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La fébrilité gagne l'Élysée à l'heure de choix décisifs

François Hollande et les membres du gouvernement lors d'une réunion à l'Élysée, en février. © Philippe Wojazer / Reuters/REUTERS

Hollande mise sur le pacte de responsabilité et le remaniement, qui sont en cours d'arbitrage, pour se relancer.

Comme si le temps s'était arrêté. Ces derniers jours règne un étrange climat au sommet de l'État. À moins de trois semaines des élections municipales qui s'annoncent périlleuses pour la gauche, le gouvernement tourne au ralenti, avec des ministres et des conseillers suspendus à un inévitable remaniement, qui pourrait intervenir en avril, selon plusieurs sources proches du président. Quant au Parlement, il est en sommeil pour une «trêve» électorale, jusqu'en avril. «L'ambiance est bizarre», reconnaît un ministre. «C'est une fin de cycle», ajoute un poids lourd du gouvernement.

Dans l'attente, tous les regards convergent vers l'Élysée, où sont en train d'être arbitrés plusieurs dossiers capitaux, sur lesquels François Hollande mise pour relancer son quinquennat. Une atmosphère de mystère et de secret entoure aussi bien le contenu du pacte de responsabilité pour les entreprises que le détail des 50 milliards d'économies promises d'ici à 2017 ou le prochain remaniement des équipes, censé redynamiser un dispositif à bout de souffle, après vingt mois au pouvoir. Stratégiques, ces décisions ne devraient être dévoilées qu'après les municipales. «En ce moment, l'Élysée est une boîte noire, opaque, observe un conseiller ministériel. On attend tous la fumée blanche…»

Hypothèse d'un gel de l'avancement des fonctionnaires démentie

Au Château, la tension est perceptible. Les confidences à la presse du ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon, qui avait évoqué le mois dernier l'hypothèse d'un gel de l'avancement des fonctionnaires, ont créé un climat de suspicion et de «paranoïa» - dixit un conseiller. «Ces décisions sur le pacte et les 50 milliards doivent être prises dans la plus grande confidentialité», rappelle un haut gradé du palais, qui peste contre ces ministres ou ces conseillers qui parlent à la presse. «L'Élysée est sous pression», glisse un conseiller ministériel.

François Hollande, qui participe aux réunions du comité stratégique de la dépense publique - dont les dates de réunion sont tenues «secrètes» - ne supporte pas de lire la moindre révélation sur ce sujet explosif, à quelques jours des municipales. «Ce n'est pas possible! s'est-il agacé lors d'une dernière réunion. On ne peut pas dire un mot ici sans que cela se retrouve dans la presse. C'est comme si les journalistes étaient sous la table!» Malgré les précautions prises, les hypothèses continuent de circuler: mardi, la ministre de la Décentralisation, Marylise Lebranchu, a dû démentir un projet de baisse des aides aux collectivités locales de 10 milliards, évoqué par Le Parisien. «C'est faux», assure-t-on à l'Élysée.

« Les fuites venant de Peillon ont traumatisé l'Élysée, note un conseiller ministériel. Ils se sont dit: “À chaque fuite, on perd trois points aux municipales !” »

En privé, le chef de l'État le reconnaît: il ne supporte plus ces fuites et ces couacs. Devant une poignée de députés socialistes, reçus le 17 février à l'Élysée, Hollande a soupiré: «Vous vous rendez compte, on a été obligés d'envoyer des lettres pour rassurer les fonctionnaires…» Une allusion à la missive envoyée le 15 février par le premier ministre Jean-Marc Ayrault au syndicat Unsa fonction publique, pour assurer qu'il n'y aurait pas de gel de l'avancement dans ce secteur. «Les fuites venant de Peillon ont traumatisé l'Élysée, note un conseiller ministériel. Ils se sont dit: “À chaque fuite, on perd trois points aux municipales! ”»

Conscient de la gravité des enjeux, le chef de l'État s'est montré inhabituellement cassant, mercredi dernier, lors du Conseil des ministres. Il avait demandé à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, de faire un point sur le nombre de Français ayant bénéficié d'un départ à la retraite à 60 ans. Dans la foulée de cet exposé, François Hollande a réclamé à ses ministres de monter davantage au créneau pour «défendre leur bilan». «Il faut montrer aux Français ce qui a changé pour eux en vingt mois!», a-t-il insisté, agacé de constater que les mesures prises par le gouvernement étaient si peu perceptibles par l'opinion, si l'on en croit les sondages.

En revanche, les ministres ont été priés de ne «pas mettre leur grain de sel» dans les discussions entre les partenaires sociaux sur le contenu du pacte de responsabilité. Une nouvelle réunion entre le patronat et les syndicats doit se tenir mercredi, à l'issue de laquelle un accord sur les contreparties (en terme d'emploi) consenties par les entreprises en échange d'un allégement de charges sera dévoilé. «La France se trouve devant des échéances très compliquées, résume le député PS Christophe Caresche. Notre pays est sous surveillance. La dette continue de filer, la Commission européenne va nous demander des comptes… Le président, qui est lancé dans une course de vitesse, doit faire le boulot.» Le porte-parole des députés PS, Thierry Mandon, ajoute: «Un quinquennat, ça ne dure effectivement que quatre ans. Nous nous trouvons donc à mi-mandat, mid term. Toute la question est: comment réussit-on le rebond? Le président travaille, il verrouille. Il est pleinement concentré. C'est maintenant que le quinquennat se joue et il le sait.»

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120 commentaires
  • Xpitou

    le

    Il doit le connaître : MAINTENANT.

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