Les présidents d’université bientôt sur les bancs de l’Ena pour apprendre à gérer et contrôler leur budget? C’est en ces termes que la communauté a accueilli l’information livrée le 25 novembre au détour d’une phrase par la ministre de l’enseignement supérieur, qui tenait un point presse consacré au budget des universités.

Maladresse ou réelle volonté de «professionnaliser» le job de président? L’annonce a largement agacé les intéressés, dans un contexte où l’on ne cesse de parler de déficit des universités .Car elle pose en toile de fond la question de savoir si les difficultés financières avérées des universités sont imputables au manque de ressources ou à l’incompétence des équipes en place. «Les erreurs de gestion se comptent sur les doigts d’une mains. Jeter l’opprobre sur l’ensemble de la communauté n’est pas acceptable», estime Rachid El Guerjouma, président de l’université du Maine (Le Mans - Laval). «En quoi proposer une formation à l’Ena serait une solution? Car le problème pour les présidents d’université est de gérer leurs établissement avec des recettes bloquées et des dépenses qui augmentent», ajoute-t-il.

J’espère que la ministre viendra suivre cette formation avec nous 

Anne Fraïsse, présidente de Montpellier III

«J’espère que la ministre viendra suivre cette formation avec nous», lâche pour sa part Anne Fraïsse, un brin ironique. La présidente de Montpellier III, qui a largement fait parler d’elle lors de cette rentrée en annonçant qu’elle allait fermer le site de Béziers pour pouvoir tenir son budget, estime que la ministre de l’enseignement supérieur «se défausse». «Pour se former, rien ne vaut le terrain. Moi qui suis professeur de latin, j’ai très vite acquis en tant que présidente des compétences économiques et financières. Je pourrais même demander une VAE! (validation des acquis de l’expérience)», s’amuse-t-elle. Depuis la loi sur l’autonomie des universités de 2007, dite loi Pécresse, les compétences du président ont en effet été élargies. Il gère depuis le budget global de son établissement et ses ressources humaines, des embauches de contractuels aux primes, en passant par les affectations de personnels.

«Une formation à l’Ena? Pourquoi pas», commente plus nuancé, Jean-Loup Salzmann, le président de la conférence des président d’université (CPU), avant d’expliquer que des sessions sont d’ores et déjà proposées au sein de l’Agence de modernisation des universités et établissements (Amue). «J’aurais préféré qu’une telle formation soit proposée à l’université», ajoute-t-il cependant.