Otages : la France aurait versé 20 à 25 millions d'euros, l'Elysée dément

 

Otages : la France aurait versé 20 à 25 millions d'euros, l'Elysée dément

    «Pas d'argent public versé». Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué mercredi qu'aucun «argent public» n'avait été versé pour la libération des quatre Français retenus depuis septembre 2010 au Sahel par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Maic le chef de la diplomatie a refusé de se prononcer sur des versements d'argent d'un groupe privé. Interrogé sur cette hypothèse sur le plateau de la chaîne de télévision TF1, il a répété : «pas d'argent public versé».

    Comme souvent après la libération d'otages, les interrogations se multiplient sur le versement de rançon. D'après une source proche des négociateurs nigériens, entre 20 et 25 millions d'euros ont bien été versés. Selon une autre source touareg interrogée par l'AFP, l'impunité a de plus été garantie au chef du groupe islamiste armé Ansar Dine (Défenseurs de l'islam).

    La somme de 20 à 25 millions d'euros aurait servi à payer les ravisseurs ainsi que les intermédiaires qui, sur le terrain, ont joué un rôle important pour obtenir ces libérations. La source n'a pas précisé d'où provenait l'argent. Selon le journal «Le Monde», il a été prélevé sur «les fonds secrets alloués aux services de renseignement». La somme aurait été acheminée par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) jusqu'à Kidal, au Mali, puis remise à Mohamed Akotey, président du conseil d'administration de la société Imourarène, une filiale d'Areva, et par ailleurs ancien chef rebelle. Grâce à ses relais au nord du Mali, cet homme de confiance du président du Niger Mahamadou Issoufou a joué un rôle clé dans les négociations. La France n'aurait ainsi pas «directement» versé de rançon aux ravisseurs.

    Une rançon... et l'impunité pour un chef islamiste?

    Selon un médiateur malien qui avait participé aux négociations pour la libération, début 2011, de trois otages enlevés en même temps que les quatre Français libérés mardi, «13, 5 millions d'euros» avaient alors été payés. «Donc pour moi, entre 20 et 25 millions d'euros c'est un bon chiffre», a-t-il affirmé.

    «Ce qui a fondamentalement pesé, c'est le sort politique ou disons le sort tout court d'Iyad Ag Ghaly, qui veut qu'on le laisse tranquille, qu'il n'y ait pas de poursuites judiciaires contre lui et plusieurs autres de ses proches»  a également affirmé mercredi une source touareg. Ancien rebelle touareg des années 1990 au Mali devenu islamiste, Iyad Ag Ghaly, leader d'Ansar Dine, l'un des mouvements armés ayant occupé le nord du Mali en 2012 avec Aqmi et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), n'a plus été vu au Mali depuis le début, en janvier, de l'intervention française dans ce pays contre les islamistes. «Je crois que cette assurance lui a été donnée», a déclaré cette source proche du dossier.

    «La France ne paie pas de rançon, c'est clair et net»

    «Ce que je peux vous dire c'est que la France ne paye pas de rançon, c'est clair et net», avait affirmé plus tôt Laurent Fabius sur Europe 1. «La consigne du président (François Hollande) est de ne pas payer de rançon, cette consigne est respectée», avait-il répété sur RTL. «Nous n'avons pas changé de politique à l'égard des rançons», a ajouté la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem à l'issue du Conseil des ministres ce mercredi.

    Même tonalité du côté de l'entourage de François Hollande, pour qui «la France ne verse pas de rançon. C'est ce qui est rappelé à chaque fois. C'est ce qui a été rappelé par Jean-Yves Le Drian, il a été très clair. Pas besoin de revenir sur le sujet», a assuré cette source élyséenne à l'AFP. Le groupe Areva, interrogé par l'AFP, a mis en avant le même démenti.

    La France a toujours nié avoir versé la moindre rançon pour résoudre des prises d'otages à l'étranger, mais Nicolas Sarkozy avait affirmé, en 2012, à propos de deux otages en Afghanistan, que payer des rançons n'était «pas un problème» pour son gouvernement. François Hollande affirme lui refuser d'évoquer les questions financières lors des négociations de libération d'otages. Une position fortement critiquée par les familles des captifs.

    En avril dernier, lors de la libération de la famille Moulin-Fournier enlevée par une secte islamiste au Cameroun, un rapport confidentiel du gouvernement nigérian parlait d'une somme de 2,4 millions d'euros versés aux ravisseurs, tandis que la chaîne i>Télé parlait de 7 millions de dollars en citant des sources camerounaises. Là encore, le gouvernement a démenti.

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