L'une des deux militantes de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), qui avait porté plainte assurant avoir été agressée à Paris, a reconnu devant les enquêteurs avoir tout inventé, a-t-on appris lundi 4 novembre de sources proches du dossier.
Cette militante, étudiante à l'université de Nanterre, avait porté plainte, expliquant avoir été bousculée le 21 octobre dans le quartier de la Bastille, insultée et menacée : "On va te violer, sale Arabe. On sait où t'habites, sale gauchiste", lui aurait lancé son agresseur, selon un porte-parole du syndicat. Elle est convoquée prochainement devant la justice pour "dénonciation de délit imaginaire", a précisé l'une des sources.
L'"agression" qu'elle avait dénoncée faisait suite à une autre survenue quatre jours plus tôt, visant également une militante de l'UNEF, étudiante à Paris-I, prise à partie en bas de chez elle, traitée de "sale gauchiste" et blessée au visage et à la gorge à coups de cutter, ce qui avait entraîné son hospitalisation, dans un contexte tendu entre les militants de ce syndicat de gauche et des organisations d'extrême droite. L'examen médical avait bien confirmé l'agression.
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L'annonce de ces agressions successives avait soulevé l'inquiétude au sein de l'UNEF. Mais près d'une semaine après le dépôt de la seconde plainte, les enquêteurs du 3e district de la police judiciaire chargés de l'affaire ont convoqué l'étudiante de Nanterre. Elle a alors avoué aux policiers avoir "inventé cette histoire" et a été placée en garde à vue quelques heures, selon une source proche de l'enquête. Aux enquêteurs, elle a ainsi expliqué son mensonge par la volonté de donner plus d'ampleur à l'agression de sa camarade de Paris-I.
Interrogé lundi par Le Monde, un porte-parole de l'UNEF s'est dit surpris de ce mensonge, précisant : "On a relayé ses propos car nous n'avions aucune raison de douter de la parole de cette jeune militante." L'étudiante, elle, n'a pas souhaité répondre au téléphone aux journalistes.
Dans un communiqué publié dans l'après-midi, le syndicat étudiant a condamné "avec force", si le mensonge était avéré, "un acte isolé et incompréhensible qui met en danger les victimes réelles d'agression politique en faisant peser le doute sur leur parole. Les auteurs d'agressions et d'intimidations, notamment issus de réseaux d'extrême droite, ne demandent pas mieux".
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