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Philippe Bilger : «Les Femen, icônes de la bêtise moderne»

Femen posant dans le tribunal après l'audition de leurs neuf consœurs. THOMAS SAMSON/AFP

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Philippe Bilger revient sur l'audition des Femen par les tribunaux parisiens, et s'insurge contre leurs cibles et leurs méthodes, inefficaces et démagogiques.


Chaque semaine Philippe Bilger prend la parole, en toute liberté, dans FigaroVox.

Suivez-le sur son blog, Justice au singulier.


Enfin on évoque les Femen comme il convient: pour leur comparution devant un tribunal correctionnel.

Neuf d'entre elles sont en effet poursuivies pour leur «action», seins nus, le 12 février 2013 à Notre-Dame de Paris. Elles se voient reprocher «des dégradations de biens en réunion dans un lieu de culte». Elles avaient à cette occasion tagué des slogans ayant trait à la renonciation de Benoît XVI. Le service d'ordre qui les avait expulsées avait cassé une dent chez l'une et tiré les cheveux d'une autre. Protestant contre ces violences, elles avaient sans doute ainsi conduit le ministère public à ne pas retenir que leur responsabilité exclusive. Une amende de 1500 euros était requise à l'encontre de ces prévenues pour une fois non dépoitraillées et calmées.

Une autre Femen, ayant depuis quitté le mouvement, n'avait rien trouvé de mieux, toujours seins nus, que de mimer un avortement sanglant - avec des morceaux de foie de veau - sur l'autel de l'église de la Madeleine. Le tribunal correctionnel appréciera cette misérable exhibition sexuelle le 11 juillet.

Il suffit de relater succinctement ces ridicules et scandaleuses pitreries pour voir de quoi elles étaient faites: un zeste de provocation facile avec un vernis vaguement politique et beaucoup de vulgarité à l'égard du sacré.

Il est triste de devoir admettre que ce mélange - ne pas oublier la nudité des poitrines, qui, entre compassion - elles allaient prendre froid!- et excitation - l'idéologie à fleur de peau! -, a servi un temps la cause de ces femmes déboussolées - n'a pas seulement convaincu de sa pertinence une Caroline Fourest énamourée n'en revenant pas de pouvoir satisfaire à la fois ses yeux et son esprit mais aussi une multitude de gogos tout émoustillés.

Il est triste de devoir admettre que ce mélange n'a pas seulement convaincu de sa pertinence Caroline Fourest mais aussi une multitude de gogos tout émoustillés.

Il y a les méfaits du snobisme en art mais on oublie trop souvent qu'il fait aussi des ravages dans le domaine «sociétal», comme on dit aujourd'hui depuis que la gauche de gouvernement a décidé de substituer à l'écoute raisonnable et responsable de la société les brumes sociétales qui enserrent le citoyen dans un totalitarisme mou, dans un halo de bienveillance obligatoire où l'exception domine la règle, la dissidence la majorité et la transgression la normalité.

Les Femen ont joué à la perfection sur ce registre de l'incongru et de l'indécent, certaines, pour les plus lucides et les inspiratrices de ce canular durablement pris au sérieux, que rien ne serait plus efficace, avec l'habit du progressisme sur leurs poitrines, que ces «coups» venant cibler juste ce qu'une certaine classe intellectuelle et médiatique se plaît à révérer: la détestation du catholicisme qui, longtemps, ne s'est pas défendu mais a tendu l'autre joue et le culte d'un progressisme jamais défini mais se traduisant par des poussées régulières dans l'odieux et l'irrespect.

Il faudra remercier les Femen qui ont montré que la modernité sécrète de la bêtise à en pleurer.

Des femmes, des seins nus, la guerre des sexes, la profanation d'églises, l'éloge du désordre spontanéiste, la démagogie béate de cette caste ne voulant pas prendre le risque de rater la dernière audace, l'ultime stupidité jusqu'à la prochaine: on a tous les ingrédients qui fabriquent les conservateurs se contentant de rêver d'hier et suscitent les réactionnaires qui, actifs, n'aspirent à faire renaître, du passé, que ce qui fera du bien au présent.

Il faudrait remercier les Femen qui nous ont fait sortir de l'indifférence navrée ou impuissante. Elles seront sans doute condamnées mais elles ont montré que la modernité secrète de la bêtise à en pleurer.

Philippe Bilger : «Les Femen, icônes de la bêtise moderne»

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43 commentaires
  • Fredort

    le

    Comment peut-on exprimer de telles opinions sans qu'il n'y ait un droit de réponse autre que les réactions des lecteurs (réactions que personne _ ou pas grand monde_ ne lisent).
    En désaccord total avec ce monsieur.

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