Vénissieux : les élections municipales annulées

Les électeurs de Vénissieux (Rhône) devront se rendre à nouveau aux urnes après l'annulation des élections municipales par le tribunal administratif
Les électeurs de Vénissieux (Rhône) devront se rendre à nouveau aux urnes après l'annulation des élections municipales par le tribunal administratif
AFP

    Les électeurs de Vénissieux (Rhône) devront retourner aux urnes. Le tribunal administratif de Lyon a annulé les dernières élections municipales de cette ville, selon un jugement communiqué aux parties ce mardi,

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    Le tribunal s'est donc rangé sur l'avis rendu par le rapporteur public, le 23 septembre, pour décider de l'invalidation «des opérations électorales des 23 et 30 mars 2014», à l'issue de laquelle deux conseillers d'extrême droite, dont Yvan Benedetti, avaient été élus.

    A l'issue d'une quadrangulaire au second tour, le 30 mars, la maire sortante communiste, Michèle Picard avait été réélue, et deux conseillers d'extrême droite avaient été élus sur la liste « Vénissieux fait front ».

    Le tribunal a par ailleurs prononcé l'«inéligibilité pour un an» de M. Benedetti et d'Estelle Gagon, tous deux élus sur cette liste, ainsi que «la suspension immédiate de leur mandat».

    L'un des deux plaignants, Christophe Girard, candidat DVD-UMP malheureux à Vénissieux (30,40% au second tour) a fait valoir «l'enregistrement d'une liste reconnue comme irrégulière» et affirmait que «de nombreux électeurs (avaient) été empêchés de voter aux abords de plusieurs bureaux de vote».

    Election faussée

    Le préfet du Rhône Jean-François Carenco avait également déposé en avril un déféré demandant d'annuler seulement l'élection d'Yvan Benedetti, - ex-membre du FN, dont il avait été exclu pour s'être qualifié lui-même sur internet d'antisémite, avant de prendre la tête de l'Oeuvre française, groupuscule d'extrême droite radicale dissous à l'été 2013 - et d'Estelle Gagon.

    Dans sa requête, le préfet rappelait que 19 personnes - sur les 49 de la liste de M. Benedetti - n'étaient pas informées qu'elles y figureraient et ont donc été «trompées».

    Dans son jugement, le tribunal a estimé qu'«en dépit de l'apposition de leur signature (...) cinq des personnes dont les noms figurent sur la liste "Vénissieux fait front" n'avaient pas consenti à être candidats à l'élection municipale, tandis que trois autres n'avaient pas consenti à être candidats sur une autre liste que Front national».

    Pour le tribunal, il y a eu une manoeuvre «de nature à fausser le résultat de l'élection municipale».

    De son côté, la maire Michèle Picard a fait part d'un sentiment de «profonde injustice» et de sa «totale incompréhension». «La majorité municipale est sanctionnée alors qu'aucun grief contre notre liste n'a été retenu, ni même évoqué par le tribunal administratif. Un comble!», s'est émue Mme Picard.

    «La liste identitaire menée par Yvan Benedetti est sanctionnée à juste titre, mais son comportement permet à la droite de rejouer la partie», a-t-elle ajouté, précisant qu'elle se donnait le temps de la réflexion «pour décider des suites juridiques à donner» à la décision du tribunal.