« Gelez les bonus des grands patrons, pas le point d'indice ! », « Salaires gelés, cote de popularité congelée » : les syndicats – FDT, CFTC, CGT, FA-FP, FSU, Solidaires et UNSA – de fonctionnaires ont lancé un avertissement au gouvernement, jeudi 15 mai, dans le cadre d'une journée nationale d'action pour la défense de leur rémunération.
Plus de 110 manifestations étaient organisées partout en France, notamment à Marseille (entre 3 200 personnes et 31 000), à Strasbourg (près de 2 000), à Nantes (près de 2 500), à Lyon (entre 2 700 et 5 000), à Toulouse (entre 3 100 et 10 000) ou à Bordeaux (entre 2 000 et 6 000).
A Paris, où plusieurs milliers de fonctionnaires ont défilé en présence des chefs de file des principaux syndicats. « La croissance est à zéro (...) car les salaires sont trop bas », a résumé le leader de la CGT, Thierry Lepaon, alors que Laurent Berger (CFDT) évoquait « la défense de tous ceux qui n'arrivent pas à boucler leur fin de mois ».
La CGT a estimé qu'au niveau national, la mobilisation était « très importante », l'estimant au-delà des 300 000 manifestants. A titre de comparaison, la dernière mobilisation du 18 mars avait rassemblé quelque 240 000 personnes, selon la CGT. Selon le ministère de la fonction publique, il y avait 8,01 % de grévistes dans la fonction publique d'Etat, 12,73 % dans l'hospitalière et 6,46% dans la territoriale.
« UN BESOIN ÉCONOMIQUE »
François Hollande n'avait jusqu'ici été confronté qu'à une seule journée d'action unitaire (CGT, FSU et Solidaires) de fonctionnaires au début de 2013. Mais le mouvement, qui portait déjà sur le pouvoir d'achat, n'avait pas fait le plein.
Cette fois, les syndicats réclament un dégel du point d'indice, qui sert de base au calcul des salaires et n'a pas été augmenté depuis juillet 2010. Pour eux, l'annonce par le gouvernement Valls du maintien de son gel jusqu'en 2017 est « inacceptable ». Cette décision a été une nouvelle fois confirmée, jeudi, par le ministère de la fonction publique.
Selon les dernières données de l'Insee, les fonctionnaires ont bien perdu du pouvoir d'achat. Ceux de la fonction publique d'Etat (FPE) ont gagné en 2012 0,8 % de moins qu'en 2011 en euros constants, ceux de la territoriale 0,5 % et ceux de l'hospitalière 0,6 %. L'année précédente les salaires avaient aussi chuté. C'est lié au gel du point, à l'inflation, mais aussi à la hausse des cotisations retraites, qui doivent s'aligner sur le privé d'ici à 2020.
Une augmentation de 1 % de la valeur du point coûterait 1,8 milliard d'euros pour les trois fonctions publiques, alors que le gouvernement entend économiser 50 milliards d'ici à 2017. Conscient des difficultés des plus bas salaires, le gouvernement leur a accordé un coup de pouce début 2014 (qui sera complété début 2015).
Selon le premier ministre, cela représente « en moyenne 440 euros de salaire net en plus dès l'an prochain pour 1,6 million d'agents ». Les syndicats jugent ce geste très largement insuffisant. « La politique salariale de ce gouvernement, la CFDT n'en veut plus », dit notamment Brigitte Jumel pour qui il s'agit jeudi de dire « stop à la baisse du pouvoir d'achat ».
La mobilisation intervient aussi à quelques jours de l'ouverture, lundi, de négociations au long cours pour remettre de l'ordre dans les parcours professionnels des agents, en revoyant par exemple leurs quelque 1 700 régimes indemnitaires. Son ampleur ne manquera pas d'avoir une incidence sur ces discussions.
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