Budget 2014 : l'UMP dénonce un «trompe-l'oeil anti-croissance»

 

Budget 2014 : l'UMP dénonce un «trompe-l'oeil anti-croissance»

    François Hollande a salué ce mercredi le projet de loi de finances pour 2014, présenté en Conseil des ministres et aussitôt fustigé par l'opposition. Pour le président de la République, c'est sans aucun doute un «budget pour le retour de la croissance et pour l'emploi». Pour l'UMP, en revanche, ce n'est qu'un «trompe-l'oeil». Le coprésident du Parti du gauche, Jean-Luc Mélenchon, renchérit : «On n'a pas battu Sarkozy pour subir ça.» En pleine tourmente, les Verts affirment qu'ils voteront le budget par la voix de la coprésidente du groupe écologiste à l'Assemblée.

    Hollande salue «un soutien à la croissance et une réduction des déficits»

    Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, et son collègue délégué au Budget, Bernard Cazeneuve, vantent un projet qui prévoit un «effort d'économies sans précédent de 15 milliards d'euros» pour la dépense publique afin de maintenir le cap de la réduction des déficits sans pénaliser la croissance.

    Un effort sur lequel a insisté François Hollande, assure la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, à l'issue du conseil des ministres. «Le président a souligné que le budget faisait la part belle aux priorités que nous nous étions fixées : l'éducation, la sécurité, la préparation de l'avenir.» Il a «également souligné qu'en termes de recettes, nous respections notre engagement d'avoir des prélèvements obligatoires quasi stabilisés pour 2014 en attendant la stabilisation totale pour 2015». Il a jugé que ce budget «permettait à la fois d'avoir un soutien à la croissance et une réduction des déficits».

    L'UMP critique

    Un projet pas assez ambitieux selon Carrez. Le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Gilles Carrez, estime que «plusieurs centaines de milliers de Français» vont devenir redevables de l'impôt sur le revenu. Par ailleurs, il juge que la taxe annoncée sur l'excédent brut d'exploitation (EBE) des entreprises n'est «pas une bonne idée». Et «la réduction de déficit est vraiment très faible, puisque nous serons à 3,6 points de PIB, alors que l'estimation révisée pour l'année 2013 était de 3,7 points. La dette va continuer de s'accroître car nous risquons un accident à tout moment: nous sommes le premier emprunteur en euros et, si jamais malheureusement il y a une dégradation des conditions de financement, une augmentation des taux d'intérêt, le budget explose», s'inquiète encore le député-maire UMP du Perreux (Val-de-Marne).

    Un «trompe l'oeil anti-croissance» pour Pécresse. Selon la secrétaire générale déléguée de l'UMP et ex-ministre du Budget, ce projet «est un trompe-l'oeil parce qu'il n'y a pas d'économies dans ce budget. En réalité, on stabilise les dépenses, c'est des moindres hausses (...) Trop d'habileté dans le discours tue la crédibilité. C'est comme quand le gouvernement parle de pause fiscale: il n'y a pas de pause puisqu'il va y avoir 12 milliards d'euros d'impôts sur les ménages (...) Ce budget est un budget anti-pouvoir d'achat et donc un budget anti-croissance», accuse Valérie Pécresse sur France 2.

    Risque d'«effondrement», selon Lamour. «C'est un budget d'affaissement, voire d'effondrement. Les économies réellement attendues, cent fois inférieures au chiffre affiché par Bercy, sont infinitésimales par rapport aux efforts qu'il nous faudrait fournir pour seulement espérer remettre nos finances à flot», s'inquiète dans un communiqué le député UMP Jean-François Lamour, membre de la commission des Finances. Pour lui, «le gouvernement socialiste mise tout sur la pression fiscale, qui continuera d'augmenter l'année prochaine au-delà du supportable, pour les ménages comme pour les entreprises, étouffant l'économie et compromettant tout retour durable de la croissance».

    Mélenchon : «On n'a pas battu Sarkozy pour subir ça»

    «Le projet de budget 2014 ajoute 15 milliards d'euros de coupes budgétaires à la saignée de 20 milliards d'euros déjà engagée depuis le début du mandat de François Hollande», estime le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon. «On n'a pas battu Sarkozy pour subir ça. Il faut mettre fin à cette politique qui augmente sans cesse les souffrances du peuple et conduit au désastre économique, social et politique. Je forme le voeu que nos parlementaires, après avoir bataillé pour limiter la casse, votent pour finir contre ce budget, à moins d'obtenir son bouleversement. (...) Pour résister à l'austérité. Et pour rendre à notre pays le goût du futur», insiste-t-il dans un communiqué.

    Les communistes condamnent mais veulent rester dans le débat

    Les parlementaires PCF condamnent unanimement le budget qui se trouve selon eux «dans la lignée libérale et austéritaire qui prime à l'Elysée et à Matignon depuis le début de la législature», estime André Chassaigne, président (PCF) des députés Front de gauche. Sur fond de discorde avec Jean-Luc Mélenchon, les communistes s'interrogent toutefois sur la meilleure manière de livrer bataille. Les élus menacent de s'opposer au texte mais veulent cependant «peser» sur le débat parlementaire à venir. «Nous avons besoin de le décrypter pour voir comment nous pouvons proposer des solutions», explique Eliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat, qui plaide notamment pour un dégel du barème de l'impôt sur le revenu. Après l'abstention des communistes l'an dernier, «je crois que cette année il faut aller un peu au-delà de ça», pense lui Michel Billout, sénateur de la Seine-et-Marne.

    Les Verts prudents

    Pompili : «On votera ce budget». La co-présidente du groupe écologiste a réagi prudemment aux mesures proposées. «Si ce qu'a été annoncé par le président de la République, notamment lors de la conférence environnementale, se confirme, oui, on votera le budget», assure Barbara Pompili. Et de détailler : «Car il y a enfin un début de fiscalité intelligente qui repose sur la pollution mais pas sur le travail. On a enfin des orientations claires sur la consommation d'énergie, une baisse de la TVA sur la rénovation énergétique des bâtiments. Ce sont des signaux qui sont positifs. Même si ça ne va pas aussi loin qu'on le voudrait, nous sommes dans une majorité, nous avons des partenaires : cela veut dire qu'il faut faire des compromis.» Ce qu'a refusé de faire Noël Mamère qui a claqué ce mercredi matin la porte du d'Europe Ecologie - Les Verts.