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Une étude favorable au Mediator réalisée par des proches de Servier

INFO LE FIGARO - Financée par un projet de l'Union européenne dont plusieurs membres travaillent pour un groupe lié à Servier, elle identifie un impact positif potentiel du Mediator. Pendant ce temps là, l'instruction judiciaire avance et des tensions apparaissent à la tête du groupe pharmaceutique.

La revue scientifique américaine ACS Chemical Biology vient de publier un article à propos d'un nouveau mode d'action du benfluorex (le nom savant du Mediator). Cette publication réalisée par des chercheurs californiens explique avoir identifié un nouveau mécanisme d'action potentiel du Mediator afin de développer de nouveaux antidiabétiques. Cette étude a notamment été soutenue financièrement par un projet de l'Union européenne, baptisé Betabat et visant à développer de nouveaux traitements sur le diabète. Or, dans le consortium attributaire de ce projet européen, une bonne partie des membres académiques sont proches de l'International group on insulin secretion (Igis), un groupe lié... aux laboratoires Servier.

Ainsi le Dr Fred Levine, l'un des signataires de l'article est «principal investigator» chez Betabat. Le Pr Bernard Thorens, lui aussi «principal investigator» chez Betabat est par ailleurs membre du «board» de l'Igis. Le Dr Decio L. Eizirik, également «principal investigator» chez Betabat est intervenu lors d'un symposium Servier-Igis organisé à St Jean Cap Ferrat du 21 au 24 mars dernier. Même chose pour David Ron, Leif Groop et Sigurd Lenzen, tous trois «principal investigators» chez Betabat et intervenants lors de symposiums Servier-Igis. Une proximité que la publication scientifique ne mentionne pas.

Plus besoin de montrer que le Mediator était un coupe-faim

Du côté judiciaire, l'instruction menée à Paris devrait prendre fin en octobre. Le 20 juin dernier, Jacques Servier a une nouvelle fois comparu devant les juges parisiens en charge de l'affaire Mediator. Il a notamment déclaré: «Nous considérons n'avoir fait aucune faute dans cette affaire. D'abord ça va de soi. Ensuite ce n'était pas du tout notre intérêt. Le Mediator représentait 0,7% de notre chiffre d'affaire. Fait-on du machiavélisme avec 0,7 % du chiffre d'affaire? Ça heurte un peu le bon sens tout ça». Les juges lui ont fait remarquer que le montant du remboursement du Mediator s'est élevé en 2005 à 44,4 millions d'euros.

Jacques Servier est ressorti du bureau des juges une heure et demie plus tard avec une mise en examen clarifiée. Le dirigeant est désormais soupçonné de tromperie non seulement sur les «qualités subtantielles» mais aussi sur sur les «risques inhérents à l'utilisation du Mediator». Jusqu'à présent, seule la tromperie sur les qualités du Mediator paraissait concernée. Et ce n'est pas un détail: cette «clarification» de la mise en examen pourrait faire toute la différence lors du procès pénal à Paris. Car désormais, les juges reprochent surtout à Servier de n'avoir pas indiqué dès 1995 les effets secondaires du médicament aux patients et de ne pas l'avoir retiré du marché au moins en 1999. Désormais, nul besoin de démontrer que le Mediator était un anorexigène. La seule évocation de ses effets indésirables mortels compte.

Le N°2 de Servier a donné les comptes de l'entreprise à la justice

Par ailleurs, les PV d'audition de Jacques Servier et de son ancien pharmacien responsable, Alain Le Ridant (entendu lui le 21 juin dernier) montrent clairement que des scissions voient le jour au sein des hommes de tête du laboratoire. Ainsi, l'un comme l'autre «chargent»-ils Jean-Philippe Seta, le président opérationnel du groupe et bras droit de Jacques Servier. Ainsi, à propos d'une note rédigée en 1999 par Seta, le vieux dirigeant déclare: «Le défaut de cette communication est qu'on prend des positions trop radicales et pas assez nuancées. On y fait de l'autoritarisme intellectuel». Seta appréciera.

Enfin, preuve de l'atmosphère qui règne actuellement chez Servier et alors que les comptes du groupe ne sont pas publiés, Seta a fourni vendredi 21 juin à la chambre de l'instruction, les comptes de l'entreprise. Il demandait, ce qu'il a d'ailleurs obtenu, une révision à la baisse (soit à l'arrivée 380.000 euros) de son cautionnement judiciaire de 2 millions d'euros. Mis en examen le 14 mai, il a fait valoir que ce n'était pas à lui, qui perçoit par ailleurs 108.000 euros par mois, de verser cette caution mais à l'entreprise. Comme le laboratoire détient 1,9 milliard d'euros en titres et 470 millions d'euros de trésorerie (bilan consolidé au 30 septembre 2012), pourquoi devrais-je payer, a-t-il plaidé en substance. Jacques Servier appréciera.

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