Les confidences TGV de Sarkozy

L'ancien président a adressé jeudi une nouvelle «carte postale» aux Français. Et s'est livré à des confidences sur Hollande, l'état du pays etâ?¦le «devoir» d'un président.

Les confidences TGV de Sarkozy

    Il a le teint hâlé, l'Å?il qui pétille et cette barbe de trois jours qu'il entretient avec soin. « Le jour où je vais la raser, il faudra faire attention, hein, ce sera peut-être un signe », plaisante-t-il en grignotant un biscuit au chocolat. En déplacement en Charente-Maritime pour décorer de la Légion d'honneur le maire UMP de Châtelaillon-Plage, Jean-Louis Léonard, Nicolas Sarkozy s'est confié à quelques journalistes, hier matin, dans le TGV au départ de Paris. On sent qu'il brûle de commenter l'actualité. Mais à propos de la séparation Hollande-Trierweiler, il se fait d'une prudence de Sioux. « Quand on est président, on a un devoir », se contente-t-il de lâcher de manière générale. « C'est triste », ajoute-t-il en secouant la tête.

    Un de ses proches se montre nettement plus explicite : « On est ridicule dans le monde entier avec cette affaire. Cela a été mal géré de bout en bout. Le communiqué de rupture adressé à l'AFP est d'une goujaterie sans nom. »

    Sarkozy, lui, évite de s'aventurer trop franchement sur le terrain glissant de la vie privée, même si son épouse, Carla, va adresser prochainement un mot de soutien à Valérie Trierweiler. On l'a suffisamment épinglé sur le sujet. Tout juste précise-t-il que le débat sur le maintien d'une première dame à l'Elysée n'est pas tranché à ses yeux : « Pourquoi faut-il conceptualiser à partir d'une épreuve personnelle qui n'appartient qu'aux intéressés? Si les Français choisissent d'élire un président célibataire, ce sera leur volonté et, par définition, elle sera respectable. Mais c'est à eux de déciderâ?¦ »

    La présidentielle, évidemment, il y pense. S'il assure ne pas en faire une obsession, Sarkozy n'est pas insensible aux sondages qui le désignent comme le meilleur candidat de son camp : « Quand je regarde la situation par rapport à certains de mes prédécesseurs, je dois remercier les Français. Je suis exactement dans l'état d'esprit de mon discours de la Mutualité (NDLR : prononcé au soir de sa défaite en 2012). Je leur dis merci, merci et encore merci. Je ne veux pas faire le faux modeste, ni le faux discret. Oui, un jour, il faudra que je parle, et je parlerai. Mais ce moment n'est pas venu. »

    Et d'ajouter : « Je suis dans la réflexion. J'ai besoin de ce calme, de ce recul. Je n'ai pas d'amertume, j'ai été battu de si peu. » On devine que l'ancien locataire de l'Elysée n'a aucune envie de se plier au jeu de la primaire de l'UMP. Il ne se voit pas ferrailler dans une bataille interne contre ses anciens ministres. Il laisse entendre que ce sont les Français, et eux seuls, qui décideront s'il peut concourir à nouveau en 2017. « Je ne veux pas faire comme si je n'avais pas été élu, cela compte dans la vie d'un homme. Je ne peux pas considérer que je sois tout à fait libre vis-à-vis de cela. Quand on a été président, cela crée des devoirs », prévient-il, comme un avertissement à ses éventuels concurrents.

    Il ne s'attarde pas sur le sujet. La situation économique de la France l'inquiète, dit-il. Il n'exclut pas des violences dans la rue. Quant au virage libéral de François Hollande, ses gestes en faveur des entreprises salués par le patronat et une partie de l'UMP, il relativise : « Vous me dites qu'il y a une baisse des charges? Où? Vous voudriez que je réagisse à des annonces? Rien d'important ne m'est arrivé [aux oreilles]. » A trois ans de la présidentielle, le match retour est peut-être déjà lancé.