Valls à Matignon : un « dur » pour le Times, un supporter du Barça pour la Vanguardia
La nomination de Manuel Valls comme Premier ministre suscite la prudence mardi dans la presse européenne, qui détaille aussi la biographie du nouvel hôte de Matignon.
La presse européenne a accueilli lundi soir avec prudence et scepticisme Jean-Marc Ayrault. Le interroge, en Europe.
Une «mission confuse» pour le Handelsblatt
En Allemagne, premier partenaire économique de la France, la Sueddeutsche Zeitung (centre gauche) estime que «les effets [de ce remaniement] ne pourront pas faire long feu». «Les problèmes demeurent : le président doit trouver une stratégie pour ranimer l’économie, redresser les finances, soulager les citoyens et empêcher une fronde au sein de son parti», explique-t-il. Même son de cloche dans le colonnes du quotidien conservateur Die Welt, pour lequel «le changement du Premier ministre et de deux, trois ou 19 ministres n’aura guère d’importance sur le fond, au mieux une valeur psychologique».
De son côté, le quotidien économique Handelsblatt s’interroge sur la «mission confuse» confiée par M. Hollande à Manuel Valls, décrit comme quelqu’un d’«obstiné». Enfin, la Frankfurter Allgemeine Zeitung (libéral) rappelle que «pendant longtemps Hollande n’a pas fait confiance à ce Valls envahissant et habitué au succès». «Maintenant, le socialiste de 51 ans doit le sauver de la situation fort épineuse qui est celle de sa carrière présidentielle encore courte.»
«Un dur», pour le Times
En Grande-Bretagne, le Times (conservateur) titre : «Hollande en difficulté nomme un dur au poste de Premier ministre.» Pour The Daily Telegraph (droite), «cette nomination représente une menace potentielle pour le très impopulaire M. Hollande, alors qu’un récent sondage suggère que M. Valls aurait bien plus de chances que son patron de remporter la prochaine présidentielle».
The Guardian (gauche) estime, pour sa part, que le président «Hollande a peiné pour limiter les dégâts (...) après les élections». «L’absence de réaction aurait convaincu les électeurs que le président faisait la sourde oreille» aux demandes d’un changement de gouvernement, commente le quotidien économique The Financial Times.
«Un supporter du Barça qui parle catalan» pour La Vanguardia
Les journaux espagnols mettent, pour leur part, l’accent sur les origines catalanes du nouveau chef de gouvernement. «Hollande met un dur à la tête du gouvernement après l’échec électoral», titre El Pais, de centre gauche, ajoutant : «Le président réagit à chaud au cataclysme des municipales, nomme Premier ministre l’homme politique d’origine catalane Manuel Valls et promet de baisser les impôts pour les salariés.» «Valls, un Espagnol pour un gouvernement de combat», souligne l’autre grand journal espagnol, El Mundo (centre-droit), qui fait aussi de la nomination de Manuel Valls, né à Barcelone, le premier titre de son édition en ligne lundi soir.
Le grand quotidien catalan, La Vanguardia, met lui aussi en avant ses origines catalanes. «Celui qui était jusqu’à présent ministre de l’Intérieur, d’origine catalane, occupera ce poste après la débâcle socialiste aux élections municipales», écrit le journal, qui le décrit comme «un Premier ministre de Barcelone, supporter du Barça et qui parle catalan».
«Le représentant de la droite socialiste» pour la Stampa
En Italie, le quotidien des milieux économiques, Il Sole 24 Ore, présente Manuel Valls comme «le socialiste qui fait un carton chez les électeurs de droite». Appelé à «sauver la gauche française», «durant ces deux dernières années, il s’est fait une réputation de dur, il ne plaît pas à l’extrême gauche qui a souvent demandé sa tête».
La Stampa, le quotidien de Turin (nord), estime qu’il s’agit là «d’un choix hasardeux, que d’aucuns qualifient déjà de ’cohabitation’ entre le président et son Premier ministre, tant les deux hommes semblent différents et incompatibles».
Valls est «unanimement reconnu comme le représentant de la droite socialiste, ’libéral’ en économie et ’républicain’ dans les valeurs», ajoute la Stampa, pour qui il s’agit là en tous les cas d’un «tournant absolu par rapport au social-démocrate Ayrault».
La Repubblica le présente comme un «homme qui suscite des passions fortes, d’amour comme de haine, et que de nombreux commentateurs comparent à Matteo Renzi pour son attitude directe». Pour Il Fatto quotidiano (gauche), cette nomination est «un signal très fort à l’attention des électeurs qui ont voulu punir la gauche lors des élections municipales».
Un homme d’autorité, qui a aussi des origines en Suisse, pour la Télévision romande
Le nouveau Premier ministre français est un homme connu pour son autorité, écrit mardi le journal suisse de référence Le Temps, tandis que la télévision romande a souligné ses origines suisses de Manuel Valls.
« Manuel Valls, connu pour son affirmation d’autorité et son penchant social-démocrate, saura-t-il créer le choc nécessaire pour relancer un pays déprimé et incapable de s’entendre sur un ensemble de réformes connues de tous, mais jamais mises en oeuvre? », s’interroge le journal au lendemain de sa nomination à Matignon
Le président français et son nouveau gouvernement « n’ont plus de marge de manoeuvre, tant la France a gâché son temps, en vivant depuis trop longtemps au-dessus de ses moyens, comme le montrent encore les derniers chiffres de son endettement et sa dérive budgétaire », relève-t-il
Pour l’éditorialiste, « ce dont la France a besoin, ce sont des actes forts, et non d’un « pacte de responsabilité qui camoufle à l’idiot le pourquoi d’une forte baisse inévitable des charges sur le travail et l’entreprise ».
La Télévision suisse romande a rappelé pour sa part les origines suisses du nouveau Premier ministre dont la mère est originaire du canton du Tessin.
Elle a rediffusé un extrait d’une interview réalisée en mai dernier avec celui qui était encore ministre de l’intérieur, où Manuel Valls disait bien connaître la Suisse, un pays où il a passé de nombreuses fois ses vacances. « Ma mère est suisse-italienne, elle a toujours gardé sa nationalité, mes grands-parents vivaient au Tessin », a indiqué M. Valls, qui a lancé « bona sera i Ticinesi », soit « Bonsoir les Tessinois », à la demande du journaliste qui lui demandait de dire quelques mots aux Tessinois.
Selon la presse suisse Manuel Valls parle couramment l’italien et le catalan.
Source AFP