Hollande a la passion des commissions

Sommet social. Maigre bilan pour la conférence sociale, boudée par quatre syndicats. Du coup, il y a eu peu d'annoncesâ?¦mais des créations de nouveaux comités Théodule !

Hollande a la passion des commissions

    « L'Ã?tat est jugé trop lourd, trop lent, trop cher. Il est vrai que son organisation apparaît de plus en plus mystérieuse avec ses agences, ses opérateurs, ses autorités », clamait le 7 janvier le président, bien décidé à mettre les administrations au régime sec, au nom de la chasse au gaspi et des 50 milliards d'économies à trouver. Ce qui ne l'a pas empêché, tout comme Manuel Valls, d'allonger la liste déjà interminable des comités dits Théodule, lors de la grand-messe sociale qui s'est achevée mardi. Trois nouvelles commissions, à l'intitulé un brin obscur, ont été présentées aux partenaires sociaux : un « groupe d'évaluation des négociations » du pacte de responsabilité, un « comité d'évaluation des aides publiques » au patronat et un « observatoire des rémunérations ».

    Des structures provisoires, afin de nourrir le dialogue social, insiste Thierry Mandon. « Le problème, c'est quand les choses commencent à s'installer », explique le Monsieur Simplification du gouvernement, qui est « en train de recenser tout ce qu'il y a comme trucs et comme machins pérennes ».

    La «commission des téléphériques» ou l'«observatoire des contreparties»

    Les gouvernements Fillon et Ayrault ont déjà fait un grand ménage dans les commissions, hauts comités et autres observatoires inutiles ou redondants : 225 ont été dynamités d'un coup en 2009, 51 autres enterrés en 2010, 48 en 2011 et 132 depuis 2012 selon les calculs du député UMP Lionel Tardy, dont c'est l'un des combats. Ont ainsi été liquidés la sublime « commission consultative relative à la réception des betteraves dans les sucreries et distilleries », l'étrange « observatoire des distorsions » ou la bien nommée « commission des addictions ». Las, depuis 2012, le gouvernement, tels les Shadoks, n'a pu résister à la tentation d'en créer d'autres en parallèle, dont la sympathique « commission des téléphériques » ou le très soviétisant « observatoire des contreparties » au pacte de responsabilité. Comme disait Georges Clemenceau, « si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission »...

    Un coût annuel de 23 millions d'euros

    La liste figure dans un document baptisé « jaune budgétaire », qui compteâ?¦ 140 pages. On recense actuellement près de 600 commissions consultatives, qui abritent chacune de 2 à 100 intervenants, pour un coût annuel total avoisinant les 23 Mâ?¬ (sans compter les frais couverts par les ministères auxquels ils sont rattachés), en nette baisse il est vrai depuis plusieurs années. Car la plupart des experts sont bénévoles et ne se réunissent qu'une fois par an, et encore. Ce qui suppose toutefois des frais de déplacement, de repas ou de secrétariat. Pour Thierry Mandon, là encore, le problème réside dans les « coûts cachés » : «Même si ces gens sont bénévoles, le temps qu'ils passent à des tâches parfois inutiles, ils ne le passent pas à autre chose. » Il procédera donc à la rentrée, « sans doute en septembre », à un « nouvel élagage »â?¦

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