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Le pape et la greffière anti-mariage gay : une rencontre qui laisse perplexe

L’entrevue tenue secrète entre François et l’égérie des opposants les plus radicaux au mariage gay aux Etats-Unis cadre mal avec « l’ouverture » par ailleurs prônée par le pape.

Publié le 30 septembre 2015 à 22h26, modifié le 01 octobre 2015 à 06h51 Temps de Lecture 2 min.

Le Pape François au Vatican le 30 septembre 2015.

Mais à quoi joue le pape François ? L’annonce dans la presse américaine, mercredi 30 septembre, de sa rencontre secrète avec l’égérie des opposants les plus radicaux au mariage homosexuel aux Etats-Unis a brouillé le message qu’il semblait avoir délivré tout au long de son séjour sur place. Les quelques minutes qu’il a passées jeudi 24 septembre à Washington, avec Kim Davis, une greffière du Kentucky, brièvement emprisonnée au début du mois pour avoir obstinément refusé de délivrer des certificats de mariage aux couples homosexuels, n’ont été ni démenties ni commentées par le Vatican. Mais ce soutien de poids à la frange la plus ultra des chrétiens conservateurs américains, donne en tout cas une dimension politique à un séjour aux Etats-Unis que le pape avait qualifié de purement « pastoral ».

Si l’opposition du pape au mariage gay ne fait aucun doute, son choix de conforter une fonctionnaire controversée et désavouée même par une partie du camp conservateur, ne semble pas cadrer avec ses propos d’ouverture, appelant à une Eglise catholique plus inclusive, engagée « dans la construction d’une société tolérante », ainsi qu’il l’a déclaré à la Maison Blanche. Une position qu’il a réitérée tout au long de son voyage aux Etats-Unis, où il a paru éviter avec soin de prendre partie dans « la guerre culturelle » que la hiérarchie catholique sur place, et plus largement les mouvements chrétiens évangéliques – Mme Davis est elle-même chrétienne apostolique –, alimentent au nom de la liberté religieuse.

Position ambiguë

Particulièrement attendu à ce propos, François s’était appliqué à une défense large et globale de ce principe, sans citer d’exemples précis. Il avait notamment dénoncé « un monde où diverses formes de tyrannie moderne cherchent à supprimer la liberté religieuse, ou bien cherchent à la réduire à une sous-culture sans droit d’expression dans la sphère publique, ou encore cherchent à utiliser la religion comme prétexte à la haine et à la brutalité ». Il avait certes rendu une visite surprise à des religieuses, au centre d’une bataille juridique contre le système de santé américain, dit Obamacare, qui oblige les employeurs – y compris leur congrégation – à participer au financement des moyens de contraception de leurs salariés. Mais, parallèlement, il avait aussi loué le travail d’autres congrégations religieuses américaines, réputées elles bien plus libérales sur ces sujets.

C’est dans l’avion qui le ramenait à Rome qu’il a été le plus explicite sur le fond, tout en restant ambigu sur la réalité de sa rencontre avec Kim Davis. « L’objection de conscience est un droit », a-t-il répondu à un journaliste qui lui demandait de réagir expressément au cas d’un(e) fonctionnaire qui refuserait de délivrer des certificats de mariage à des couples homosexuels. « Je n’ai pas en mémoire tous les cas d’objection de conscience », a étonnamment éludé le pape, qui a tout de même insisté sur le fait que « dans chaque institution judiciaire, doit exister un droit de conscience ».

Prisée par les conservateurs, cette initiative du pape a déstabilisé le camp progressiste. Et il n’est pas sûr que ce genre de non-dits contribue à pacifier les débats lors du synode sur la famille, qui s’ouvre lundi 5 octobre à Rome et qui s’annonce tendu.

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