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Élections européennes : Hollande se prépare au pire

François Hollande à l'Élysée, le 7 mai. CHRISTIAN HARTMANN/AFP

Le chef de l'État devrait intervenir au lendemain d'un scrutin qui s'annonce calamiteux pour le PS.

Le compte à rebours vers un désastre annoncé est lancé. À une semaine des européennes, François Hollande ne se fait guère d'illusions sur l'issue du scrutin pour le PS. S'il avait été surpris par l'intensité du désaveu infligé par les électeurs aux municipales, il s'attend au pire dimanche. «Ce scrutin s'annonce difficile», reconnaît un conseiller élyséen. «Cela fait longtemps que le président a intériorisé le fait que le résultat serait très mauvais, confirme un proche. Avant les municipales, il avait écouté les sondeurs qui avaient assuré que la dimension locale et le bilan des maires atténueraient la claque. Avec les européennes, il y aura moins d'effet de surprise, de sidération.»

Le chef de l'État, qui devait initialement s'exprimer cette semaine sur la réforme territoriale, devrait différer cette intervention. En revanche, il réfléchit à une prise de parole au lendemain des européennes. Une intervention qui porterait sur le terrain national (selon le score obtenu par le FN) ou sur le terrain européen et le nouvel équilibre des forces politique en Europe. «Il s'exprimera en tant que chef de l'État, note une source gouvernementale. Il tirera les conséquences de ces élections.»

Contrairement aux municipales, Hollande et le gouvernement se sont impliqués dans la campagne, au côté du PS, pour tenter d'éviter le pire. «On a décidé de réveiller notre électorat», explique le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Le président est intervenu à plusieurs reprises, notamment en publiant une tribune dans Le Monde pour mettre en garde contre les populismes. Quant au premier ministre, Manuel Valls, il a annoncé coup sur coup deux mesures de gauche, censées rassurer un électorat déboussolé par la politique menée depuis deux ans: le «décret Montebourg» soumettant à autorisation préalable les investissements étrangers et l'annonce de baisses d'impôt pour les plus bas revenus. «Le gouvernement veut tenter d'éviter la grosse calotte, analyse le porte-parole des députés PS, Thierry Mandon. Même si ces décisions participent davantage d'une stratégie de reconquête de moyen terme que d'une tentative d'engranger des gains à court terme.»

«Dos au mur»

Au sommet de l'État, comme au PS, les stratèges ne cachent pas leur inquiétude. «Ce sera pire que ce qu'on pense», soupire un ténor du Parlement. «Sur le terrain, on sent une agressivité qu'il n'y avait pas aux municipales», observe un dirigeant PS, qui espère que le score de son parti se situera au-delà de 17 %, parce qu'«en deçà, ce serait vraiment grave». La semaine dernière, un sondage CSA donnait le FN en tête (25 %) devant l'UMP (21 %) et le PS (18 %). À l'Élysée, le président s'inquiète d'une probable troisième position pour le PS. «Si le PS arrive derrière l'UMP et le FN, il y en aura toujours pour transposer ce résultat à la présidentielle, s'inquiète un proche. La question d'un 21 avril bis va tarauder la gauche.»

Mais si la défaite du PS est aussi forte qu'annoncé, Hollande n'a plus beaucoup de cartouches à tirer pour contre-attaquer, si ce n'est la réforme territoriale, sur laquelle il mise pour rebondir. «L'exécutif s'est mis en situation d'enjamber les européennes, souligne un haut dirigeant PS. On a tout changé après les municipales, on ne va pas continuer à changer, ça n'a pas de sens. Hollande ne va pas non plus renoncer aux mesures prises, ni changer sa ligne.» «Il est dos au mur», constate un cadre PS.

Reste qu'un nouveau désaveu électoral risque de conforter les élus PS frondeurs, qui réclament une nouvelle ligne économique et davantage de «boussoles de gauche». «Si nous subissons une deuxième catastrophe électorale, doublée d'un bon score du FN, Hollande pourra difficilement dire: “on continue, on accélère”», prévient le député Christian Paul. Les socialistes qui se sont abstenus lors du vote sur le programme de stabilité le 29 avril préparent une nouvelle offensive pour le projet de budget rectificatif de la Sécu, qui prévoit un gel des prestations sociales. Ils dévoileront des propositions au lendemain des européennes. «Si le FN devient le premier parti de France, cela balayera toute autre considération», relativise un proche du président.

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