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François Fillon : «Hollande divise les Français»

«Notre défi est de redonner rapidement à l'UMP sa crédibilité», estime François Fillon.

INTERVIEW- Le député de Paris François Fillon «ne croit pas du tout que l'UMP soit finie» et estime que son club, Force républicaine, est «le cœur» du parti.

LE FIGARO. - Le juge Gentil doit-il être dessaisi de l'affaire Bettencourt?

François FILLON. - Contrairement à mon habitude, j'avais signifié ma désapprobation au moment de la mise en examen de Nicolas Sarkozy, à l'égard d'une décision dont les termes me paraissaient injustes et peu vraisemblables. Je vais désormais me tenir à la règle de ne jamais plus commenter une affaire judiciaire. Le climat qui se développe autour de ces affaires est détestable, malsain et dangereux pour la démocratie.

Qu'avez-vous pensé de l'intervention de François Hollande sur M6 dimanche?

C'est une émission inutile, qui a confirmé l'impuissance du président de la République, prisonnier de ses mensonges de campagne et d'une crise qu'il a niée. François Hollande n'a pas de projet, pas de vision, pas de crédibilité. Il multiplie les interviews pour tenter d'expliquer que sa politique marche, ou va marcher, alors que les Français constatent chaque jour qu'elle entraîne la France vers un décrochage économique. Chaque émission du président, au lieu de renforcer son autorité, de rassurer les Français, l'affaiblit et inquiète. Je maintiens ce que je dis depuis des semaines: François Hollande est directement responsable de la situation de récession dans laquelle nous sommes. Nous avions laissé le pays en légère croissance. C'est son matraquage fiscal et ses mesures anti-entreprises qui ont fait basculer la France vers la récession.

La croissance va-t-elle revenir en 2014 comme l'assure le chef de l'État?

Si l'économie mondiale continue de progresser, j'espère que la France en profitera un peu. Mais attendre le train et compter sur les autres ne suffira pas. C'est l'erreur fondamentale de François Hollande: il ne veut pas admettre que la crise n'est pas simplement conjoncturelle, mais qu'elle est liée à des problèmes structurels de l'économie française. Aucune réforme annoncée dimanche ne répond à l'atonie de notre productivité et à la dérive de nos déficits. Nous réclamons depuis des semaines un collectif budgétaire qu'on nous refuse, et pour cause: nous allons vers un dérapage des finances publiques de l'ordre de 30 milliards d'euros à la fin de l'année. L'exécutif ne tient pas les dépenses et les recettes fiscales sont en train de s'effondrer.

La courbe du chômage peut-elle s'inverser d'ici à la fin de l'année?

Pas de façon saine pour l'économie française! Le seul artifice sur lequel compte François Hollande, c'est une utilisation massive des contrats aidés en fin d'année.

François Hollande vous semble-t-il déterminé à agir pour les retraites?

Il est dans une situation cocasse où il doit, pour assurer la pérennité des régimes de retraites, défendre des solutions qu'il a combattues de toutes ses forces pendant quinze ans. Maintenant, il est au pied du mur. Il y a deux choses qui seraient irresponsables. La première c'est de s'attaquer au pouvoir d'achat des retraités. Ce serait socialement injuste. La seconde serait d'augmenter les cotisations. François Hollande a dit qu'il ne repousserait pas l'âge légal, ce qui est d'une hypocrisie sans nom. Vous n'aurez plus le choix qu'entre partir avec une retraite très affaiblie ou continuer bien au-delà de l'âge légal. Je n'ai pas non plus le sentiment qu'il soit prêt à poursuivre l'harmonisation des régimes, tant il a donné de gages à ce qu'il croit être son électorat, avec la suppression du jour de carence dans la Fonction publique. Ceci dit, je ne désespère pas de voir ce gouvernement agir pour l'intérêt général. Je serai prêt à le soutenir s'il s'engage sur l'allongement de la durée légale et sur l'harmonisation des régimes privé et public.

Jean-François Copé souhaite que la droite réforme par ordonnances si elle revient au pouvoir. Approuvez-vous cette idée?

Nous devons d'abord dire très clairement aux Français les mesures que nous engagerons, de manière à ne pas se mettre dans la situation où se retrouve aujourd'hui la gauche, décrédibilisée pour avoir promis l'impossible. Ensuite, si nous sommes élus, nous devons dans les trois mois qui suivront créer un choc psychologique en France et vis-à-vis du reste du monde pour que chacun comprenne que les choses bougent. L'efficacité des réformes est liée à leur rapidité d'exécution.

« L'efficacité des réformes est liée à leur rapidité d'exécution »

Vous appelez les Français «à croire à nouveau dans le progrès», un thème traditionnel de la gauche…

Le progrès n'est ni de gauche ni de droite, c'est un esprit de conquête. La France, qui a été un pays qui a éclairé le monde par ses inventions, son audace technologique, est devenue un pays qui a peur de tout. C'est la France qui cadenasse ses autoentrepreneurs, qui ferme Fessenheim sans autre raison que politique, qui s'interdit toute recherche sur le gaz de schiste. Je veux redonner aux Français le goût du progrès et de se battre pour lui. J'appelle à remplacer le principe de précaution par le principe de responsabilité.

Est-ce parce que la France a peur qu'elle vote FN à 26% à Villeneuve-sur-Lot?

Oui. Les Français doutent de leur avenir et la République se fracture. Depuis le début du quinquennat, François Hollande divise les Français. Cela commence avec «j'aime pas les riches», se poursuit avec «mon ennemi c'est la finance», continue par le mariage pour tous… Et comme cela ne suffit pas, il relance la machine à diviser avec le droit de vote pour les étrangers aux élections locales. Sans oublier la faillite morale de nommer un ministre du Budget qui fraude le fisc. Le résultat, c'est l'explosion des votes extrémistes.

Que dites-vous aux électeurs de gauche qui hésitent à voter pour l'UMP?

Choisir le moins sectaire et raisonner en citoyen. Nous sommes le 18 juin, un jour où l'on célèbre l'appel à la résistance et à l'unité des Français. Aucun républicain et a fortiori aucun gaulliste ne peut supporter l'expression «peuple de gauche», ni d'ailleurs «peuple de droite».

« L'UMP, c'était la volonté de rassembler les gaullistes, les libéraux et les centristes pour gouverner le pays et faire barrage à l'extrême droite »

Comment expliquer que l'UMP ne profite pas plus du discrédit du PS?

La participation aux élections partielles est si faible que je me garderai bien de tirer des enseignements définitifs. L'UMP est en phase de reconstruction après un échec aux élections présidentielle, législatives et à toutes les élections locales depuis des années. Notre défi est de lui redonner rapidement sa crédibilité. Contrairement à ce que pensent certains, je ne crois pas du tout que l'UMP soit finie. L'UMP, c'était la volonté de rassembler les gaullistes, les libéraux et les centristes pour gouverner le pays et faire barrage à l'extrême droite. Ces objectifs sont toujours valables. Qui peut penser qu'en divisant l'opposition on aurait plus de chance d'opérer le redressement du pays. Je suis favorable à un rapprochement entre l'UMP et l'UDI de Jean-Louis Borloo.

Quel sera le rôle de votre club Force républicaine?

Ce n'est pas un club, pas une tendance, pas une écurie, Force républicaine est le cœur de l'UMP. C'est une sensibilité qui défend les valeurs qui ont conduit à la création de l'UMP. Nous ne sommes pas d'accord avec ceux qui expliquent que notre parti doit courir derrière le FN. L'UMP a vocation à fédérer l'ensemble des électeurs de la droite et du centre. Nous sommes dans l'UMP, nous croyons à l'avenir de l'UMP et nous ne ferons rien qui conduise à l'affaiblir. Au contraire!

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