Jean-Marc Ayrault a assuré dimanche à La Rochelle que la future contribution climat-énergie annoncée jeudi par le ministre de l'Ecologie, Philippe Martin, ne "modifierait pas le niveau des prélèvements" fiscaux en France

Jean-Marc Ayrault s'exprimait ce vendredi lors du Congrès de l'ADF, tenu à Lille. Un discours auquel les présidents de droite et du centre, partis hier, n'ont pas assisté.

afp.com/Jean-Pierre Muller

Situation étrange ce matin pour Jean-Marc Ayrault. Attendu au congrès de l'Assemblée des Départements de France (ADF) qui réunit à Lille les présidents et conseillers des départements français depuis mercredi, le Premier ministre s'est exprimé devant une assemblée essentiellement composée des présidents des départements de gauche. Jeudi, les présidents de droite et du centre ont décidé de quitter le congrès et annoncé qu'ils ne verseraient plus leurs cotisations à l'assemblée.

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Un véritable bouleversement par lequel Bruno Sido entend montrer la "résistance" du groupe droite, centre et indépendants (DCI) qu'il préside. Il dénonce le "désengagement financier" de l'Etat, la réduction des dotations aux départements et la "complaisance" des élus socialistes, n'hésitant pas à parler de "copinage" au sein des départements. François Sauvadet, président Nouveau Centre du conseil général de la Côte-d'Or, explique ainsi que sur les 10 départements qui ont bénéficié des meilleurs crédits financiers de l'Etat, 9 sont socialistes. Bruno Sido attaque aussi le projet de binôme imposé par le gouvernement. Dans les prochains cantons, les représentants seront élus deux par deux, un homme et une femme.

L'ADF s'est donc scindée en deux groupes, que l'allocution du Premier ministre n'aura pas réussi à réconcilier. Après son discours, Jean-Marc Ayrault a qualifié ce départ d'"opération purement politicienne, qui ne correspond à aucune réalité". "On ne peut pas demander à la fois la suppression des départements et dire qu'on ne leur donne pas assez d'argent. Il faut choisir", a-t-il poursuivi, cinglant.

"L'ADF ne peut pas être le porte-parole du gouvernement"

Les présidents de droite et du centre sont "en colère". "L'ADF doit défendre les départements, pas soutenir les gouvernements", explique Bruno Sido. "Quand l'expression de ceux qui sont majoritaires devient l'expression de la majorité, alors on claque la porte et on suspend nos cotisations", ajoute François Sauvadet. Le départ de son groupe est alors "un appel pour que les collègues de gauche sortent de leur posture politicienne pour se faire l'interprète des besoins des populations".

De là à boycotter le discours de Jean-Marc Ayrault ce vendredi? "Je ne vais pas croiser les bras devant le premier ministre qui méprise son opposition. Il ne nous répond même pas au Parlement", lâche François Sauvadet. Après le départ des présidents de droite, certains à regret, leurs conseillers ont été chargés de représenter le groupe minoritaire.

Une décision que Marie-Françoise Pérol-Dumont, présidente du groupe socialiste à l'ADF, juge "regrettable": "Il aurait été opportun que nos collègues présidents de droite entendent l'allocution du premier ministre". Et de déplorer le "changement de cap" des présidents, qui avaient salué les avancées du gouvernement, notamment le transfert de l'Etat relatif à l'impôt foncier sur le bâti, avant de décider, "sur injonction de leur famille politique, de quitter le congrès et de l'instrumentaliser".

Pour tenter de résoudre cette impasse, Claudy Lebreton, président de l'ADF rencontrera la semaine prochaine Bruno Sido dans une démarche de négociation. Pour le président du groupe DCI, il s'agira de "faire en sorte que l'ADF repose sur la majorité et sur l'opposition". En attendant cet entretien, Marie-Françoise Pérol-Dumont "appelle (s)es collègues à la raison et à l'union nécessaire".


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