Comment l’UMP veut baisser les dépenses de 130 milliards
Le délégué général au projet de l’UMP, Hervé Mariton, a détaillé aux « Echos » ses propositions d’économies.
Par Isabelle Ficek
La « combinaison » est certes « vigoureuse », reconnaît-il, mais elle est « réaliste ». Après la nouvelle mise en garde mardi de la Cour des comptes sur les économies insuffisantes de l’exécutif, le député Hervé Mariton, délégué général au projet de l’UMP, défend la faisabilité des 130 milliards d’euros de baisse des dépenses publiques sur une législature proposée par son parti. La moitié irait à une réduction des impôts et l’autre à celle des déficits. «C’est ramener le taux des dépenses publiques à 50 % du PIB. C’est la moyenne de l’eurozone et cela reste supérieur de 5 points à la dépense publique en Allemagne. C’est un effort sensible, mais qui n’est pas surhumain. On ne change pas de monde ! » plaide-t-il. Avant de détailler son chiffrage, à l’aide de mesures validées - ou pas - par l’UMP. « C’est un tableau qui n’engage pas l’UMP mais que je veux porter. A un moment, il faut faire les additions et montrer que c’est possible !»
Hervé Mariton chiffre à 20 milliards d’euros d’ici à 2023 l’impact de la réforme des retraites proposée par l’UMP (âge légal à 65 ans et 44 années de cotisations...). Il préconise aussi une sous-indexation de l’ensemble des prestations sociales, soit 10 milliards sur cinq ans et davantage avec une désindexation totale. Une mesure « qui n’a pas vocation à être pérenne, c’est un contrat de rétablissement. »
Le logement, un gisement « majeur »
Dans le champ du chômage, il vise 10 milliards sur cinq ans à gagner sur le régime de l’intermittence, l’intérim (« en prévenant les parcours d’optimisation lié à l’intérim »), l’incitation à la reprise d’emploi, la fin des emplois aidés dans le secteur public (sauf personnes handicapées).
Au chapitre des normes et procédures, se fondant notamment sur des études de l’OCDE chiffrant à « 3 points de PIB - soit 60 milliards - le coût des complexités en France », Hervé Mariton évalue « raisonnablement » à 10 milliards le gain à réaliser sur des changements et des simplifications de procédures et à 10 milliards supplémentaires dégagés par « un marché de bon sens » avec l’Europe sur la « baisse de certaines contraintes, comme sur l’eau, jugées non nécessaires par les autorités sanitaires elles-mêmes ».
Le gisement du côté du logement est, estime-t-il, « majeur » avec 15 milliards sous l’effet d’une « réduction des aides et financements des acteurs du logement ». Ceux-ci devraient se financer via la cession de 10 % de leur parc (soit 30 à 50 milliards d’euros). « Dans la stratégie d’assainissement des finances publiques, la cession d’actifs, sans tabou, de participations de l’Etat, d’Areva à la Française des Jeux, EDF, de logements sociaux, est un enjeu important de désendettement », souligne-t-il. Quant à la Sécurité sociale, il y voit un gisement de 20 milliards (6 pour le fonctionnement et le reste sur la convergence tarifaire, la médecine ambulatoire, la suppression de l’AME).
« Une réflexion sur un autre rôle de l’Etat et des partenaires publics »
Il propose deux volets pour les collectivités locales : 10 milliards sur « la réorganisation du millefeuille territorial quand l’UMP saura ce qu’elle veut» (le parti a connu de vifs débat sur le sujet) ; 10 autres milliards grâce une « régulation autoritaire des dépenses ». En clair, « le rabot qu’a déjà utilisé l’Etat mais pas les collectivités ». Reste 3 à 5 milliards sur la fonction publique (non remplacement et augmentation du temps de travail) et « une dizaine de milliards » par « un énième coup de rabot. »
« Il ne s’agit pas de copier Cameron et la Big Society », défend Hervé Mariton. « Nous ne sommes pas des zélotes ultra-libéraux. » « Néanmoins, toutes ces mesures n’ont de sens, politiquement, que si cela s’articule autour d’une réflexion sur un autre rôle de l’Etat et des partenaires publics.» L’UMP tiendra justement, début septembre, sous sa houlette, une convention sur le périmètre de l’Etat.