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Retraite : Hollande ferme la porte à une grande réforme dans le public

François Hollande s'exprimait jeudi devant les partenaires sociaux en ouverture de la conférence sociale, au Palais d'Iéna, à Paris. BERTRAND GUAY/AFP

« La réforme ne doit pas ajouter une peur à une autre », a-t-il martelé, excluant tout nouveau report de l'âge légal de départ au-delà de 62 ans.

Ouvrir un nouveau front dans la bataille de l'emploi tout en refermant les portes dangereusement ouvertes sur les retraites, c'est ce à quoi s'est attelé François Hollande lors du coup d'envoi jeudi de la deuxième grande conférence sociale. Sur les retraites, le président a confirmé ce qu'il avait déjà dit dimanche soir sur M6. «La réforme ne doit pas ajouter une peur à une autre», a-t-il martelé, excluant tout nouveau report de l'âge légal de départ au-delà de 62 ans.

Tout en réaffirmant sa préférence pour un allongement de la durée de cotisation, le chef de l'État a également verrouillé la porte d'un rapprochement des modes de calcul des pensions du public et du privé. Au motif que, malgré une différence à l'avantage des fonctionnaires et des salariés des régimes spéciaux (une pension calculée sur les six derniers mois de traitement pour les fonctionnaires et non sur les 25 meilleures années), les taux de remplacement sont «identiques». Mieux, l'évolution de ce ratio (pension rapportée au dernier salaire) serait «défavorable depuis plusieurs années» aux agents de l'État. Un enterrement de première classe qui n'a pas échappé aux syndicats. «Si cela est vraiment confirmé, nous nous en réjouirons», a réagi Jean-Claude Mailly, le patron de FO.

Outre de calmer le jeu sur les retraites, l'objectif du chef de l'État était aussi de montrer «la mobilisation» gouvernementale pour lutter contre le chômage. Notamment en déclarant la guerre aux emplois non pourvus. «Chaque année, entre 200.000 et 300.000 recrutements engagés sont abandonnés en cours de route faute de candidat qualifié, s'est plaint François Hollande. Il faut donc former rapidement et massivement les demandeurs d'emploi pour qu'ils répondent à ces offres non pourvues». Le président reprend ici une idée déjà évoquée dimanche sur M6: pourvoir «par tous les moyens» 100.000 postes vacants «à très court terme».

« Si je ne devais retenir qu'un seul enjeu, c'est celui de l'emploi, c'est un défi qui nous concerne tous. Plus de 10 % de la population active privée d'emploi... c'est un gâchis pour l'économie »

François Hollande

Charge aux partenaires sociaux de trouver comment.

Déterminé également à inverser la courbe du chômage «pas un mois, pas deux mois mais durablement», à partir de la fin de l'année, François Hollande a ouvert les emplois d'avenir aux «jeunes qualifiés» des quartiers sensibles alors qu'ils étaient jusqu'alors exclus de ce dispositif. À fin juin, 33.000 ont été conclus, soit un tiers de la cible visée au 31 décembre. Il a aussi fixé des objectifs en matière d'apprentissage.

Formation professionnelle

Mais le gros du discours du chef de l'État sur l'emploi a porté sur la réforme de la formation professionnelle sur laquelle devront s'entendre les partenaires sociaux avant la fin de l'année. Le système est «trop opaque, trop concentré sur les salariés déjà qualifiés, trop dispersé». Résultat, les 32 milliards d'euros dépensés chaque année ne touchent pas leurs cibles: les chômeurs ne concentrent que 13 % des dépenses et les salariés des PME accèdent trois fois moins que ceux des grandes sociétés à des formations.

Sur le sujet, François Hollande appelle syndicats et patronat à «revenir à l'esprit de la grande loi de 1971», rédigée par Jacques Delors. Son objectif? «Clarifier le rôle de chacun». À l'État la définition du cadre légal, aux régions - que beaucoup voudraient voir sortir de la boucle - le soin de former les jeunes, et aux partenaires sociaux la fixation au sein des entreprises.

Mis à part la CGT qui n'a pas été «rassurée sur la préoccupation première des Français qui est leur salaire», les syndicats sont restés prudents dans leurs commentaires. «La conférence sociale ne fait que commencer», a résumé Laurent Berger, le numéro un de la CFDT. «Il faut maintenant que cela se traduise en actes», a abondé Jean-François Pilliard, le futur vice-président du Medef en charge du social à compter du 3 juillet.

Reste à Jean-Marc Ayrault, qui conclura cet après-midi la conférence, à tenir le même discours que le président. L'année dernière, le premier ministre s'était éloigné de la ligne fixée la veille par le chef de l'État, provoquant une colère noire du patronat.

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