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Aubry, Valls, Duflot, Montebourg, Taubira : qui pour remplacer François Hollande en 2017 ?

FIGAROVOX/ANALYSE - Lors de sa rentrée politique, Arnaud Montebourg a pris position pour une primaire au Parti Socialiste pour désigner le candidat de 2017. Thomas Guénolé dresse la liste des candidats potentiels.


Thomas guénolé est politologue et maître de conférence à sciences po, docteur en sciences politiques (sciences po-cevipof). Il est l'auteur du «petit guide du mensonge en politique» (éditions first, 12€, 158 pages), sorti en librairies le 6 mars 2014.


Les statuts actuels du Parti socialiste prévoient toujours que le candidat du parti à l'élection présidentielle est désigné au moyen d'une primaire doublement ouverte: à tous les électeurs qui veulent venir voter ; à tous les partis de gauche qui souhaitent s'y associer.

Donc, sauf à ce que la direction du PS décide de violer ces statuts, il y aura bien en 2016, comme en 2011, une primaire présidentielle socialiste pour élire le candidat.

A fortiori, si François Hollande renonce à se représenter, par exemple en l'annonçant à mi-année 2016, alors la primaire devient d'autant plus certaine. Question: en l'absence du président sortant, quels pourraient être les candidats en lice?

Sur la forme, son discours serait davantage de gauche que celui du candidat du gouvernement sortant. Sur le fond, en revanche, la sociale-démocrate Martine Aubry n'est séparée du social-libéralisme d'un Manuel Valls que par des nuances.

● MARTINE AUBRY: LA GRANDE FAVORITE.

Martine Aubry est ancienne Première secrétaire du PS. Elle fut ministre de la mise en œuvre des dernières grandes réformes emblématiques de la gauche: notamment les 35 Heures et la CMU. Elle a été finaliste de la primaire présidentielle du PS en 2011, obtenant 1,2 million de voix face au 1,6 million de François Hollande. Sur le papier, elle est donc la plus légitime pour être candidate du PS à l'Elysée, et la favorite pour remporter une éventuelle primaire présidentielle socialiste en 2016.

Sur la forme, son discours serait davantage de gauche que celui du candidat du gouvernement sortant. Sur le fond, en revanche, la sociale-démocrate Martine Aubry n'est séparée du social-libéralisme d'un Manuel Valls que par des différences de degré, des nuances.

● MANUEL VALLS: LE HANDICAP D'ÊTRE SORTANT.

En l'absence de François Hollande, compte tenu de l'ambition élyséenne proclamée et répétée en boucle par l'intéressé depuis plusieurs années, il est hautement probable que Manuel Valls serait candidat. En tant que Premier ministre de François Hollande, il serait par définition le compétiteur assumant le bilan du gouvernement sortant. En l'état actuel des défaites électorales successives depuis 2012, et au regard de la conjoncture socio-économique qui persiste à être dégradée, il partirait très handicapé dans ce scrutin.

Sur la forme, Manuel Valls persisterait dans sa posture de fermeté, de volontarisme et d'homme d'ordre. Sur le fond, il persisterait sur sa ligne sociale-libérale, qui est constante depuis la parution de ses livres-programmes, notamment Pouvoir en 2010.

● ARNAUD MONTEBOURG: LE CHALLENGER SOCIALISTE.

En termes de tradition politique, que ce soit sur l'économie, la place de l'Etat ou la construction européenne, Martine Aubry et Manuel Valls sont dans la continuité d'un Jacques Delors, alors qu'Arnaud Montebourg est dans celle d'un Jean-Pierre Chevènement.

Autant il y a entre Martine Aubry et Manuel Valls une différence de degré, autant il y a entre eux et Arnaud Montebourg une différence de nature. D'un côté, Martine Aubry et Manuel Valls entendent introduire davantage de justice sociale et d'égalité dans le système socio-économique actuel, sans vouloir en changer. De l'autre, Arnaud Montebourg veut changer de système socio-économique: sans passer par la violence, certes ; mais en changer tout de même. En termes de tradition politique, que ce soit sur l'économie, la place de l'Etat ou la construction européenne, Martine Aubry et Manuel Valls sont dans la continuité d'un Jacques Delors, alors qu'Arnaud Montebourg est dans celle d'un Jean-Pierre Chevènement.

Sur la forme comme sur le fond, Arnaud Montebourg continuerait à faire du Montebourg. Il est ainsi en mesure de rassembler l'aile gauche du PS, c'est-à-dire potentiellement un quart à un tiers des votants de l'éventuelle primaire présidentielle socialiste de 2016.

● CÉCILE DUFLOT: l'OUTSIDER ÉCOLOGISTE.

L'on peut espérer pour Europe Ecologie Les Verts (EELV) que ses cadres aient retenu la leçon de la candidature présidentielle d'Eva Joly en 2012 ; qu'ils aient compris que c'était Daniel Cohn-Bendit qui, en termes de stratégie, avait raison ; qu'ils décident donc de faire candidature présidentielle commune avec le PS dès le premier tour de 2017, en échange de suffisamment de circonscriptions pour avoir leur propre groupe parlementaire dans les deux assemblées.

Si donc ils l'ont compris, alors, la candidate la plus légitime pour porter les couleurs des Verts dans la primaire présidentielle socialiste ouverte de 2016 serait Cécile Duflot. Depuis le départ avec fracas de Daniel Cohn-Bendit, de Nicolas Hulot et de Noël Mamère, c'est en effet elle qui, à la fois, bénéficie de la plus grande notoriété et incarne le plus clairement le désaccord avec le cap social-libéral du tandem Hollande-Valls.

Sur la forme, Cécile Duflot resterait probablement dans une posture protestataire, ce qui est dommage car les Verts ont une riche consistance programmatique qu'ils ne savent pas vraiment mettre en valeur dans le débat public. Sur le fond, elle serait sur une ligne socio-économique de relance keynésienne: par les grands travaux écologiques publics, et par les petits travaux écologiques des ménages.

Christiane Taubira serait de très loin la plus susceptible de faire un bon score pour son parti après la loi portant le mariage pour tous.

● CHRISTIANE TAUBIRA: PAS CANDIDATE.

Quand bien même le Parti radical de gauche (PRG) participerait à nouveau à la primaire présidentielle ouverte du PS, il est probable que Christiane Taubira ne serait pas candidate. Certes, elle serait de très loin la plus susceptible de faire un bon score pour son parti après la loi portant le mariage pour tous. Cependant, en termes de potentiel électoral, compte tenu de ses opinions en matière socio-économique, sa candidature ferait double emploi avec celle d'Arnaud Montebourg, et reviendrait à diviser les forces de la gauche non extrême opposées au cap social-libéral. Elle soutiendrait donc probablement la candidature d'Arnaud Montebourg, comme elle le fit déjà lors de la primaire de 2011.

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114 commentaires
  • Gwendal1

    le

    la , pourquoi ne pas songer aux méthodes de 1795 .

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