Publicité

Les socialistes face au « problème » Hollande

Manuel Valls, lors de la réunion du groupe PS à l'Assemblée, mardi à Paris. PIERRE ANDRIEU/AFP

Les députés PS cachent de moins en moins leurs doutes vis-à-vis du président.

Voilà ce qui s'appelle mettre les pieds dans le plat. Mardi matin, le député socialiste du Pas-de-Calais Guy Delcourt prend la parole, au cours de la réunion du groupe PS à l'Assemblée. C'est la première fois qu'elle se tient depuis les élections européennes, calamiteuses pour leur parti. Dans un silence de plomb, face à Manuel Valls, cet élu discret qui n'est ni un frondeur, ni le chef de file d'une des chapelles du parti lâche: «La relation de François Hollande avec les Français pose un vrai problème.» L'élu, que François Hollande avait l'habitude d'appeler les soirs d'élection lorsqu'il était patron du PS, ajoute sans la moindre agressivité: «C'est lui rendre service de le lui dire.»

Dans la salle, personne ne réagit. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, est figé comme un personnage de cire tandis que Manuel Valls s'emploie, selon un participant, «à n'exprimer aucun sentiment sur son visage». «Tout le monde avait un masque», ajoute ce témoin. «S'il y avait eu des réactions, commente un député, on serait rentré dans une discussion terrible pour le président.»Laurent Baumel, chef de file de la Gauche populaire, artisan avec d'autres de la fronde contre le pacte de responsabilité et les 50 milliards d'économies, n'en revient pas: «Si on avait dit ça, il y aurait eu une bronca. On nous aurait sortis immédiatement de la réunion.»

Les socialistes redoutent un nouveau 21 avril en 2017

Guy Delcourt a crevé un abcès. Il a dit à voix haute ce que beaucoup de socialistes confient loin des micros. Le président, qui enfonce des records d'impopularité, ne parvient pas à nouer un lien avec les Français. Il y a un hiatus entre le message qu'il adresse et le message qu'ils attendent. Beaucoup estiment d'ailleurs que l'allocution prononcée lundi soir par le chef de l'État était malvenue, «décalée», «pas opportune», «beaucoup trop techno», «incompréhensible». «Il faut qu'il arrête de prendre la parole cinq minutes de temps en temps», râle un socialiste.

«Le dialogue direct entre le président et les Français doit être renforcé dès maintenant et jusqu'à la fin du quinquennat», admet le député de Seine-et-Marne Eduardo Rihan Cypel, ancien porte-parole du Parti socialiste. François Hollande est désormais ouvertement un problème pour des socialistes qui redoutent un nouveau 21 avril en 2017.

Mardi, l'ambiance devait être remuante lors de la réunion du groupe. Elle a été, selon Valls, empreinte de «gravité». «À l'enterrement, celui qui fait autre chose que pleurer ou dire du bien du mort est incompris. Les intervenants critiques n'avaient pas d'espace. C'était une catharsis, pas une réunion politique», déplore le député PS de Paris Pascal Cherki. «Mais je pense que cela se décantera rapidement.»

« Face au FN, il faut faire bloc, en écoutant les Français »

Manuel Valls

Accompagné des ministres Michel Sapin (Finances), Marisol Touraine (Affaires sociales) et Christian Eckert (Budget), le premier ministre pensait qu'il lui serait possible de parler du collectif budgétaire et du projet de loi rectificatif de financement de la Sécurité sociale. Il n'en a pas eu le loisir. Durant deux heures, il a livré aux troupes socialistes son analyse des européennes et a écouté patiemment les députés. Les résultats de dimanche ne sont «pas une surprise», a fait valoir le premier ministre, affirmant que «personne ne pouvait croire qu'on pouvait inverser la tendance en huit semaines» après la déroute des municipales.

«Face au FN, il faut faire bloc, en écoutant les Français», a insisté Manuel Valls, appelant les socialistes à être «unis», à obtenir «des résultats, au-delà des annonces» et à «amplifier» la baisse des impôts pour redonner pouvoir d'achat et confiance aux Français. Pas de changement de politique à l'horizon donc. «Il n'y a pas d'alternative à gauche», a lancé le premier ministre en s'appuyant sur les scores médiocres des écologistes et du Front de gauche aux européennes. Au terme de son allocution, Manuel Valls n'a pas été applaudi.

Les socialistes face au « problème » Hollande

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
112 commentaires
  • lebrun10

    le

    C' est aux socialistes de forcer Hollande à se démettre de sa fonction présidentielle en le menaçant de l' exclure du PS pour incompétence face à l' opinion internationale .
    On possède leur jugement sur l' intéressé depuis longtemps...
    Martine Aubry:
    «Arrêtez de dire qu’il travaille. François n’a jamais travaillé, il ne fout rien.» Avril 2011. «Il n’est pas fiable.» Juin 2011.
    «Il n’a aucune épine dorsale, il manque de caractère.»
    «Quand on veut diriger la France, il faut dire ce que l’on va faire. On ne peut pas rester dans le flou. François Hollande a changé trois fois d’avis en trois jours». Octobre 2011.
    «Il représente la gauche molle». Octobre 2011.
    «Le système a créé son candidat et nous a matraqués de sondages». Octobre 2011.
    Laurent Fabius:
    «Franchement vous imaginez François Hollande Président de la République? On rêve!» Avril 2011.
    «Une fraise des bois peut-elle cacher un éléphant?» Juin 2011

  • Get33

    le

    Pour la première fois dans notre Histoire, un Président de la République qui n'était plus il y a peu qu'à 3% d'opinions favorables et qui tend aujourd'hui vers 0%, va bientôt atteindre une cote de popularité ... négative.

À lire aussi