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La «com» de l'Élysée sous le feu des critiques

François Hollande, lors de son intervention télévisée, samedi 19 octobre. -/AFP

François Hollande n'a pas fini de régler les suites de l'affaire Leonarda et les dégâts qu'elle a causés tous azimuts.

L'étrange intervention du chef de l'État, samedi à 13 heures, depuis un salon de l'Élysée, pour trancher le cas d'une famille de déboutés du droit d'asile, ne passe décidément pas dans les rangs de la majorité. Les socialistes ne comprennent par pourquoi, ni comment, le président de la République a pu décider de s'exposer (s'abaisser?) sur un dossier particulier, en laissant ainsi le piège se refermer sur lui. «Ce n'était pas au président de parler, ce n'était pas sa place», soupire un dirigeant PS. «Le chef de l'État a joué le rôle de fusible pour le premier ministre et le ministre de l'Intérieur, c'est curieux!», renchérit l'un de ses amis.

Deux jours après le fiasco, la même question revient, obsédante: à qui la faute? Cible de choix: le dispositif élyséen. Ce n'est pas la première fois que la communication de la présidence, voire la composition entière du cabinet sont critiquées, jugées «trop techno», pas «assez politiques», «loin des réalités». «Il s'agit d'une nouvelle démonstration que la communication présidentielle est lamentable, s'exaspère un poids lourd PS du Parlement. Cela traduit un manque de professionnalisme effrayant.» Cette fois-ci, plusieurs hauts gradés de l'Élysée ont pourtant tenté de dissuader Hollande de s'exposer en scellant lui-même le sort de la famille Dibrani. Ses communicants, dont l'ancien journaliste Claude Sérillon, de même que le secrétaire général du palais, Pierre-René Lemas, ont pesé en ce sens. «Il y a eu des débats, il y en a toujours pour ce genre de décision, résume un proche. Mais qu'importe. Au final, le président seul a tranché.»

Manque de relais

C'est un paradoxe: alors qu'est critiqué le manque supposé d'autorité de Hollande, ceux qui le côtoient notent tous sa propension à vouloir tout contrôler. Particulièrement en matière de communication, domaine où le chef de l'État est persuadé de n'avoir besoin de personne. «La communication est mauvaise à l'Élysée parce que le président fait tout», soupire un visiteur du soir. Un proche défend: «La décision s'est faite samedi entre Hollande, Ayrault et Valls. Ça s'est joué au plus haut niveau.»

À l'extérieur de l'Élysée, Hollande a également cruellement manqué de relais. Si le président a consulté sur les options qui s'offraient à lui, il n'a prévenu personne samedi matin, quand la décision d'intervenir solennellement a été prise. Les dirigeants de la majorité, qui se réunissent tous les lundis, ont simplement reçu un SMS de Matignon, une heure avant l'intervention. «Hollande n'a pas fait le tour pour mettre les uns et les autres dans le jeu», regrette l'un de ces ténors. Résultat: à part Manuel Valls et le dernier carré des hollandais, très peu de leaders du PS sont montés au créneau pour défendre le président. «Nous sommes dans une incapacité collective à faire le service après-vente», soupire un hollandais. «Le président est seul et isolé», s'inquiète l'un de ses proches.

Chez les hollandais, on espère que cette séquence calamiteuse poussera Hollande à améliorer son dispositif. «Le président a trois points faibles: un cabinet trop peu politique ; un gouvernement aphone ; un PS atone, résume un dirigeant PS. L'affaire Leonarda a révélé cette faiblesse. Il doit en tirer les leçons.»

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