La cote de popularité de François Hollande a connu une hausse de quatre points en mai par rapport à avril; celle du Premier ministre trois points, selon un baromètre de l'Ifop à paraître dans Le Journal du dimanche.

La cote de popularité de François Hollande a connu une hausse de quatre points en mai par rapport à avril; celle du Premier ministre trois points, selon un baromètre de l'Ifop à paraître dans Le Journal du dimanche.

L'Express

Monsieur le président de la République,

Publicité

Ce matin, devant ma glace, rasoir en main, je choisis la taille de la coupe. 5,5 mm. Comme tant d'autres, je m'interroge. En me regardant dans le miroir, je pense:

1. A ma candidature à la présidence de la République?

2. A la taille de ma barbe pour plaire à ma femme?

3. A mon quotient familial?

Monsieur le président de la République, soyez rassuré, de 1., il n'en est pas question, de 2., c'est une obligation, de 3., je suis votre mouton.

Vous avez décidé, dans le plus grand secret, de raboter le quotient familial. Toute la presse parle de votre instrument favori, le rabot. Elle se trompe, votre outil favori est la tondeuse. La tondeuse pour tondre bien ras, pour que chaque poil disparaisse, au risque de ne jamais le revoir pousser.

Constituer des familles, avec le mariage pour tous -que j'ai soutenu-, d'un coté, et de l'autre, sacrifier les familles qui investissent dans le capital humain, est une bien curieuse façon de penser notre société. Nous élevons nos enfants dans de bonnes conditions, sans que notre pays ne mette beaucoup la main au porte-monnaie, et c'est très bien comme cela.

Alors considérer le quotient familial comme une réduction d'impôt, une niche fiscale, c'est nier le principe "à niveau de vie égal, taux d'imposition égal". Le revenu d'une famille avec enfants est inférieur à celui sans enfant, disposant du même revenu avant impôt. Le ménage sans enfant, par ce même impôt, participe davantage au financement, par exemple de la formation scolaire, puisqu'il ne le fait pas directement dans les enfants. Un pacte républicain était ainsi constitué, votre plafonnement abusif du quotient familial vient de le détruire.

Par ce même quotient, la société reconnaît la famille. En niant sa fonction, vous poussez à l'individualisme fiscal. En niant la nécessité de cet investissement humain, vous appauvrissez notre République. Je rabote donc à mon tour votre titre et vous appellerai, désormais, Monsieur le président. Vous allez enchainer sur l'énième réforme des retraites. Une suggestion, Monsieur le président, préparons nos retraites "par nos enfants", si chacun souhaite avoir une retraite, que chacun investisse dans la jeunesse, soit directement, soit par l'impôt.

C'est en sauvant ce pacte républicain que notre pays avancera. Ma femme me préfère avec la barbe de trois jours, s'il vous plaît, faites comme elle. Et ne vous trompez pas, je vote socialiste depuis toujours, ce n'est pas un réactionnaire qui vous parle, c'est un citoyen normal qui passe sous la tondeuse. Vous y passerez, vous-aussi, dans quatre ans.

Publicité