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Ecoutes : Taubira assume le conflit avec les avocats

•La fronde des avocats s'amplifie alors que la garde des Sceaux refuse de leur « assurer l'impunité ».•L'Elysée est interpellé, en tant que garant des libertés publiques.

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Par Joël Cossardeaux

Publié le 11 mars 2014 à 01:01

Les vagues que soulèvent la mise sur écoute judiciaire de Thierry Herzog, l'avocat de Nicolas Sarkozy, ne cessent de grossir et débordent de plus en plus des rangs de l'opposition. Après le soupçon de « harcèlement politico-médiatique » contre l'ancien chef d'Etat, exprimé dimanche par l'UMP Luc Chatel, et le « parfum d'abus de droit » décelé par le centriste Hervé Morin, le flot de la réprobation est en passe de s'étendre à toute une profession.

Hier, plusieurs centaines d'avocats ont rallié l'appel aux pouvoirs publics pour protester contre ces interceptions téléphoniques lancé par un petit groupe de pénalistes, en tête desquels Henri Leclerc, l'ancien président de la Ligue des droits de l'homme (LDH). Ces professionnels se déclarent mus par « l'impérieuse nécessité de protéger le secret professionnel » et attentifs à pointer le « danger pour la démocratie de telles dérives ».

L'exception au principe de confidentialité, que le juge peut faire jouer lorsqu'il soupçonne une infraction de la part d'un avocat, ne se justifiait pas, plaident-ils. Les indices graves et concordants dont tout magistrat est tenu de se prévaloir, n'existaient pas, selon Jean-Marie Burguburu, le président du Conseil national des barreaux (CNB), instance de représentation de la profession d'avocat. Dès lors, accuse celui-ci, les juges d'instruction se sont livrés à un « détournement de procédure » en plaçant sur écoute Me Herzog. Les avocats mettent aussi en cause les perquisitions visant le défenseur de l'ex-chef d'Etat et la saisie de son téléphone professionnel dont un juge des libertés a ordonné l'expertise sur cet appareil, qui reste donc sous scellés.

La garde des Sceaux inflexible

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Une analyse à laquelle Christiane Taubira, au risque d'amplifier cette levée de boucliers, s'est déclarée totalement opposée. « Je ne peux pas défendre l'idée d'assurer l'impunité à un citoyen parce qu'il exerce une profession », a estimé hier la garde des Sceaux. La ministre répondait à la préconisation de plusieurs avocats, consistant à « sanctuariser » encore davantage les échanges entre un conseil et son client. Et notamment à la proposition de loi qui vient d'être annoncée hier par le député UMP du Rhône, Georges Fenech, visant à mieux encadrer - après avoir préconisé de les interdire ce week-end - l'utilisation des écoutes d'avocats . Christiane Taubira a rappelé hier que tout justiciable disposait de voies de recours lorsqu'il estime qu'un juge ne respecte pas le droit et a rappelé la jurisprudence existante.

Cette affaire de mise sur écoute, révélée vendredi par « Le Monde », pourrait devenir embarrassante pour l'Elysée, clairement pris à témoin. « Je saisis le président, je me mets sous sa haute protection », a déclaré hier le bâtonnier de Paris, Pierre-Olivier Sur, qui devait lui envoyer un courrier dans la journée. « Notre exercice professionnel est en danger. François Hollande est le garant des libertés publiques. »

Le président de l'Union syndicale des magistrats (USM), Christophe Régnard, a lui aussi pris sa plume pour demander à François Hollande de rappeler « à ceux qui l'ont manifestement oubliée la règle constitutionnelle de la séparation des pouvoirs ». Chacun attend désormais d'éventuelles nouvelles révélations.

Joël Cossardeaux

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