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Vers une nouvelle hausse du prix de la redevance télé ?

Chaque année, environ 180 000 foyers de plus s'acquittent de la redevance. 21562759/contrastwerkstatt - Fotolia

L'État va supprimer la subvention de 300 millions d'euros à l'audiovisuel public. En revanche, il conserve les 200 millions de la taxe télécom.

Le téléspectateur et France Télévisions vont payer le prix fort des restrictions budgétaires annoncées par le gouvernement mercredi. La coupe est franche pour le secteur, dont la dotation budgétaire va être divisée par dix d'ici à 2017, passant de 292 millions d'euros en 2014 à 29 millions dans trois ans.

À cette date, le financement des sociétés de l'audiovisuel public, dont France Télévisions, sera «intégralement assuré par le produit de la redevance», assure Bercy. Depuis longtemps, Rémy Pflimlin, le président de France Télévisions, soutient que la redevance est l'instrument le plus sûr pour conforter l'indépendance de l'audiovisuel public.

N'empêche. Se pose aujourd'hui la question des moyens. Car il va bien falloir compenser la perte de 300 millions d'euros de dotation par an. Dans l'entourage d'Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, on assure que cette perte pourrait être comblée par un double mouvement. D'une part, l'État peut tabler sur une augmentation régulière de la redevance résultant de son indexation automatique sur l'inflation. Tous les ans, précise-t-on dans l'entourage de Mme Filippetti, cette mécanique permet d'ajouter 2 euros supplémentaires, soit une manne de 50 à 60 millions d'euros. D'autre part, le ministère compte sur une «dynamique naturelle» du nombre de foyers payant la redevance. Chaque année, environ 180.000 foyers de plus s'acquittent de cette contribution, ce qui rajoute encore 24 millions d'euros. Mais dans le même temps Manuel Valls a assuré qu'en 2015 1,8 million de foyers sortiront de l'impôt!

Du coup, il reste deux pistes. Soit une hausse massive du prix de la redevance, actuellement fixée à 133 euros, soit un élargissement de l'assiette de cette contribution.

« La solution la plus pertinente consiste encore à négocier au coup par coup une petite augmentation de la redevance »

Patrick Bloche (PS), président de la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale

Mais ces deux pistes sont ultrasensibles. La réforme de l'assiette de la redevance télé, déjà évoquée à plusieurs reprises, a été écartée jusqu'à présent. En 2013, cette option avait même été exclue par le ministre du Budget d'alors, Jérôme Cahuzac. L'idée de la réforme consiste à étendre la redevance à tous les supports sur lesquels on peut regarder la télévision (tablettes, ordinateurs…). En février dernier, Véronique Cayla, la présidente d'Arte, s'était déclarée favorable à une telle mesure, rappelant que l'Allemagne l'avait récemment mise en œuvre. «Je suis totalement hostile à cette idée, une telle mesure va obliger des gens à payer la redevance du jour au lendemain», indique de son côté Patrick Bloche (PS), le président de la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale. De quoi renforcer, en somme, l'impopularité du gouvernement. «C'est vrai que cette refonte est séduisante sur le papier, mais attention aux effets pervers, notamment sur les jeunes, qui ne sont pas forcément les premiers consommateurs de la télévision publique», met en garde Franck Riester, député UMP de Seine-et-Marne siégeant à la commission culturelle.

Autre piste, une hausse massive du prix de la redevance comme cela le cas en 2013 quand la redevance avait connu une hausse exceptionnelle de 6 euros. Le sujet devrait revenir sur la table, lors des discussions budgétaires de l'automne 2014. «La solution la plus pertinente consiste encore à négocier au coup par coup une petite augmentation de la redevance», estime Patrick Bloche.

Pour pallier la baisse des crédits, France Télévisions peut aussi être mis à contribution. D'une part, le groupe pourrait augmenter ses recettes par l'extension de la diffusion de la publicité jusqu'à 21 heures sur les chaînes de France Télévisions, comme le réclame Rémy Pflimlin. Problème: ce scénario n'a pas les faveurs d'Aurélie Filippetti. Et au vu du contexte publicitaire morose, il a peu de chance d'aboutir.

D'autre part, France Télévisions peut trouver de nouvelles économies de fonctionnement. Patrick Bloche estime «qu'en période de baisse des recettes, il faut savoir ajuster les dépenses».

Au passage, le député Franck Riester soulève une incongruité. «Par une espèce de tour de passe-passe, l'État va essayer de réaugmenter la redevance alors que la taxe telécom, qui a été votée pour compenser l'arrêt de la publicité sur France Télévisions, génère environ 200 millions d'euros par an. Déjà, en 2014, l'État a conservé pour lui 85 millions d'euros. En 2015, l'État gardera l'intégralité de cette manne!», constate le député UMP. Les télécoms n'ont pas tardé à réagir. «On peut se poser la question de la légitimité de maintenir la taxe télécom dès lors que l'alibi de l'alimentation de l'audiovisuel public n'existe plus», constate Yves Le Moël, le président de la Fédération française des télécoms. Il ajoute cependant que «cette taxe ayant été validée par la Cour de justice européenne, il sera difficile de revenir dessus».

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234 commentaires
  • Bridgi

    le

    taxer l'air que l'on respire aussi ???????
    ce gouvernement est en dessous de tout, augmenter les impôts, les supprimer pour certains, augmenter des taxes, que cherche-t-il ? la porte de sortie ?????? il y va tout droit

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