Bruxelles, bureau européen. La commission des affaires juridiques du Parlement européen a voté mercredi 19 juin en début de soirée la levée de l'immunité de Marine Le Pen. L'affaire porte sur des déclarations faites en 2010 par la future présidente du Front national, qui établissait alors un parallèle entre les prières de rue et l'occupation nazie.
Onze eurodéputés ont voté pour la recommandation, un contre, et quatre se sont abstenus. L'avis a désormais de grandes chances d'être confirmé lors de la session plénière de juillet, à Strasbourg. "Pour nous, il n'y pas de doute que l'immunité de Mme Le Pen doit être levée à la lumière la jurisprudence européenne", indique le rapporteur, l'élue suédoise Cecilia Wikström.
La France, et plus particulièrement le parquet de Lyon, avait demandé en novembre 2012 au Parlement européen cette lévée d'immunité parlementaire. "Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la seconde guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça, c'est une occupation du territoire", avait déclaré, à propos des prières de rue, celle qui était alors candidate à la succession de son père à la tête du Front national.
Lire le post de blog écrit en 2010 : Marine Le Pen et la "nouvelle occupation" : quand les recettes éprouvées font les meilleures soupes
ENQUÊTE PRÉLIMINAIRE POUR INCITATION À LA HAINE RACIALE
Ces propos avaient soulevé un tollé politique et le parquet de Lyon avait ouvert une enquête préliminaire pour incitation à la haine raciale, après le dépôt d'une plainte du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP). Mais l'ouverture d'une information judiciaire a surtout suivi une plainte déposée par le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) pour provocation à la discrimination, à la violence et à la haine envers un groupe de personnes en raison de leur religion.
La commission des affaires juridiques du Parlement devait examiner le dossier et donner un premier avis consultatif. Son rôle n'était pas de se prononcer sur le fond, mais sur les motivations qui ont conduit les autorités françaises à engager ces démarches. Si Mme Le Pen perdait son immunité parlementaire, elle connaîtrait le même sort que son ancien rival pour la présidence du FN, l'eurodéputé Bruno Gollnisch.
Ces dernières années, ce dernier s'est vu privé de son immunité parlementaire à deux reprises, après des propos qui avaient donné lieu à des poursuites en France. Cette procédure avait aussi touché Jean-Marie Le Pen en 1998, après une déclaration, un an plus tôt à Munich, où il avait assimilé les chambres à gaz nazies à un détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale.
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