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En Italie, être gay ou conduire, il fallait choisir

Danilo Giuffrida, un citoyen italien, s’est vu suspendre son permis de conduire après avoir déclaré son homosexualité.

Par  (Rome, correspondant)

Publié le 23 janvier 2015 à 18h54, modifié le 19 août 2019 à 13h41

Temps de Lecture 2 min.

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Un citoyen italien poursuit l'administration qui lui a suspendu son permis au motif qu'il était homosexuel.

La justice fera peut-être de Danilo Giuffrida un homme riche, et ce sera tant mieux pour lui. Jeudi 22 janvier, la Cour de cassation a condamné l’Etat italien pour « comportement homophobe répété de la part de l’administration qui a retiré son permis de conduire » au plaignant. Pour comprendre cette étrange succession de mots (« homophobe », « permis de conduire »), il faut remonter loin en arrière. Essayons.

2001. Danilo Giuffrida a 19 ans. Etudiant en philosophie à Catane, il se rend à l’hôpital militaire de la ville pour passer une visite médicale en vue de son incorporation sous les drapeaux. Sans rien cacher, il déclare son homosexualité. « Qu’est-ce qui me le prouve ?, répond sèchement le carabin de service. Inscrivez-vous au moins à l’Arcigay [une association de défense des droits des homosexuels]. » Pas contrariant, Danilo s’exécute.

« Pas les capacités psychophysiques pour conduire »

Quelques mois plus tard, il reçoit une lettre qui le convoque pour une nouvelle visite médicale, cette fois dans les bureaux de l’administration des permis de conduire. On l’informe qu’il n’aurait pas « les capacités psychophysiques pour conduire ». Il raconte : « Je me suis retrouvé au milieu de gens à qui il manquait un bras, un œil, avec des sourds. Je me suis rendu compte que l’armée avait informé l’administration de mon orientation sexuelle, et que c’était la vraie raison de ma présence. Puis on m’a donné un document, une sorte d’autorisation provisoire, que je devais renouveler chaque année en fonction de l’avancée de ma guérison… »

Danilo prend un avocat, Giuseppe Lipera, au cas où… Le jeune homme décide de porter l’affaire devant les médias et les tribunaux pour deux motifs : violation de la vie privée et discrimination. Un premier jugement du tribunal administratif lui accorde un dédommagement de 100 000 euros. L’administration fait appel. L’amende est réduite à 20 000 euros. La cour estime que le dommage n’est pas si grand, puisque l’échange d’informations a été « circonscrit à deux administrations ». Mais Danilo et son défenseur contre-attaquent en cassation. Jeudi, les juges suprêmes ont condamné l’administration et renvoyé l’affaire en appel afin de fixer le dédommagement.

Dans une Italie où le délit d’homophobie n’existe pas, où le film Brokeback Mountain a été amputé de ses scènes les plus explicites pour être diffusé sur la RAI, la chaîne de télévision publique, les aventures de Danilo Giuffrida peuvent passer pour emblématiques de la condition des gays, entre silence et opprobre. Danilo le reconnaît lui-même : « Si, à ma place, il y avait eu un garçon solitaire et apeuré à l’idée de se mettre en avant, les choses ne se seraient pas terminées comme ça. »

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