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École : un nouveau genre de programme

Vincent Peillon, ministre de l'Éducation nationale, et Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, ce lundi à Villeurbanne. PHILIPPE DESMAZES/AFP

Les controversés « ABCD de l'égalité », censés lutter contre le sexisme, arrivent dans 600 classes.

Les «ABCD de l'égalité» arrivent dans les classes de primaire. Le lancement a eu lieu ce lundi en grande pompe dans une école de Villeurbanne par le ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon, et sa collègue des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, qui portent conjointement cette expérimentation.

Au total, dix académies volontaires*, soit plus de 600 classes, sont concernées par ce dispositif visant à «déconstruire les stéréotypes de genre» et à «transmettre, dès le plus jeune âge, une culture de l'égalité et du respect entre les filles et les garçons, en agissant sur les pratiques des acteurs de l'éducation et sur les préjugés des élèves». Objectifs affichés: sensibiliser les élèves aux représentations et aux rôles assignés aux filles et aux garçons, et agir ainsi sur les orientations professionnelles que l'on sait sexuées.

Une initiative qui, pour la ministre des Droits des femmes, s'inscrit dans une démarche plus globale se proposant d'agir sur les mentalités, et dont l'école est un volet. Avant même d'avoir été lancée, l'expérimentation a déjà fait couler beaucoup d'encre, jugée nécessaire par certains, creuse pour d'autres, ou encore purement idéologique. Ainsi l'Observatoire de la théorie du genre, créé l'année dernière sur fond d'adoption de la loi sur le mariage gay par Olivier Vial, président du syndicat de droite UNI, invite-t-il à la vigilance. Tout comme des responsables de l'Association des familles catholiques (AFC), qui craignent à l'école une démarche de déconstruction des repères transmis par les parents.

Des heures de formation spécifiques

En 2014, plusieurs milliers d'élèves, de la maternelle au CM2, feront l'apprentissage de cette égalité, via des séquences pédagogiques mises en œuvre par les enseignants. En amont, ces derniers ont suivi, de septembre à la Toussaint, des heures de formation spécifiques les appelant à s'interroger sur leurs pratiques et à comprendre dans quelle mesure celles-ci ne pourraient pas contribuer à faire vivre les stéréotypes à l'école.

En juillet dernier, un rapport de l'Inspection générale de l'Éducation nationale, expliquant notamment que les enseignants n'avaient pas les mêmes attitudes à l'égard des deux sexes, concluait à une école entretenant les inégalités, malgré le volontarisme affiché. En cause, selon ses auteurs: notre tradition républicaine elle-même, qui peinerait à «voir des garçons et des filles, pour ne considérer que des élèves dans une conception désincarnée de l'égalité». Pour aborder la question dans les classes, les enseignants peuvent également s'appuyer sur un espace Internet dédié, ouvert le 1er octobre dernier par les deux ministères, où sont proposés «ressources» et «outils».

Exemples: cette séquence pédagogique autour des «représentations esthétiques de l'enfant, de la femme et de l'homme» au fil des siècles, du portrait par Rigaud de Louis XIV portant des talons hauts, au smoking pour femme d'Yves Saint Laurent en 1966 ; ou cette réflexion sur «la figure de la belle» dans les contes. Objectifs: démontrer aux enfants que les notions de féminin et masculin évoluent suivant les sociétés et les époques.

Pour les deux ministères, le but est de «sensibiliser les élèves aux représentations, aux rôles assignés aux filles et aux garçons» et d'aider les enseignants dans cette tâche en offrant «des entrées au sein de programmes officiels existants: sciences, éducation physique et sportive, maîtrise de la langue, histoire…». Ces séances autour de l'égalité peuvent donc être déclinées dans l'ensemble des disciplines, en fonction des choix de l'enseignant.

L'expérience sera évaluée au printemps 2014, avant d'être progressivement généralisée si elle se révèle concluante.

* Bordeaux, Clermont-Ferrand, Créteil, la Corse, la Guadeloupe, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz, Rouen, Toulouse.

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221 commentaires
  • greg752711

    le

    "sensibiliser les élèves aux représentations, aux rôles assignés aux filles et aux garçons"
    C'est d'un ridicule fini. Madame Bertinotti stigmatisait les femmes qui faisaient coiffeur, oubliant que les grands noms de la coiffure sont des hommes...
    C'est identique avec les couturiers. Leur République ne veut pas promouvoir l'égalité des chances, mais l'égalité des réussites, nuance.

  • pat33460

    le

    Un conseil d'ami dans la communication il faut éviter de promouvoir des opinions négatives. Par exemple ne pas dire je suis contre la théorie du genre mais je suis pour l'interdiction de la théorie du genre à l'école. Vous allez me déclarer c'est la même chose et vous avez raison mais vous évoquer du négatif dans votre propos mais par contre quand vous dites je suis pour l'interdiction de la théorie du genre vous évoquez un propos positif et ce qui est positif est mieux perçu par vos interlocuteurs quels qu'ils soient. Ca n'a pas l'air comme ça mais c'est très important.

  • Papatito

    le

    Prochaine étape :égalité enfants-parents ,juste pour finir de détruire le peu d'autorité qu'il vous reste sur l'éducation de vos enfants

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