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Jean-Michel Aulas : "La taxe à 75 % est une forme de prise d'otage"

Le président de l'OL fait partie de la délégation de patrons de club de foot qui doit être reçue à l'Elysée, jeudi, après leur fronde contre la taxe sur les très hauts revenus.

Propos recueillis par 

Publié le 31 octobre 2013 à 08h59, modifié le 31 octobre 2013 à 12h55

Temps de Lecture 4 min.

Jean-Michel Aulas, président de l'OL.

Avant d'être reçu par François Hollande, jeudi après-midi, le président de l'Olympique lyonnais justifie la fronde des clubs professionnels contre la taxe à 75 % sur les revenus supérieurs à un million d'euros par an. 

> Lire le décryptage : Taxe à 75 % pour le foot : les enjeux de la "journée blanche"

Qu'attendez-vous de la rencontre de jeudi à l'Elysée ?

Le fait de s'entretenir avec les dirigeants du football professionnel est à mettre au crédit du président. C'est une excellente initiative. On souhaite une négociation, une ouverture, un dialogue basé sur le paritarisme. On ne demande pas au gouvernement de renoncer au principe de solidarité. On veut lui expliquer qu'actuellement la loi est injuste et inéquitable. Bercy et le ministère des sports seront associés à cette démarche afin de trouver une solution. On souhaite poser le problème en adulte et proposer des solutions. On ne veut pas payer à partir de février cette taxe que je qualifie d'"anti-emploi" et de contre-productive. Son aspect rétroactif inquiète les entrepreneurs.

Pourquoi êtes-vous opposé à la taxe à 75 % ?

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Sur le principe, je ne suis pas opposé à une taxe de solidarité. J'ai conscience des difficultés de la vie et de l'époque. On souhaite corriger les excès de cette taxe à 75 % tout en démontrant qu'il existe une logique de solidarité. En ce sens, nous sommes proches de la position gouvernementale. Paradoxalement, cette taxe est payée par l'entreprise. Elle arrive en retard, sanctionne le club et provoque une situation très difficile. C'est comme si la Commission européenne décidait de taxer des décisions gouvernementales prises par les dirigeants précédents. On impose la masse salariale des clubs et des contrats signés avant la décision du gouvernement. C'est une forme de prise d'otages.

C'est donc la rétroactivité de cette taxe que vous condamnez ?

Dans le football, les contrats dits à temps ne sont pas modifiables et les entreprises ne sont pas délocalisables A l'issue de la médiation de jeudi avec le président de la République, on espère substituer à cette taxe "rétroactive" une autre qui s'inscrit dans le futur. On veut bien contribuer à cet effort de solidarité en payant peut-être sur une période plus longue et à partir de 2014. Cette taxe s'appliquerait sur les recettes concrètes et réelles des clubs. Ceux qui feront signer à leurs recrues des contrats avec des salaires de plus d'un million d'euros annuels seront taxés. Cela ne fera pas boiter le PSG. Ceux qui ont lutté contre cette taxe à 75 % sur les particuliers n'avaient pas songé aux conséquences d'un retoquage du projet initial par le Conseil constitutionnel. Les adversaires de la taxe sont aujourd'hui pénalisés par leur victoire devant le Conseil constitutionnel. Il faut que cette taxe soit juste.

Vous avez récemment déclaré que cette taxe était de nature à mettre en péril votre projet de grand stade, ce n'est pas également une forme de chantage ?

Nous avons investi 400 millions d'euros pour l'édification du grand stade de Lyon. Dans notre business plan, nous n'avions pas pris en compte le manque à gagner induit par cette taxe. Pour économiser et trouver des recettes équivalentes à cette charge, je vais avoir plusieurs solutions devant moi : licencier ou vendre des joueurs tout en sachant que cela affaiblirait le niveau de la Ligue 1. On m'accuse déjà par avance de vendre des joueurs alors si je dois les vendre en raison de cette taxe et pour faire face à la concurrence française… Nous ne serions pas les seuls à être touchés par cette taxe. Cet été, l'OM a beaucoup recruté en engageant plusieurs joueurs qui sont rétribués plus de 1 million d'euros annuels. Lors de la première réunion de la commission de réflexion pour un football durable, nous sommes venus expliquer notre boycott. Michel Seydoux (le président du Lille olympique sporting club) a clairement indiqué qu'il ne pourrait pas payer cette taxe et qu'il risque de déposer le bilan.

Vous avez boycotté la première réunion de la commission de réflexion pour un football durable. Etait-ce un moyen d'adresser un signal fort à Valérie Fourneyron, la ministre des sports ?

Nous avons du respect pour Jean Glavany qui préside la commission. Ce n'était pas un message adressé à la ministre des sports, elle sera là jeudi. Cette commission aura un rôle important à jouer.

Comment les diffuseurs ont-ils réagi à cette "journée blanche" décrétée le week-end du 30 novembre ?

Nous avons eu une réunion préparatoire avec les diffuseurs. Il y a eu un engagement préalable de la Ligue de football professionnel (LFP). Cette dernière négociera avec les diffuseurs pour qu'il n'y ait pas de conséquence financière. Ces matches de la 15e journée ne seront que reportés. Nous sommes concernés en premier lieu puisque l'affiche PSG-OL était programmée en clôture de cette journée de championnat.

Quelle a été la réaction des supporteurs lyonnais ?

Concernant nos supporteurs, on souhaite faire avancer les choses et dialoguer avec eux. Je le répète, la rencontre du week-end du 30 novembre ne sera pas annulée. Il y a une forme de solidarité interclubs. Jeudi, on va essayer de débloquer la situation avec le président de la République avec des solutions rationnelles et dépassionnées. Sur le plan européen, je fais confiance au fair-play financier pour ensuite éliminer la concurrence injuste. Le fair-play financier prendra en compte les ressources réelles des clubs. Avec la construction de notre Grand Stade dont nous sommes propriétaires, nous sommes assurés de dégager des ressources réelles.

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