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Conférence sociale : le Medef fait monter les enchères

Selon le ministre du Travail, François Rebsamen, « toutes les améliorations sont encore possibles » sur la pénibilité.

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« Il y a une proposition ou un projet de loi antiéconomique tous les quinze jours, avec toujours plus de contrainte, de fiscalité, ce n’est plus possible », Pierre Gattaz, président du Medef AFP PHOTO / JEFF PACHOUD

Par Marie Bellan, Pierre-Alain Furbury

Publié le 30 juin 2014 à 18:13

On pourrait appeler cela la riposte graduée. Le dimanche, une tribune commune au patronat qui appelle à poursuivre et amplifier les réformes – un texte « bien calibré au niveau des exigences pour ne pas être incompatible avec le gouvernement », selon un ministre. Le lundi, une interview pour menacer de boycotter la grande conférence sociale. Hier, sur Europe 1, Pierre Gattaz a haussé le ton : « Il y a une proposition ou un projet de loi antiéconomique tous les quinze jours, avec toujours plus de contrainte, de fiscalité, ce n’est plus possible », a-t-il asséné. Une façon de montrer qu’il ne s’en laisse pas compter par l’exécutif et que la confiance doit être restaurée. « La ligne politique est illisible, on ne leur fait plus confiance », tranche un responsable patronal.

En cause ? La baisse de la fiscalité, dont le patronat attend qu’elle soit inscrite dans la loi de Finances rectificative pour les trois prochaines années. La pénibilité surtout, dont le gouvernement souhaite maintenir la mise en œuvre pour début 2015, contrairement à ce que demandait le patronat, et contrairement à ce qu’il semblait avoir compris de François Hollande lui-même.

« On s’est fait flouer, tout simplement », s’indigne-t-on au Medef. « Pourtant, tout le monde aurait intérêt à un report si on veut que les choses se passent convenablement », estime l’entourage du président du Medef. Même la CFDT en était d’accord, soutient-on avenue Bosquet, ce que dément formellement la centrale syndicale. Si l’exécutif s’est bien engagé à ce que la déclaration des points de pénibilité ne soit faite que fin 2015, les droits des salariés, eux, démarrent au 1er janvier 2015. C’est bien là toute l’ambiguïté qui est à l’origine de l’actuel malaise.

Jouant l’apaisement, le ministre du Travail, François Rebsamen, a laissé entendre hier que les décrets n’étaient pas figés et « que toutes les améliorations sont encore possibles ». « Ce qui compte, c’est que les choses se fassent, que le pacte de responsabilité aille au bout et porte ses fruits », dit l’entourage de François Hollande.

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« C’est vraiment pénible »

Officiellement, l’Elysée et Matignon prennent soin de ne pas mettre de l’huile sur le feu en ce « moment décisif du quinquennat ». « Ce n’est ni notre intérêt ni notre volonté. L’énervement ne sera jamais de notre côté. On connaît la position du patronat ; ils connaissent notre détermination », insiste un proche du chef de l’Etat. En privé, en revanche, beaucoup, au sommet de l’Etat, ne cachent pas leur irritation devant les « postures » du patron des patrons. Un homme « compliqué et imprévisible », qui « noircit sans cesse le tableau » et « plombe une confiance » que François Hollande a toutes les peines à restaurer. « C’est très énervant. Ça ne va jamais. Quoi qu’on fasse », fustige un ministre, rappelant que la politique « pro-business » a été assumée et accélérée. Un autre raille « le côté enfantin du patronat :“s’il n’y a pas ça, on ne vient pas !’’ » jugeant « étrange qu’il ne puisse pas être dans une attitude de responsabilité ». « Pierre Gattaz se moque de nous. C’est vraiment pénible ! Il reproche au gouvernement de faire du stop-and-go. Mais c’est lui qui fait du stop-and-go », s’énerve un haut responsable.

La tension est telle que certains aimeraient que le chef de l’Etat, « en position d’équilibre entre ses “frondeurs” au PS et ses grognons au Medef » (dixit un hollandais), tape un peu du poing sur la table en ouvrant, lundi, la conférence sociale. « Il y aura besoin d’un cadrage au plus haut niveau », prévient un ministre. « Il faut un message d’engagement et d’exigence », insiste un conseiller, qui attend que le patronat fasse « sa part du job ». Et cette fois, prévient-il, en allusion aux promesses du Medef de créer 1 million d’emplois, « on ne se contentera pas d’un pin’s ».

Au sein de l’exécutif, personne ne croit, en tout cas, que le Medef ira jusqu’à boycotter la conférence sociale. Parmi les négociateurs sociaux du patronat, on trouve peu de partisans de la politique de la chaise vide. Mais cela ne veut pas dire que la base, elle, n’adhère pas à cette option. C’est d’ailleurs pour lui donner des gages que le patron du Medef brandit cette menace. Et parce que lui-même doute de l’intérêt de ces grand-messes. La portée symbolique d’un boycott serait toutefois telle que les organisations patronales y réfléchiront à deux fois.

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