François Hollande doit jongler avec deux objectifs a priori contradictoires: montrer qu'il entend les opposants, tout en soulignant qu'il veut mener à son terme la réforme du mariage pour tous.

La prestation télévisée de François Hollande jeudi soir sur France 2, n'a pas convaincu les éditorialistes, de droite comme de gauche, qui l'ont jugée pour beaucoup "fade".

L'Express

La prestation télévisée de François Hollande jeudi soir sur France 2, n'a pas convaincu les éditorialistes, de droite comme de gauche, qui l'ont jugée pour beaucoup "fade".

Publicité

>> A lire aussi:

-

-

-

"Nul ne s'attendait à des annonces fracassantes", souligne ainsi Eric Decouty dans Libération, mais l'intervention télévisée du président s'est révélé "souvent fade, presque banale" et a été marquée par une "absence de pédagogie" et "une étonnante confiance" au regard de la situation économique et sociale. "Jusqu'ici tout va mal" titre d'ailleurs ironiquement en Une, le quotidien de gauche, vendredi matin.


Un président "sourd à la colère larvée qui parcourt le pays"

"Les millions de téléspectateurs de France 2, hier soir, ne caressaient pas d'illusions en écoutant François Hollande", renchérit Patrick Apel-Muller, du quotidien L'Humanité. "Mais l'exercice de pédagogie soigneusement préparé par les experts de l'Élysée a semblé tourner à vide" et le président "sensible aux appels des milieux patronaux ou conservateurs" reste en revanche "sourd à la colère larvée qui parcourt le pays".

Paul-Henri du Limbert du Figaro enfonce le clou: "l'Élysée avait prévenu : il ne fallait pas attendre monts et merveilles de l'intervention télévisée du chef de l'État. On ne peut lui donner tort. Fidèle à sa manière, le chef de l'État n'a pas dit un mot plus haut que l'autre, et il a expliqué en substance qu'une politique qui ne marche pas peut, qui sait, marcher un jour".

Pour de nombreux éditorialistes, le chef de l'Etat ne s'est tout simplement pas montré à la hauteur de la situation, car, comme le résume Jean-Michel Servant, du Midi Libre, il lui "manque encore l'essentiel pour vaincre la crise : l'audace du combattant".

Un "Monsieur bricolage" qui dispose de "petits tournevis et de clous de tapisserie" inutiles

"Contre la crise qui ravage tout sur son passage, François Hollande s'arme, dit-il, d'une nouvelle 'boîte à outils'", ironise de son côté l'éditorialiste du Figaro, mais le président dispose de "petits tournevis" et de "clous de tapisserie, quand il faudrait des ponceuses et des rabots". "Cela fait un peu 'Monsieur Bricolage'", s'amuse de son côté Jean-Pierre Ténoux de l'Est Républicain, qui juge que François Hollande "est resté comme toujours prévisible". "Pour le président, 'la boîte à outils' existe, il suffit d'un peu de patience pour obtenir des résultats. Mais les Français n'en ont plus", assène Hubert Coudurier, du Télégramme.

Tout cela ne constitue ni "un tournant du quinquennat", "ni le 'changement de braquet' attendu par la gauche du PS", déplore encore Hervé Favre, éditorialiste à la Voix du Nord. "Une fois encore", François Hollande "n'a pas écouté les conseils de ceux qui lui suggéraient de renverser la table et d'annoncer des mesures fortes", analyse Bruno Dive, du journal Sud-Ouest. "Il s'est contenté d'ajuster la nappe, de déplacer quelques couverts... Du pur Hollande".

"Quand la terre tremble", note enfin Dominique Jung, journaliste aux Dernières Nouvelles d'Alsace, "il est difficile de se passionner pour le réaménagement de la cuisine et du salon, aussi pertinent soit-il. C'est le drame de cette présidence", conclut-il.

Publicité