'est Jérôme Cahuzac." Un moment de surprise. "Vous êtes à Villeneuve ?" Je ne doute pas un instant qu'il sait très bien que oui. "Alors, comment vous sentez les choses ?" Dans Le Monde publié la veille, j'ai expliqué à quel point il me semblait difficile d'établir un pronostic et combien, sur le terrain, on sentait monter un mouvement en faveur du candidat du FN.
"C'est sûr. Costes [le candidat de l'UMP] est détesté ici. Mais ils vont essayer de me faire porter le chapeau, dire que c'est la faute à Cahuzac. Ils n'ont rien compris." Le soir du premier tour, alors que le candidat socialiste, devancé par le représentant de la droite et celui du FN, n'était pas parvenu à se qualifier pour le second tour, François Hollande, interrogé sur M6, avait analysé ce résultat comme "une séquelle de l'affaire Cahuzac".
"DES FARIBOLES"
Certains responsables socialistes locaux ont accusé l'ancien maire de la ville d'avoir "savonné la planche" de leur candidat et d'œuvrer en sous-main pour favoriser l'élection du candidat du FN afin de pouvoir se présenter en recours aux municipales. "Des fariboles, affirme l'ancien ministre déchu. C'est tout ce qu'ils ont trouvé. La réalité, elle est bien plus terrible mais ils ne veulent pas la voir. Ça va bien au-delà de ça."
Dans trois jours, mercredi 26 juin, à 16 h 30, Jérôme Cahuzac sera entendu par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale suite aux éventuels dysfonctionnements du gouvernement et des services de l'Etat dans l'affaire qui a conduit à sa démission. "Je vis un calvaire", souffle l'ancien ministre. Un blanc. "A bientôt."
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