Publicité

Loi famille, saison 3 : la Manif pour tous dénonce l'acharnement législatif

JEAN-SEBASTIEN EVRARD/AFP

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Alors que la loi famille fait son retour à l'Assemblée vendredi, la présidente de la Manif pour tous, Ludovine de La Rochère, dénonce la persistance du gouvernement à refuser le dialogue et s'inquiète de la possibilité d'un retour de la PMA.


Ludovine de La Rochère est présidente de la Manif pour tous.


Figarovox: La loi famille, repoussée deux fois, fait son retour à l'Assemblée vendredi. Que reprochez-vous encore à cette loi qui a tout de même été expurgée de ses contenus les plus controversés?

Ludovine de La Rochère: La loi famille n'a pas du tout été expurgée. Que cette loi famille revienne pour la troisième fois au Parlement et que le gouvernement insiste tant pour faire passer coûte que coûte ce projet ne montrent qu'une chose: la persistance du déni de démocratie et la soumission aux lobbys. La majorité actuelle exclut tout dialogue et a refusé systématiquement toutes les propositions d'amendement de l'opposition: les députés et Laurence Rossignol elle-même ont voté contre un amendement qui proposait d'introduire la notion d'intérêt «supérieur» de l'enfant! La secrétaire d'État à la famille a argué qu'il y avait «d'autres intérêts en jeu». L'intérêt de l'enfant, qui dépend intégralement des adultes, est mis en concurrence avec leurs intérêts alors qu'il doit rester prioritaire! Cette proposition de loi n'a qu'un seul objectif: faciliter la vie des adultes et non celle de l'enfant.

À la rigueur, le seul point acceptable serait celui sur la médiation familiale, tout le reste est au mieux inutile, au pire dangereux.

Que cette loi famille revienne pour la troisième fois au Parlement et que le gouvernement insiste tant pour faire passer coûte que coûte ce projet ne montrent qu'une chose : la persistance du déni de démocratie et la soumission aux lobbys.

Le 16 juin, Laurence Rossignol déclarait au Figaro que la PMA pour les homosexuelles n'était «pas un sujet clos». Le manifeste des 343 fraudeuses publié dans Libération met en avant l'inachèvement de la loi Taubira, qui promeut l'homoparentalité tout en n'autorisant pas la PMA et la GPA. Craignez-vous un retour de cette réforme sur la table des négociations?

Nous avons aujourd'hui un problème majeur avec la PMA: celui d'un contournement de la loi. Soyons clairs: depuis le vote de la loi Taubira, les adoptions par des couples homosexuels ont été des reconnaissances par des tribunaux de PMA faites illégalement à l'étranger. Le manifeste des 343 fraudeuses utilise ce hiatus entre la loi (qui interdit officiellement la PMA pour les couples de lesbiennes) et la réalité (des femmes qui vont se faire faire des PMA à l'étranger) pour demander la reconnaissance par la loi de cette réalité. Les lobbys LGBT ont compris que la loi Taubira ne leur sert à rien pour adopter. Certains tribunaux cèdent à la pression et ont récemment reconnu des adoptions. Il existe donc une tolérance, une bienveillance des autorités vis-à-vis d'une pratique illégale qui prive l'enfant de père.

Deux femmes, aussi maternelles soient-elles, ne peuvent pas remplacer un père. Le référent paternel est indispensable pour se construire. Je suis étonnée qu'une époque si férue de psychologie puisse nier cette réalité fondamentale!

Vendredi le tribunal administratif statuera sur le sort de la pétition de la Manif pour tous qui avait été refusée par le CESE. Qu'attendez-vous de cette décision? Que ferez-vous si elle est positive?

En ordonnant au CESE de refuser ces pétitions, la majorité s'est mise dans une situation impossible. En effet, le rapporteur public a considéré que le délibéré du CESE qui a conduit au rejet de la pétition était entaché d'une double «erreur de droit». Si la décision est annulée, le CESE devra étudier la demande des 700.000 signataires, mais la loi ayant été votée, cela va rendre la situation compliquée… Sur le plan juridique et législatif, je ne sais pas encore quelles seront les conséquences d'une telle décision. Mais cela fera en tout cas éclater au grand jour le non-respect des lois et le refus d'entendre le peuple français par des autorités sourdes et aveugles. La pétition avait réuni 700.000 signataires, un événement historique! Son refus net a montré l'arrogance et le mépris d'une majorité qui pensait avoir le vent de l'histoire dans le dos. Compte tenu de cette manière de gouverner, la Manif pour tous a ajouté à son combat pour l'altérité homme/femme, la filiation père/mère/enfant et la famille un autre combat essentiel: celui du respect de la démocratie.

Loi famille, saison 3 : la Manif pour tous dénonce l'acharnement législatif

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
13 commentaires
    À lire aussi