POLITIQUE- Barbara Pompili et François De Rugy sont les co-presidents du groupe parlementaire d'Europe Ecologie Les Verts(EELV).

Barbara Pompili et François De Rugy, co-présidents du groupe EELV à l'Assemblée nationale, ne mâchent pas leurs mots pour critiquer le PS après l'épisode de Villeneuve-sur-Lot. "Le PS devrait faire attention à ne pas reproduire le même schéma" en vue des élections municipales de 2014, a mis en garde François de Rugy.

L'Express

C'est la faute des écolos, "si ma copine m'a plaqué", "s'il ne fait pas beau" et si François Hollande "ne sait pas mettre une cravate droite". N'en jetez plus! Au-delà de ces piques humoristiques postées par des internautes sur Twitter sous le mot-clé #CestlafautedEELV, il y a plus sérieux: de nombreux responsables d'EELV refusent de porter le chapeau, trois jours après l'élimination du candidat PS dès le premier tour de l'élection législative partielle de Villeneuve-sur-Lot.

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Et le ton se fait cassant voire menaçant. "Le PS ferait mieux de s'inquiéter de la montée du FN, ces marchands d'illusion", lance ainsi le député Noël Mamère, en réponse notamment aux critiques acerbes de Harlem Désir ou Bruno Le Roux.

Pour EELV, le PS s'est trompé d'analyse en reprochant au candidat écolo de s'être maintenu, nuisant ainsi aux chances du candidat socialiste en divisant l'électorat de gauche. RTL avance même que Jean-Marc Ayrault aurait demandé son retrait par un SMS adressé à sa Cécile Duflot. Sans effet.

Un PS trop autocentré?

"Quand on veut le rassemblement, il faut le construire", a estimé François de Rugy, coprésident du groupe écolo à l'Assemblée, critiquant vivement les socialistes et leur "mécano défensif auquel ils ont pensé après coup". Et en amont? Le PS "prépare ça tout seul dans son coin pour des raisons internes, règle des questions internes, par des procédures internes, puis ensuite il vient voir ses alliés potentiels, en leur disant: 'ralliez-vous à notre bannière, rangez-vous derrière nous!'. Ca ne peut pas marcher. Le PS devrait faire attention à ne pas reproduire ce schéma" en vue des élections municipales de 2014, a-t-il mis en garde.

La majorité parlementaire "ne marche pas" non plus, d'ailleurs, a déploré sa collègue Barbara Pompili, dans les couloirs de l'Assemblée. "Il faudrait anticiper les difficultés pour trouver un compromis avant le passage des textes en séance, via des rendez-vous réguliers comme les bureaux des groupes ou les présidents de groupes", recommande-t-elle. A l'inverse, la député EELV décrit un groupe socialiste trop "centré sur lui-même", trop occupé à "régler ses débats internes", avec notamment une aile gauche qui grogne régulièrement contre les tenants de la social-démocratie.

Depuis plus d'un an maintenant, "les socialistes se comportent comme s'ils avaient la majorité à eux seuls", ajoute-t-elle. Une attitude de plus en plus difficile à tenir après la succession d'échecs électoraux pour le PS: la majorité absolue ne tient plus qu'à 3 voix. Mais "chaque nouvel échec semble conduire le PS à vouloir renforcer son hégémonie pour être le seul et unique représentant de l'ensemble des forces composant la majorité", a regretté Pascal Durand, secrétaire national d'EELV, dans un communiqué.

Et au Sénat, comment la majorité à deux têtes fonctionne-t-elle? Bien mieux, si l'on en croit Jean-Vincent Placé. Le chef de file des sénateurs EELV sur le site du Monde, estime que le Sénat est "peut-être le seul endroit où l'harmonie règne avec nos amis socialistes". Histoire de faire front commun face à la fronde régulière des sénateurs Front de Gauche.

A quand la "ligne rouge"?

Alors que les désaccords se suivent (traité budgétaire européen, CICE, accord national interprofessionnel, "faiblesse de la politique écologiste", Notre-Dame des Landes...), EELV ne voit aucun souci de cohérence avec le fait de participer au gouvernement dont il critique vertement l'action. Pour Jean-Vincent Placé, "nous rendons plus service à François Hollande en lui demandant de changer de cap économique, social et écologique qu'en le soutenant béatement sans réserves", alors qu'à ses yeux, le président "s'éloigne du projet socialiste et de l'accord" passé entre les deux partis pendant sa campagne.

Ce partenariat PS-EELV peut-il encore tenir longtemps? La question se pose régulièrement aux écolos qui ont opté pour une ligne "plus exigeante" vis-à-vis des réformes, lors d'un conseil fédéral, il y a quelques semaines. Le texte voté soulignait "le refus d'écouter toute les composantes de la majorité". Le parti doit faire un bilan de sa participation à la majorité gouvernementale en août.

Alors que ce jeu d'équilibriste semble de plus en plus difficile à tenir, EELV aura aussi bientôt d'autres questions à régler. L'approche des élections municipales et européennes de 2014 et les discussions pour les investitures devraient réveiller les tensions entre écolos. Critiquer la surdité du partenaire socialiste à un avantage: mettre ses propres luttes internes en sourdine.

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