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Les députés PS en ont ras le bol des couacs

Jean-Marc Ayrault lors des questions au gouvernement, mardi à l'Assemblée nationale. Sébastien SORIANO/Le Figaro

Les socialistes veulent clore au plus vite la querelle Valls-Duflot sur les Roms qui fait des ravages dans leur électorat.

«Le masochisme n'est pas une méthode de gouvernement!» Ce cri de colère vient de Annick Lepetit, porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale, d'habitude très mesurée dans ses propos. Mais là, c'en est trop. La coupe est pleine après le duel à ciel ouvert entre Manuel Valls et Cécile Duflot au sujet des Roms, après les deux ultimatums adressés en moins de quinze jours par les Verts au chef de l'État, après la pétition lancée par la Gauche populaire pour demander à Bercy de revoir sa copie en faveur des classes populaires dans le budget 2014. La députée de Paris a rappelé mardi qu'il «n'y a pas deux lignes» au sein du gouvernement mais une seule, sur les Roms comme sur le budget. «Assumons ce que nous faisons. Arrêtons de brouiller la cohérence de notre action par une expression désordonnée», a enjoint Annick Lepetit, à l'issue de la réunion hebdomadaire du groupe PS, au cours de laquelle l'affaire des Roms a encore fait des vagues entre partisans et adversaires du ministre de l'Intérieur.

«Les députés socialistes sont tenaillés entre exaspération et résignation», confie un élu de 2012, qui constate que sur le terrain «la question du pouvoir d'achat cristallise beaucoup de mécontentements». Olivier Dussopt (Ardèche) exprime un sentiment très répandu au groupe en déclarant que «beaucoup de députés en ont ras-le-bol qu'on leur donne des leçons de solidarité, quand les ministres sont les premiers à étaler des propos divergents». Sur un mode ironique, Thierry Mandon (Essonne), porte-parole du groupe PS, lance: «La rentrée scolaire, c'était il y a quinze jours. Que les ministres profitent de leur tribune pour taper les uns sur les autres, c'est du jamais-vu.» Proche du premier ministre, Olivier Faure (Seine-et-Marne) invite les ministres à «ne pas scier la branche sur laquelle ils sont assis».

« Cécile Duflot n'a pas respecté la solidarité gouvernementale.Elle se comporte comme une enfant gâtée »

Yann Galut (député PS du Cher)

Philippe Doucet, l'un des fondateurs de la Gauche populaire, témoigne: «Dans la tête des gens, ces couacs à répétition mettent en cause l'autorité que François Hollande doit incarner. C'est mal vécu sur le terrain.» Le député maire d'Argenteuil (Val-d'Oise) est l'un des rares députés à le dire. Mais son collègue Malek Boutih est plus sévère encore. «François Hollande a une majorité au forceps. Le problème de la gauche, c'est qu'elle n'a pas d'idéal, que la réduction des déficits n'est pas un idéal, et qu'il y a un malaise profond au sein du gouvernement», analyse le député de l'Essonne. Malek Boutih, qui considère que Manuel Valls «a servi de bouc émissaire sur un sujet marginal», dénonce, à l'instar de nombreux socialistes, l'attitude de Cécile Duflot: «Elle est sans doute une bonne manœuvrière mais elle n'a pas de densité.» «Les Verts sont une force artificielle, sans programme», ajoute Malek Boutih, qui considère même que ces alliés du PS deviennent «nuisibles par leur comportement».

La ministre verte du Logement devient une cible. «Cécile Duflot n'a pas respecté la solidarité gouvernementale. Elle se comporte comme une enfant gâtée», dénonce Yann Galut (Cher), qui rappelle la «jurisprudence Chevènement»: «Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne.» Yann Galut tacle encore: «Le problème de Cécile Duflot, c'est qu'elle n'a jamais été élue.»

Les députés PS, qui s'apprêtent à ferrailler avec les ministres de Bercy sur le pouvoir d'achat, veulent «clore l'affaire des Roms le plus vite possible». L'un d'eux prédit que la discussion budgétaire sera «un vrai chemin de croix» pour le gouvernement.

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