Edouard Martin aux Européennes : «Un coup terrible à la cause syndicale» selon Copé

 

Edouard Martin aux Européennes : «Un coup terrible à la cause syndicale» selon Copé

    La nomination d'Edouard Martin, l'emblématique syndicaliste CFDT d'ArcelorMittal à Florange (Moselle), comme tête de liste PS aux élections européennes de 2014 dans la circonscription du Grand Est face à  Nadine Morano, fait beaucoup réagir. Au lendemain de cette annonce surprise, les commentaires sont nombreux ce mercredi. Si la gauche salue son engagement, l'opposition ironise ou l'accuse de retourner sa veste.

    Edouard Martin avait été propulsé sur le devant de la scène l'an dernier, à l'occasion de la lutte contre la fermeture des hauts fourneaux lorrains. A l'époque, il n'avait pas mâché ses mots contre le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, à qui il reprochait d'avoir cédé face à ArcelorMittal sur Florange. «Monsieur le Président, vous attendez quoi ? Qu'il y ait un malheur ici ? Eh bien, nous, on va être votre malheur !», avait-il notamment lancé. «Je ne renie rien de ce que j'ai fait ou dit», déclare-t-il dans une interview au Monde, assurant avoir obtenu de la part du PS «la garantie d'(..) une entière liberté d'expression et d'action».

    Enfin, à  ceux qui l'accusent de «trahison», Edouard Martin, qui n'a pas l'intention d'adhérer au PS, rappelle qu'il «est resté vingt-quatre mois sur le piquet de grève, certaines nuits avec - 15 degrés dehors». «J'étais là du début à la fin (...) Je n'ai aucune leçon à recevoir.»

    Les réactions politiques à la désignation d'Edouard Martin comme tête de liste PS aux Européennes :

    Jean-François Copé (UMP) : «On est dans la collusion complète entre les syndicats et la gauche au pouvoir». A quelques journalistes, le président de l'UMP confie que la candidature de l'ex-responsable syndical - «parachute doré» , dénonce-t-il - est «l'illustration parfaite de cette gauche qui donne des leçons de morale qu'elle ne s'applique pas à elle-même». Il y voit un «coup terrible pour la cause des syndicats en France». «C'est une perte de crédibilité considérable, c'est énorme», poursuit-il. Et il avertit : «Vous allez voir l'onde de choc que cette affaire va avoir, ça va aller très très loin. La gauche ne se rend pas compte.»

    Jean-Pierre Raffarin (UMP) : «Il y en a au moins un de recasé». Sur itélé, l'ex-Premier ministre ironise autour du choix d'Edouard Martin. «Il y en a au moins un de recasé. Pour le syndicaliste, c'est pas mal qu'il se recase dans la politique. C'est quelque chose de spectaculaire», juge l'ex-Premier ministre, qui parle d'un «type de qualité». Mais selon lui, «le passage du syndicalisme à la politique ne se fait pas en général dans un climat de grande sincérité.» Interrogé sur Nadine Morano, la candidate UMP qui devra batailler face à Edouard Martin mais dont la nomination a fait grincer des dents à droite, Jean-Pierre Raffarin juge qu'elle «a du tempérament, elle sait se battre. Elle a la dimension pour mener cette campagne, elle a la tripe populaire.» Selon lui, «face à un syndicaliste», mieux vaut avoir quelqu'un avec son profil, plutôt qu'un «technocrate».

    Henri Guaino (UMP) : «Moralement un peu choquant.» Le député UMP des Yvelines juge sur France Inter que l'annonce d'Edouard Martin constitue «une instrumentalisation, du PS et du principal intéressé, d'une souffrance sociale bien réelle. Moralement, c'est quelque chose d'un peu choquant .Si le PS pense que ça va le faire gagner, très bien, nous verrons le résultat.»

    sur Twitter, les réactions de la droite sont acerbes. L'ancienne ministre UMP Nadine Morano, qui devrait être opposée à Edouard Martin lors des élections européennes dans le Grand Est, a été l'une des premières figures de l'opposition à réagir : «L'heure de la récompense a sonné mais aussi celle d'assumer la politique du gouvernement qui l'a trahi.»  Sébastien Huyghe, député UMP du nord proche de Copé parle également d'un «nouveau parachute doré, après celui de François Chérèque».  Pour Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes, les Européennes sont un moyen de «caser les camarades et les apparatchiks.. .le parlement européen devient le viager de la politique». L'ancien ministre Dominique Bussereau estime quant à lui qu'Edouard Martin «passe de la banderole à la gamelle. »

    Florian Philippot (FN) : il «est allé à la soupe». Sur iTélé, le bras droit de Marine Le Pen condamne la candidature du responsable CFDT d'ArcelorMittal: «Edouard Martin, c'est la trahison à Florange, celui qui avait formidablement bien accueilli François Hollande le 26 septembre» dernier sur ce site lorrain «alors que lui-même, quelques mois avant, considérait que ce que proposait le gouvernement, c'était de la trahison. On voit bien qu'en réalité, il avait déjà négocié sa place aux européennes». Pour le candidat du Front national à la mairie de Forbach, Edouard Martin «a fait comme les autres, il est allé à la soupe».

    Harlem Désir justifie le choix du PS : «J'ai voulu qu'il y ait cette ouverture» à la société civile. Invité de «Questions d'Info» LCP/FranceInfo/AFP/LeMonde, le Premier secrétaire du PS dit avoir souhaité «qu'Edouard Martin puisse continuer le combat qu'il a mené à Florange pour la politique industrielle, pour l'emploi, avec nous, demain, au Parlement européen». «On reproche souvent, et à juste titre, aux partis, à la vie politique, de ne pas suffisamment s'ouvrir sur la société civile, sur le mouvement social. J'ai voulu qu'il y ait cette ouverture», poursuit-il. S'agit-il de «récupérer la colère sociale» ? «Edouard Martin représente, c'est vrai, cette colère, ce combat que mènent ceux qui ont été les délaissés de la crise», reconnaît par ailleurs Harlem Désir.

    Najat Vallaud-Belkacem : le PS «s'honore» à accueillir dans ses rangs Edouard Martin. Selon la porte-parole du gouvernement, «le parcours de M. Martin plaide pour lui : c'est une mobilisation sans faille, un engagement quotidien au service des salariés et pour la survie de leur activité (...) C'est une personnalité très intéressante combative, engagée et le que le PS s'honore à accueillir dans ses rangs». Interrogée sur les critiques du syndicaliste contre le gouvernement, elle déclare : «Ce qu'on peut tous reconnaître à Edouard Martin, c'est un franc-parler qui a justement permis la mobilisation et l'engagement qui ont été les siens depuis des années sur un sujet qui lui tient à coeur». Et de conclure : «C'est vrai qu'il a eu des mots par le passé, interrogez-le, lui, sur ce qu'il en pense aujourd'hui.»

    Sur Twitter, la ministre du Logement Cécile Duflot se dit «favorable»

    Claude Bartolone (PS) : «Une très bonne chose.» Le président PS de l'Assemblée nationale récuse ceux qui accusent Edouard Martin d'avoir «trahi» les salariés de ArcelorMittal en rejoignant le PS. «Ce n'est pas juste», car il avait une «responsabilité syndicale qu'il a su mettre au profit de l'ensemble de ses collègues.» Il est en tout cas ravi de le voir rallier le PS : «C'est une très bonne chose.»

    Marisol Touraine (PS) : «Une belle nouvelle». «Cela montre que le parti socialiste sait ouvrir ses portes, rassembler et à travers la tête de liste d'Edouard Martin, c'est évidemment une figure emblématique qui va porter les couleurs socialistes», affirme la ministre des Affaires sociales sur France 2. Interrogée sur les sévères critiques d'Edouard Martin à l'égard de François Hollande après la fermeture des hauts fourneaux de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle), elle observe que l'ancien syndicaliste CFDT avait «aussi dit que ce gouvernement a pris des engagements qu'il a tenus en investissant sur le site de Florange».

    VIDEO. Edouard Martin, le syndicaliste de Florange, se lance avec le PS