Jean Cremer, le responsable de l'entreprise familiale qui détient la grande droguerie Zola Color située dans le 15e arrondissement de Paris se souvient encore de cette pétition signée par ses clients en 2010 pour que son magasin puisse continuer à ouvrir le dimanche. Mille cinq cents signatures en une semaine dont celle de François Hollande, habitant du 15e et client régulier de cette institution du quartier Charles-Michels depuis les années 1950. Il y avait mis à côté de sa signature un « en accord avec les salariés ». « Il s'arrêtait régulièrement en voiture chez nous pour acheter beaucoup de journaux », se souvient M. Cremer.
Il a d'ailleurs conservé la photo où celui qui était alors premier secrétaire du PS posait avec ses employés pour défendre le travail du dimanche. D'autres personnalités ont signé, la totalité de ses employés aussi, mais il a dû quand même fermer rideau le dimanche.
"ON A L'IMPRESSION D'ÊTRE DES VOLEURS OU DES ASSASSINS"
M. Cremer ne sait pas par où l'affaire a commencé, et s'il a été dénoncé par un concurrent, mais il se souvient qu'un beau jour, et alors que le commerce était ouvert depuis des années, trois heures le dimanche matin et ses employés tous volontaires, une jeune femme de l'inspection du travail a débarqué dans son magasin. « Et elle nous a dit vous n'avez pas le droit d'ouvrir le dimanche », raconte-t-il. Assignation en justice, pétitions, puis condamnation en 2011. « C'était très désagréable, on a l'impression d'être des voleurs ou des assassins », explique M. Cremer.
Son magasin employait alors entre 8 à 13 personnes le dimanche, contre près de 40 en semaine. Des gens qui ont perdu en niveau de vie, souligne-t-il, car « ils étaient payés triple ce jour-là. » Lui aussi a beaucoup perdu : le magasin faisait à l'époque 8 millions d'euros de chiffre d'affaires par an dont 700 000 euros les dimanches. Mais surtout, il dénonce l'absurdité du système qui autorise le travail dominical pour certains et pas pour d'autres, et le militantisme à outrance de ceux « qui se pensent représentants des personnels de vente sans considération de ceux qui veulent travailler le week-end ».
« On a été condamné à verser à l'administration 150 euros d'amende par employé, se souvient M. Cremer. Les syndicats CFDT, FO et CGT se sont portés partie civile pour en remettre une couche en nous demandant des dédommagements de 200 000 euros par syndicat, alors qu'aucun de nos employés n'est syndiqué ». L'affaire, en appel, n'a toujours pas été tranchée.
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