François Hollande tient jeudi sa deuxième grande conférence de presse, au lendemain d'une journée noire où la France est officiellement entrée en récession, et aura bien du mal à remonter le moral des Français, dont le pouvoir d'achat a subi une baisse record.

François Hollande tient jeudi sa deuxième grande conférence de presse, au lendemain d'une journée noire où la France est officiellement entrée en récession, et aura bien du mal à remonter le moral des Français, dont le pouvoir d'achat a subi une baisse record.

L'Express

"C'est moi qui paie!": ce 21 février, François Hollande s'offre l'une de ses si rares escapades entre copains. Sa voiture quitte discrètement l'Elysée, par une sortie dérobée située dans les jardins. Il part déjeuner avec Bernard Poignant, maire de Quimper et conseiller au Château, et le journaliste Ivan Levaï.

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Le président n'avait plus mis les pieds depuis des mois au Récamier, restaurant fréquenté par le Tout-Paris littéraire et mondain, à deux pas du boulevard Raspail. La petite bande n'est accompagnée que d'un officier de sécurité. Elle s'installe à une table, sous le regard interdit des clients. Le chef de l'Etat avale ses huîtres et dévore un soufflé au chocolat. Le philosophe Régis Debray, assis non loin, vient le saluer.

A la fin du repas, le patron des lieux, Gérard Idou, invite François Hollande à faire un petit tour en cuisine. Là, les commis veulent tous une photo avec l'intrus. Clic, clac. Quand François Hollande sort enfin du restaurant, deux heures ont passé. Il remonte, guilleret, dans sa voiture.

En arrivant devant l'Elysée, il a un éclair: "Zut, on est partis sans payer!" Il se tourne vers Bernard Poignant: "Appelle tout de suite le restaurant pour nous excuser et envoie-leur un chèque!" Puis d'ajouter, penaud: "Mais, la prochaine fois, c'est moi qui paie, promis."

Malin et radin, François Hollande?

Non, plutôt du genre tête en l'air et les poches vides, rapportent ses collaborateurs, anciens ou actuels. "Il est tout le temps en train de chercher son chéquier ou sa Carte bleue, qu'il égare", rapporte l'un. Il n'a jamais de liquide sur lui. "Il taxe souvent ceux qui l'accompagnent pour acheter le journal ou des petites choses, mais il n'est pas vénal, ajoute un autre. En réalité, il se fiche pas mal de l'argent."

Le lucre l'intéresse bien moins que le pouvoir. "Il ne fréquente pasles patrons du Cac 40 dans des dîners", souligne son ami, le fiscaliste Dominique Villemot.

Ce qui ne l'empêche pas d'en tenir certains en grande estime, comme l'industriel Louis Gallois. "Il aurait pu devenir riche, renchérit le ministre de l'Emploi, Michel Sapin. Le PDG d'Axa, Henri de Castries, camarade de lapromo Voltaire comme nous, est l'exemple même du type de parcours qu'il aurait pu faire. Mais la passion de Hollande a toujours été la chose publique."

Un conseiller de l'Elysée l'assure: "S'il trouve 10 euros dans la rue, François Hollande est capable d'aller au commissariat pour les rapporter, dit-il. C'est pourquoi l'affaire Cahuzac l'a mis dans un tel état de sidération. Il ne s'est pas méfié, c'était en dessous de ses radars."

Un patrimoine évalué à 1,17 million d'euros

Au cours de sa carrière, le futur chef de l'Etat n'a connu qu'une seule expérience dans le privé. C'était comme avocat en 1993, après la bérézina de la gauche aux législatives. Il passe six mois dans le cabinet d'un proche, Me Jean-Pierre Mignard. Il récupère des dossiers de succession ou d'évaluation patrimoniale. "Ce n'était pas particulièrement lucratif pour lui", se souvient Me Mignard. Bientôt, il retourne avec soulagement dans l'arène politique.

En Corrèze, il écume les routes à bord d'une vieille Ford Escort bleue, qu'il laisse à la gare de Limoges quand il prend le train pour la capitale. A Tulle, il dort dans une simple piaule aménagée dans sa permanence (chambre qu'il n'utilise plus, mais qu'il loue toujours). En arrivant à l'Elysée, le socialiste a déclaré un patrimoine évalué à 1,17 million d'euros. Aucune action, pas de bijou ni de voiture de luxe. Des parts dans des appartements à Cannes. Une maison à Mougins (Alpes-Maritimes).

Très tôt, Hollande a pris conscience du profit qu'il pouvait tirer de sa modération, aux yeux d'une opinion publique chauffée à blanc par les scandales politico-financiers et par la collusion des élites.

A l'approche de la présidentielle de 2007, il part dans une croisade contre ces fameux riches, qu'il "n'aime pas". Ségolène Royal lui reprochera cette initiative solitaire. Il veut, en outre, que l'on mette un terme aux baisses d'impôts des contribuables gagnant plus de 4 000 euros par mois. "J'ai regretté qu'on ne mène point la confrontation sur ce terrain, nous avions plus à gagner qu'à y perdre", écrira-t-il en 2009 dans Droit d'inventaires (Seuil), pressentant l'aubaine du combat contre le bouclier fiscal.

Un candidat "normal" s'oppose au président des riches

Puis, à la fin de 2010, il se pose en candidat "normal" pour se placer aux antipodes de Nicolas Sarkozy, le "président des riches", ce qui lui permet également de prendre ses distances avec le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn.

Au Bourget, en janvier 2012, il a des trémolos dans la voix en confiant son "secret" aux foules socialistes : "J'aime les gens, quand d'autres sont fascinés par l'argent." Dès son arrivée à l'Elysée, il baisse le salaire du chef de l'Etat de 30 %, fidèle à cette vogue porteuse. Mais sa réputation vient d'être entachée, quand les journalistes du réseau Offshore Leaks révèlent que le trésorier de sa campagne présidentielle, l'entrepreneur Jean-Marc Augier, possédait des parts dans des sociétés enregistrées aux îles Caïmans. "Je ne connais rien des investissements de Jean-Marc Augier", s'est défendu le président-qui-n'aime-guère-l'argent, mais qui soudain n'a pu dissimuler un ami riche.

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