Italie : avorter devient de plus en plus compliqué

 

Italie : avorter devient de plus en plus compliqué

    Légalisée il y a plus de 30 ans, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est sévèrement mis à mal en Italie depuis quelques années. Le nombre d'avortement ne cesse de baisser passant de 234 801 en 1982 à 121 406 en 2008 selon des chiffres d'Avortment IVG. Pis, le nombre de gynécologues conservateurs, qui profitent de «l'objection de conscience» et refusent les IVG, se situait en 2008 à près de 70 %. Aujourd'hui il augmente encore. Résultat : les femmes risquent leur vie avec des avortements clandestins.

    Une procédure complexe

    Une situation qui n'a rien à voir avec l'objection de conscience selon un gynécologue d'un hôpital de la région de Gênes, où sont pratiqués 480 avortements par an. «Mais les femmes ont besoin de réserver. Il y a un premier enregistrement et elles doivent se présenter plusieurs fois. Beaucoup demandent à ce qu'il existe plus d'informations, plus d'éducation sur ces questions mais on nous répond qu'il manque de l'argent», explique le docteur dans les colonnes de la Repubblica. «Dans ce pays, nous avons toujours tendance à travailler dans l'urgence...», ajoute t-il.

    Les chiffres sont pourtant indéniables. Il y a de moins en moins de gynécologues pratiquant l'IVG et les autres sont donc rapidement surchargés. Avec les difficultés financières et administratives que cela représente, les avortements clandestins se multiplient. Notamment grâce à un médicament «miracle» appelé Cytotec. Normalement utilisé pour traiter un ulcère gastrique, il est vendu clandestinement, même à des femmes enceintes de plus de 6 mois (l'IVG est légale jusqu'à 10 semaines en Italie, ndlr).

    Si la mort du foetus est obligatoire avec ce médicament, il est aussi très dangereux pour les femmes qui l'utilisent, provoquant, entres autres des hémorragies internes. «Ce sont des jeunes femmes entre 20 et 30 ans. Elles arrivent souvent avec des amis, parfois elles sont ivres, pour ne pas souffrir», lâche une infirmière, sous le couvert d'anonymat. Les étrangères et les prostituées sont très touchées par ce phénomène. Une femme originaire du Nigeria était tombée dans le coma après avoir ingurgité 98 comprimés de Cytotec.

    Une situation qui ne devrait pas s'améliorer avec l'arrivée du nouveau Pape. Dans un pays très catholique, François Ier a récemment demandé «une protection juridique» de l'embryon.