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Pouvoir d'achat : le malaise grandit à gauche

Conscient de l'impact de la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires sur le pouvoir d'achat des catégories populaires, François Hollande cherche une mesure de remplacement. VALERY HACHE/AFP

À l'approche des élections municipales et européennes, les socialistes redoutent de voir leur échapper une partie de leur électorat. François Hollande cherche une mesure pour redistribuer du pouvoir d'achat aux bas revenus.

La question est abrupte. C'est un député socialiste de premier plan qui la pose: «Voyez-vous aujourd'hui une seule raison pour que notre électorat se déplace et vote pour nous aux municipales et aux européennes?» Cette angoisse de perdre une partie de leurs électeurs, beaucoup la partagent au PS. Car, pendant leurs courtes vacances d'été, les députés n'ont cessé de se faire interpeller, sur les marchés ou en famille, sur un seul thème: que fait le gouvernement pour le pouvoir d'achat des catégories populaires? Celles qui ont largement participé à la victoire de François Hollande lors de l'élection présidentielle de 2012.

Cette question a récemment provoqué la résurgence du débat sur la défiscalisation des heures supplémentaires. Mais, ne pouvant donner l'impression de renouer avec la mesure emblématique du «travailler plus pour gagner plus» de Nicolas Sarkozy, et donc de se renier, François Hollande l'a vite refermé. «En supprimant la défiscalisation des heures supplémentaires, nous avons fait la même erreur qu'avec les 35 heures: une réforme cathédrale devant laquelle l'ensemble des socialistes sont invités à s'incliner sans réfléchir», s'agace un parlementaire. Devant ses proches, le président de la République le reconnaît: «Nous avons été trop vite sur la défiscalisation des heures supplémentaires.» Les sondages sont éloquents: 71 % des Français se disent «plutôt favorables à un retour à la défiscalisation (…), car cette mesure augmenterait le pouvoir d'achat des salariés et valoriserait le travail et l'effort», selon une enquête Ifop pour Sud-Ouest Dimanche.

Redistribuer du pouvoir d'achat aux bas revenus

La mesure permettait aux personnes qui en bénéficiaient de s'assurer un complément de revenu. Selon Camille Bedin, secrétaire générale adjointe de l'UMP, quelque 9 millions de salariés avaient ainsi gagné 500 euros net de plus par an. Or la disparition de ce revenu complémentaire a nourri le ressentiment des catégories populaires à l'encontre du pouvoir socialiste. D'autant qu'entre le crédit impôt compétitivité emploi (CICE) et la réforme des retraites, ce sont les entreprises qui ont pour l'instant bénéficié de l'ensemble des mesures de redistribution.

«Hollande a du pif, veut croire un député. Il sent monter le truc.» Le chef de l'État a demandé à Bercy de rechercher une mesure pour redistribuer du pouvoir d'achat aux bas revenus. «Une réflexion est en cours. Les arbitrages ne sont pas rendus», a assuré la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. Ils le seront à l'occasion de la présentation du budget 2014. À temps pour permettre aux socialistes de renouer avec l‘électorat populaire? «Cela ne nous évitera pas de grandes difficultés aux municipales et aux européennes», redoute un socialiste qui dit s'attendre, pour ces scrutins, «à une bérézina».

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427 commentaires
  • La Perouse17

    le

    Il va multiplier les pains et les poissons peut-être !!?? Quelle pitié !

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