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Copé demande un «report» de la réforme des rythmes scolaires

Jean-François Copé s'est entretenu mercredi par téléphone avec Vincent Peillon pour lui demander de relayer ses inquiétudes auprès de François Hollande. PHILIPPE MERLE/AFP

VIDÉO - Pour le président de l'UMP, la mesure est «intenable sur le plan financier, sauf à augmenter les impôts».

Mener campagne pour les municipales tout en dénonçant l'incurie du gouvernement. L'UMP a-t-elle trouvé sa martingale avec son combat contre la réforme des rythmes scolaires? Jean-François Copé veut le croire. Jeudi matin, sur BFMTV, le président de l'UMP a demandé «officiellement» au gouvernement «un report de la réforme des rythmes scolaires». «Cette réforme n'est pas du tout financée, a ajouté le député de Seine-et-Marne, maire de Meaux. Elle est intenable sauf à augmenter les impôts locaux.»

La réforme instaure un retour à la semaine de quatre jours et demi afin de «mieux répartir les heures de classe sur la semaine, alléger la journée de classe» et «permettre une meilleure articulation des temps scolaire et périscolaire», selon le ministère de l'Éducation nationale. Sa mise en place est étalée sur deux rentrées: un enfant sur cinq a déjà vu ses horaires aménagés depuis septembre, les autres communes devant les mettre en place en 2014.

Mais pour Copé, ce calendrier est impossible à tenir. «L'État verse 50 euros sur les 150 que coûte cette réforme par adulte et enfant, les communes doivent donc trouver 100 euros supplémentaires», a estimé l'élu d'opposition. «Dans les zones rurales, c'est chiffré jusqu'à 500 euros [par enfant par an], parce qu'il y a moins de gymnases, moins de piscines, pas de salles de spectacles, rien pour organiser des animations culturelles ou sportives», ajoute-t-il. Jean-François Copé explique s'être entretenu mercredi par téléphone avec le ministre Vincent Peillon pour lui demander de relayer ses inquiétudes auprès de François Hollande. «Le président de la République va bien être obligé de prendre ses responsabilités, a-t-il ajouté au micro de Jean-Jacques Bourdin. On ne peut pas prendre en otages les ministres.»

Engager «un bras de fer» avec le gouvernement

La montée au créneau de Jean-François Copé intervient au lendemain d'un bureau politique de l'UMP où il a beaucoup été question des rythmes scolaires. L'instance exécutive du parti a convenu qu'il paraissait impossible aux maires d'assurer la mise en place de ces nouveaux rythmes «sans augmenter les impôts». Un point d'autant plus stratégique pour l'UMP que le parti travaille actuellement à une charte à laquelle tous ses candidats devront souscrire et dans laquelle ils s'engageraient à stabiliser, voire diminuer les impôts dans leurs municipalités. Xavier Bertrand, député de l'Aisne et maire de Saint-Quentin, a notamment invité ses collègues à engager «un bras de fer» avec le gouvernement sur la question.

Le parti hésite cependant sur la stratégie à suivre, le sujet étant à manier avec une extrême prudence à six mois des municipales. L'UMP et Jean-François Copé ont envisagé de demander l'abrogation pure et simple du décret, avant de se rabattre sur un simple report. Pour faire monter la pression sur le gouvernement, le parti mise notamment sur le prochain congrès des maires de France, auquel se rendent traditionnellement les présidents de la République. D'ici là, une opération de boycott pourrait être lancée. Avec le secret espoir que des maires de gauche grossissent les rangs.

Une opposition nuancée parmi les élus de droite

Mais si les nouveaux rythmes scolaires ne font pas l'unanimité chez les maires de gauche, l'opposition à la réforme est également nuancée parmi les élus de droite. Député de la Drôme et maire de Crest, Hervé Mariton avoue «un peu d'embarras». En 1996, sa ville avait fait partie des communes pilotes dans l'expérimentation d'un aménagement des rythmes scolaires sur quatre jours et demi et l'organisation d'activités périscolaires. Guy Drut, ministre de la Jeunesse du gouvernement Juppé, avait lancé l'initiative. «Nous étions volontaires, explique aujourd'hui Hervé Mariton. Cela nous a demandé du temps, un travail considérable d'ingénierie, des arbitrages financiers quand les fonds de l'État n'ont plus été versés. Mais nous avons conservé ces aménagements à l'issue de l'expérimentation. Nous ne pouvons pas jurer que les enfants ont de meilleurs résultats mais, en revanche, nous avons mesuré qu'ils étaient plus heureux d'aller à l'école. Ce qui est loin d'être négligeable.» Le délégué général en charge du projet de l'UMP a fait part de son expérience à ses collègues du bureau politique et il concède que «son projet a été abîmé lorsqu'on nous a obligés à passer à la semaine de quatre jours».

«À titre personnel, je suis plutôt favorable à ces aménagements que nous avons organisés en concertation avec les parents d'élèves et les associations, explique Mariton. Mais je rejoins mes collègues dans la critique de son caractère obligatoire. Qu'ils reportent l'obligation, sans quoi ils prennent le risque d'abîmer ce qui peut être un beau projet pour des questions de calendrier.»

Selon le calendrier du gouvernement, toutes les mairies devront être prêtes pour la rentrée de septembre 2014, six mois après les élections municipales. «J'ai du mal à croire que les parents attendront la fin des élections pour demander à leur maire ce qu'il a l'intention de faire à la rentrée, alerte Hervé Mariton. Il faudra bien qu'ils aient des réponses à donner.» Voilà qui animera certainement la campagne.

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