Retour de la peste brune redouté

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GenèveRetour de la peste brune redouté

La mort d'un militant de gauche jeudi à Paris interpelle au bout du lac. Des liens unissent les mouvements d'extrême droite français et genevois.

Raphaël Leroy
par
Raphaël Leroy
Serge Ayoub (centre) est le leader des Jeunesses nationalistes révolutionnaires dissoutes samedi par le Gouvernement français.

Serge Ayoub (centre) est le leader des Jeunesses nationalistes révolutionnaires dissoutes samedi par le Gouvernement français.

«Nous appelons à la vigilance. A Genève aussi, des groupes néonazis véhiculant les mêmes idéaux que ceux qui ont tué Clément Méric à Paris existent.» Ces propos sont signés Johanne Gurfinkiel, secrétaire de la Cicad, qui se bat contre l'antisémitisme. Pour lui, la mort de ce jeune militant d'extrême gauche jeudi n'est pas anodine.

«On ne peut plus ne rien faire»

«Il existe non seulement une proximité idéologique entre les groupuscules d'extrême droite français et genevois, mais également des liens et contacts. Nous avons d'ailleurs constaté une présence genevoise dans des manifestations d'extrême droite en France. Malheureusement, on ne veut pas le voir.»

Rassemblés vendredi aux Cropettes en hommage à Clément Méric, les militants d'extrême gauche confirment. «L'un des chefs de file de Genève non conforme (GNC) (ndlr: un groupe d'extrême droite) était en tête d'un cortège anti-mariage gay, note l'un d'eux. Nous savons qu'ils montent de plus en plus souvent à Paris. On ne peut plus ne rien faire.» Il relève que de nombreuses agressions ont eu lieu ces derniers mois avec, en point d'orgue, celle survenue aux Bastions lors de la Fête de la musique l'an passé.

Maudet: «pas d'agitation particulière»

Si le conseiller d'Etat chargé de la Sécurité, Pierre Maudet, rappelle que la dissolution d'organisations est de compétence fédérale, il reste attentif. «La police suit en permanence et avec attention l'activité éventuelle de divers groupuscules de mouvances extrêmes, à Genève. En l'état, rien ne permet de relever une agitation particulière dans ce domaine.»

Contacté, GNC n'a pas répondu à nos mails.

Politiciens aux messages haineux

Une soixantaine de personnes ont manifesté à Lausanne, samedi, en la mémoire de Clément Méric. Mais le décès tragique de l'étudiant français n'a pas suscité que des réactions d'indignation en Suisse. Sur Facebook, Raphaël Henry, du Mouvement citoyen vaudois, et l'UDC Dominique Baettig ont partagé des statuts de fort mauvais goût. «Il est mort comme il a vécu: dans la haine», peut-on lire. Contacté dimanche, le Jurassien a fait marche arrière. «Je me désolidarise des appels à la haine», a-t-il lancé.

apn

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