Un mois après sa visite officielle en Algérie, le président François Hollande tient un ton radicalement différent de celui des autres capitales, après le dénouement tragique de la prise d'otages d'In Amenas. Selon lui, l'Algérie a eu "les réponses" les "plus adaptées", car "il ne pouvait y avoir de négociations" avec les ravisseurs.

Un mois après sa visite officielle en Algérie, le président François Hollande tient un ton radicalement différent de celui des autres capitales, après le dénouement tragique de la prise d'otages d'In Amenas. Selon lui, l'Algérie a eu "les réponses" les "plus adaptées", car "il ne pouvait y avoir de négociations" avec les ravisseurs.

L'Express

Brutales, sanglantes, regrettables... Les méthodes d'Alger pour dénouer la prise d'otages d'In Amenas ont suscité un concert de critiques. Notamment de la part des capitales inquiètes pour leurs ressortissants retenus par les terroristes sur le site gazier, comme Tokyo, Washington ou Londres. Le Japon a même convoqué l'ambassadeur algérien à Tokyo pour signifier son désaccord. Le ton de Paris, en revanche, a été radicalement différent: la France semble ménager l'Algérie, affiche son soutien et même sa "confiance" à son égard.

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"Nous n'avons pas encore tous les éléments mais, quand il y a une prise d'otages avec autant de personnes concernées et des terroristes aussi froidement déterminés, prêts à assassiner, ce qu'ils ont fait, leurs otages, un pays comme l'Algérie a les réponses qui me paraissent les plus adaptées", a notamment déclaré François Hollande, samedi. "Tout le monde a accablé l'Algérie mais les Algériens sont souverains chez eux", estime l'entourage du président. Les terroristes sont les seuls responsables du bain de sang d'In Amenas et de "l'assassinat" des otages, aux yeux de Paris.

Le Mali en filigrane

Y a-t-il là une volonté de ne pas froisser l'Algérie? "La solidarité était la première réaction normale de la France dans la mesure où l'Algérie était touchée par une prise d'otages", parmi lesquels figuraient de nombreux ressortissants algériens, répond une source diplomatique à l'Elysée. "Les ravisseurs qui en ont exécutés certains dès le début sont les mêmes que ceux qui mènent des attaques depuis des années dans le Sahel", souligne cette source. En Algérie... comme au Mali, où l'intervention militaire française se poursuit depuis dix jours.

Quand Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, lance qu'il "faut être implacable" avec les terroristes, le message est destiné aux hommes de Mokhtar Belmokhtar qui ont agi à In Amenas... mais aussi aux gangsters-djihadistes menés par d'autres émirs locaux dans les sables du nord du Mali. "Ce n'est assurément pas le moment de se fâcher avec l'Algérie, car on en a absolument besoin pour le Mali", résume un ministre cité par Libération.

L'imbrication des deux dossiers, Paris et Alger en parlent depuis des mois. "Des contacts ont lieu depuis des mois, par les canaux gouvernementaux", assure la même source diplomatique à l'Elysée. "Le Mali était au menu de la visite de Laurent Fabius en Algérie en juillet. Il était même au coeur de celle de François Hollande mi-décembre", ajoute-t-elle. A l'époque, le président français se félicitait d'avoir ouvert "une nouvelle page", "un nouvel âge" des relations si sensibles entre la France et l'Algérie. Un "tournant" salué par la presse et les autorités algériennes à l'époque.

>> Retrouvez notre dossier sur la visite de François Hollande en Algérie mi-décembre

"Il n'était bien sûr pas encore question de l'opération Serval, mais nous savions que l'Algérie serait partie prenante dans la question du Sahel", précise-t-on à l'Elysée. Ne serait-ce qu'en raison de la frontière algéro-malienne, qu'Alger a d'ailleurs décidé de sécuriser et de fermer la semaine dernière. Une ligne "illusoire" dont se jouent ces groupes islamistes depuis des années, rappelle Emmanuel Grégoire, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), cité par Le Monde. Le risque de les voir passer côté algérien, pour fuir l'opération Serval côté malien est élevé.

L'Algérie reste très jalouse de sa souveraineté

La France a aussi eu besoin de l'Algérie pour le survol du territoire algérien par les avions français, pour lequel le président Abdelaziz Bouteflika a donné son feu vert mi-janvier. Mais la décision d'Alger n'est prise "qu'en fonction des intérêts suprêmes de l'Algérie", a tenu à souligner dimanche soir Mohand Oussaid Bélaïd, le ministre algérien de l'Information interrogé par la chaîne de télévision France24. Et si l'Algérie a décidé de sécuriser et de fermer sa frontière, c'est parce que "la guerre" au Mali se trouve "aux portes de l'Algérie".

Le but est d'"éviter tout débordement" sur son propre territoire, a-t-il ajouté. Certainement pas de suivre une conduite dictée par la France, aussi prudente soit-elle dans les propos tenus à l'égard de son sourcilleux allié. Même si, rappelle-t-on à l'Elysée, "le ministre algérien ne peut ignorer que les intérêts souverains de l'Algérie sont liés à la situation régionale."

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