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Prostitution : la police n'a pas les effectifs pour courir derrière les clients

VIDÉO - La suppression du délit de racolage va aussi priver le ministère de l'Intérieur d'un outil efficace pour obtenir des renseignements auprès des prostituées.

«Le chemin de l'enfer pour la police est pavé de bonnes intentions législatives». Ce commentaire de Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat de policiers Synergie-Officiers, résume l'état d'esprit de la «grande maison» alors qu'arrive devant l'Assemblée nationale la proposition de loi socialiste visant à supprimer le délit de racolage pour les prostituées et à pénaliser les clients qui s'offriraient leurs charmes.

Selon le commandant Ribeiro, «il y a eu cette année huit condamnations de prostituées pour racolage. On ne peut pas dire que celles-ci soient harcelées». En revanche, ce délit constitue, à l'entendre, un «outils précieux pour recueillir du renseignement dans le milieu de la prostitution». Ce syndicaliste ne dira pas expressément qu'il s'agit en fait d'un moyen de pression efficace pour inciter les prostituées à révéler certaines informations aux policiers. Mais d'autres fonctionnaires place Beauvau ne s'en cachent pas.

L'exemple de la prohibition de l'alcool

Un commissaire réputé issu de la police judiciaire le reconnaît: «Les prostituées sont au contact d'une faune, d'un milieu interlope où frayent des proxénètes aujourd'hui multicartes, qui versent dans le commerce de la chair mais aussi dans les trafics en tous genres, à commencer par celui de la drogue bien souvent. Si la police ne dispose d'aucun appui légal pour inciter les filles ou même les hommes qui vendent leur corps à parler, nous verrons se tarir une source d'informations qui fut à l'origine de beaucoup de belles affaires.»

Selon ce haut fonctionnaire, «l'intention des promoteurs du texte en discussion est louable, mais ils ne parviendront pas à faire disparaître le plus vieux métier du monde par quelques dispositions naïves, pas plus que les États-Unis n'ont pu enrayer la vente d'alcool en instaurant autrefois la prohibition». Au reste, comme l'a exposé le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, le 14 novembre dernier, à la commission spéciale chargée d'examiner ce texte, le délit de racolage demeure «un outil de gestion d'ordre public indispensable, notamment dans les centres-villes ou autres lieux publics» car «il permet de répondre à la demande de riverains excédés autant d'ailleurs par le racolage que par les nuisances qui l'accompagnent».

Des prostituées à 90% étrangères

La patron de Synergie-Officiers estime, pour sa part, que «cette proposition de la loi qui prétend protéger des filles en danger produira des effets diamétralement opposés à ceux escomptés». Car, en laissant planer la menace de condamnation du client, le texte va, selon lui, rendre ce commerce encore plus clandestin. «Les relations seront de plus en plus anonymisées, les prostituées de plus en plus difficiles à identifier et donc à protéger, notamment pour les services sociaux et les associations qui les suivent». L'infraction sera «particulièrement complexe à établir», explique-t-il.

À en croire ce syndicaliste, «les policiers ne sont pas assez nombreux pour courir derrière chaque client et ne vont pas passer leurs journées à espionner les bidets». Le nombre de prostituées en France est estimée entre 20.000 et 40.000, à 90 % des étrangères ou des étrangers, venus principalement des pays de l'Est, d'Afrique et de Chine. L'activité de prostitution recours de plus en plus à Internet. En une journée, la police française a pu recenser quelques 10.000 annonces différentes. 15 % des prostitués sont des hommes.

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38 commentaires
  • jumbofreddy

    le

    aujourdhui que Valls est premier ministre, il va peut être user de son pouvoir pour enterrer cette loi hypocrite sur la prostitution, qui ne la fera pas disparaitre, mais la rendra plus incontrôlable! les allemands veulent aussi réformer leur système, mais en accroissant les contrôles, pas en l'interdisant!

  • Olive Oil

    le

    Ils sont jamais contents les policiers. C'est quand même plus drôle et moins risqué que de défendre les vieilles dames qui se font attaquer par des malfrats !
    La France est devenue le terrain d'expérimentation d'une poignée de Gastons Lagafe, on n'est plus à ça près.
    Et puis de toutes façons, d'ici que la loi soit votée, ils auront changé d'avis après maintes chamailleries, on connait la chanson.
    Ne nous laissons pas polluer par ces bêtises et occupons-nous de nos affaires.

  • Scanie

    le

    Le scandale c'est que par contre personne n'envisage la pénalisation du fumeur de cannabis par 1500 euros d'amende.

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