«La gauche a perdu le vote musulman»
INTERVIEW - Pour Olivier Roy, politologue spécialiste de l'Islam, si un fort vote musulman s'exprime lors des élections municipales, les partis politiques devront en tenir compte.
LE FIGARO. - Au second tour de la présidentielle, François Hollande a attiré 86% de l'électorat musulman. La gauche bénéficie-t-elle toujours de ce réservoir de voix?
Olivier ROY. - La gauche a perdu le vote dit «musulman». Le discours laïque, contre le «communautarisme», de Manuel Valls a provoqué une désaffection. Mais plus profondément, parmi les Français d'origine musulmane, la nouvelle génération, mieux intégrée, plus éduquée, s'éloigne de la gauche. Appartenant à la classe moyenne, elle est plutôt conservatrice sur le plan sociétal, attachée aux valeurs, à la famille, et libérale sur le plan économique.
L'UMP peut-elle récupérer une partie de cet électorat?
Oui, si elle met un frein à ce qui est considéré comme de «l'islamophobie»: le discours sur «l'identité nationale» sous Nicolas Sarkozy, sur les dangers de l'islamisation. La désaffection pour la gauche se traduira soit par de l'abstention, soit par un vote à droite.
Les électeurs d'origine musulmane «pèsent» 5% du corps électoral…