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Conférence sociale : face à Hollande, CGT et FO choisissent la rupture

VIDÉOS - Les leaders de FO et de la CGT ont annoncé que leurs organisations boycotteront les sept tables rondes de la conférence sociale mardi. Une décision inédite qui constitue un camouflet pour François Hollande.

Thierry Lepaon et Jean-Claude Mailly ont mis leur menace à exécution. Les dirigeants de la CGT et de FO ont annoncé que leurs organisations - qui ont recueilli les voix de près d'un salarié sur deux lors des élections dans les entreprises - boycotteront la seconde journée de la grande conférence sociale qui s'est ouverte lundi à Paris. Non seulement elles ne participeront à aucune des sept tables rondes, mais elles ignoreront aussi le discours de clôture du premier ministre qui doit fixer l'agenda social des négociations à venir.

Cette décision est une première dans l'histoire de la République et marque un vrai tournant dans les relations sociales en France. Jamais un dirigeant syndical ou patronal n'avait en effet refusé de se rendre à un «sommet social» organisé par l'exécutif. Même sous Nicolas Sarkozy, au plus fort de la crise en 2009 ou lors de la contestation contre la réforme des retraites un an plus tard, aucun n'avait jamais manqué à l'appel.

Tout juste l'ancien patron de la CGT, Bernard Thibault, avait-il refusé, début 2011, de se rendre à la traditionnelle cérémonie de vœux de début d'année. «Et pourtant, que n'entendait-on pas à l'époque comme critiques sur l'absence de respect du dialogue social ou des corps intermédiaires!», se rappelle, non sans une certaine ironie, un conseiller ministériel de l'ancienne majorité.

Marquer les esprits

Mécontentes de voir les revendications patronales systématiquement prises en compte par le gouvernement, la CGT et FO ont donc décidé de taper fort, pour marquer les esprits et donner aussi des gages à leur base, extrêmement remontée contre l'exécutif. Toutes deux sont d'abord viscéralement opposées au pacte de responsabilité mis en œuvre par le président de la République et qui doit se traduire par une baisse de 41 milliards de prélèvements sur les entreprises en trois ans. Un plan qu'elles ont d'ailleurs rebaptisé «pacte d'austérité» puisqu'il doit être financé, pour tout ou partie, par des économies drastiques de dépenses publiques qu'elles jugent «récessives».

Mais la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est l'interview accordée mercredi par Manuel Valls aux Échos, dans laquelle il annonçait un report partiel du compte pénibilité et la simplification du Code de travail, notamment en réglant la délicate question des seuils sociaux. Non seulement Manuel Valls est accusé d'avoir cédé à de vieilles revendications du Medef, mais il a en outre pris sa décision de manière unilatérale, sans en avoir discuté au préalable avec les syndicats.

Un «casus belli» de trop

Pour Thierry Lepaon et Jean-Claude Mailly, c'est un véritable casus belli. Les deux hommes ont donc accordé leurs violons pour «marquer le coup» en organisant le boycott de la seconde journée de la conférence sociale. Même Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, condamne «une rupture du dialogue social», sans aller jusqu'à déserter la réunion. Ironie de la situation, ce sont finalement FO et la CGT qui pratiqueront la politique de la chaise vide, alors que la menace de ne pas assister à la conférence sociale avait été lancée, il y a deux semaines, par le patronat.

«Le gouvernement pratique le dialogue social avec le Medef, c'est un vrai bug», s'est justifié Jean-Claude Mailly, après un huis clos de deux heures avec le chef de l'État. «Il n'est pas question pour la CGT de cantonner le syndicalisme tout entier dans un rôle de figuration, particulièrement méprisant pour l'exercice de la démocratie sociale et qui divise les organisations syndicales, a abondé Thierry Lepaon. Le discours du premier ministre ne mérite pas notre présence à ses côtés.»

Cette décision de FO et de la CGT de ne pas participer à la seconde journée de la conférence sociale est en tout cas un vrai camouflet pour François Hollande qui avait fait du dialogue social et du respect des syndicats la pierre angulaire de sa méthode de réforme. Par leur initiative inédite, Thierry Lepaon et Jean-Claude Mailly ont tenté de faire passer un double message au président: changer de politique économique et écouter les revendications des salariés. Pas sûr qu'ils aient été rassurés par la réponse du chef de l'État qui, dans son discours, a justifié le pacte de responsabilité mis en œuvre et jugé que le dialogue social «ne peut pas être une perpétuelle surenchère».

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