Mes 10 prédictions pour 2010

L’année 2009 n’est pas tout à fait terminée mais j’attaque dès maintenant ma série de prédictions pour l’année prochaine. Comme vous pourrez le constater, la majeure partie de ces prédictions tourne autour de deux thématiques qui me sont chères : les jeux et les médias sociaux. Il y a également une tendance de fond que je n’aborde pas car j’ai déjà publié un article à ce sujet (la réalité augmentée sur mobile).

1/ Bataille autour des infrastructures et protocoles

Après avoir lancé (et fermé) des dizaines de services, les grands de ce monde semblent maintenant bien décidés à étendre plus encore leur présence en s’attaquant aux infrastructures (investissements massifs dans des data-centers) et également aux protocoles. C’est ainsi que Google a cette année proposé un nouveau protocole pour Wave, mais aussi une variante de HTTP (SPDY) et même son propre DNS (Google Public DNS). Ils ont également racheté Gizmo5 (spécialisé dans la VoIP). Et vous pensez que Microsoft, IBM, Amazon et cie vont rester sans rien faire ? Attendez-vous donc à une série d’acquisitions / innovations dans les infrastructures et les protocoles.

2/ Retour en force de la TV

Vous connaissez la télévision ? Mais si enfin, ce gros truc qui traine (ou pas) dans un coin de votre salon. Et bien figurez-vous que ce boitier risque bien de redevenir cool grâce au web et à l’ensemble de services qu’il est possible de porter dessus (cf. La télévision est-elle l’avenir de l’internet ? En partie). Mieux, de nouveaux modèles sont à inventer pour pouvoir tirer partie des spécificités de ces deux supports (votre ordinateur avec son clavier, sa souris… et votre télévision avec son bel écran HD).

ConnectedTV

C’est ainsi que l’on va commencer à voir des choses très intéressantes du côté des grandes chaines (MyTF1), des fournisseurs d’accès (Orange Box V.2, Freebox V.6…) et même des services en ligne (avec des contenus 3D). Bref, si la France n’a pas eu la chance d’avoir sa TiVo, les téléspectateurs / internautes risquent d’être gâtés en 2010 avec de nouveaux services hybrides très intéressants (web + TV).

3/ Explosion du marché des livres électroniques

Inutile de vous (re)faire l’article sur le Kindle ou sur ces concurrents. Maintenant que la technologie d’encre électronique est au point, reste à trouver les contenus. Car force est de constater qu’il n’y a pas beaucoup de eBooks à télécharger pour le moment (du moins en France), à moins que les choses se débloquent avec l’arrivée de ebooks sponsorisés (donc gratuits), de ebooks open source (voir d’un e-reader en open hardware), de e-readers subventionnés par des marques (au hasard les VPCistes qui en échange y placeraient leur catalogue avec un mécanisme de commande / paiement intégré) ou encore de e-readers compatibles avec Google Books, et tant qu’on y est des marketplaces d’ebooks et mêmes d’applications pour e-readers. Tout reste à faire…

nook

4/ Grosse bataille autour de l’authentification et de la certification d’identité

Ces derniers temps, l’actualité est très chaude en ce qui concerne les services d’authentification : Facebook, Google, Twitter, Yahoo! et même Mozilla sont en pleine course (cf. Quand la délégation d’authentification devient un enjeu-clé). Ceci ne concerne que l’authentification mais je sens que petit à petit le besoin de certification d’identité va devenir de plus en plus pressant pour les utilisateurs qui veulent s’investir davantage dans une ou plusieurs plateformes sociales (par passion ou pour des raisons pro). À partir de là, qui pourrait être le mieux placé pour fournir un service de certification d’identité ? Les acteurs historiques (Verisign, Certinomis) mais également les solutions de paiement (PayPal, FIA-NET, Google Checkout…). En fait tout est question de confiance : En qui avez-vous le plus confiance pour certifier votre identité ou l’identité de quelqu’un d’autre ? L’astuce sera de fournir un service fiable et facile à mettre en oeuvre (et accessoirement compatible avec les différentes plateformes sociales).

5/ Invasion des terminaux dédiés et objets connectés

J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur le danger que représentent les smartphones pour les terminaux nomades (cf. Les smartphones vont-ils tuer les terminaux portables dédiés), il n’empêche que quand je regarde des terminaux comme le Chumby, le Litl ou encore le Intel Ealth Guide, je me dis que la partie est loin d’être gagnée.

IntelHealthGuide

En fait il existe une infinité d’usages de niche pour des objets du quotidien qui pourraient être connectés (cf. WakeMate, Withings, Twoddler…). Le seul problème avec ces terminaux, c’est le raccordement au web : le Wi-Fi est trop contraignant, les abonnements 3G coutent trop chers… Idéalement il faudrait une sorte de WhisperNet comme le propose Aamzon mais ouvert à tout type de terminaux. Là encore, tout reste à faire…

6/ Du multitouch à toutes les sauces

Faire des applications avec des interfaces tactiles multitouch n’est aujourd’hui plus un problème dans la mesure où les technologies sont prêtes. Ou du moins : de gros efforts ont été faits par les grands éditeurs (Microsoft, Adobe, Apple…) pour faciliter la mise en œuvre d’interfaces multitouch. Reste encore à trouver les périphériques. Vous connaissez déjà l’iPhone, nous avons également la table Surface, la souris Magic Mouse, les tablets de chez Wacom

wacom_bamboo

En fait quand on y réfléchit bien, il y a encore beaucoup de progrès à faire dans ce domaine, notamment pour ré-équiper les foyers avec des périphériques hybrides comme le concept de 10/GUI. Bien évidemment ce type de périphérique n’est pas pour 2010 (quoique), mais nous allons doucement y venir et j’anticipe de belles innovations pour l’année à venir (périphériques / terminaux, applications, supports promotionnels / évènementiels…).

7/ Des applications en ligne sur votre bureau et des logiciels sur le web

La frontière était déjà très fine entre applications en ligne et logiciels connectés, mais les éditeurs vont pourtant aller encore plus loin avec des applications en ligne capables de se comporter comme des logiciels (grâce aux Application shortcuts de Google Chrome ou aux Client Apps de Silverlight 4 qui permettent de travailler en mode hors ligne et d’avoir accès au disque dur).

Facebook en dehors de votre navigateur avec SilverFace

Mais ça fonctionne aussi dans l’autre sens avec la montée en puissance des Social Desktop Apps qui sont là pour vous faciliter le quotidien et prendre la relève des Seesmic et Tweetdeck (FishBowl, Sobees, Socialite…). Ces services / applications sont là pour défricher le terrain à une nouvelle génération d’applications / services (ha mince je ne sais déjà plus qui est qui…). Bref, le rapprochement entre ces deux monde sera quasi-consommé l’année prochaine.

8/ Plus de sophistication pour les social games

Inutile de revenir sur le succès des social games. Après cette première année fort bien orchestrée pour faire se rencontrer deux mondes (casual games et réseaux sociaux), j’anticipe pour l’année prochaine une sophistication croissante des jeux proposés sur les réseaux sociaux avec des genres nouveaux : MMORPG (Burning Realms), FPS (Paradise Paintball 3D), Beat-them-All (BattlePunk), Tactical-sport RPG (Kick Off)…

BattlePunk

En fait il n’y a pas réellement de limite à la sophistication des jeux présents sur les réseaux sociaux, du moment qu’ils tournent sur un plug-in supporté par la plateforme (Flash, Unity3D…). Et avec un peu de chance, si le succès est au rendez-vous, les meilleurs jeux peuvent même exister en dehors de ces réseaux (à l’image de Farmville qui est maintenant dispo sur Farmville.com).

9 / Une seconde vie pour les jeux 16 bits

Je ne vous ferai pas l’affront de vous demander si vous connaissez des jeux comme Pac Man, Asteroids, Battlezone, Golden Axe, Dragon’s Lair… Et bien figurez-vous que ces jeux ne sont pas morts, bien au contraire, ils sont en train de connaitre une seconde jeunesse sur le web (Atari Arcade, Sega Mega Drive Classics) et sur iPhone (Dragon’s Lair, PacMan…). Vous pourriez me dire que le plaisir de jeu n’est pas tout à fait intact car c’est tout de même beaucoup moins fun de jouer sur son ordinateur avec son clavier. Mais pas de problème, car figurez-vous qu’ils ont pensé à tout avec notamment la fourniture d’un Joypad pour les abonnés pemium :

 

PlaySEGA-Joypad

Avec près de 20 ans de patrimoine vidéo-ludique, il y a largement de quoi attirer les nostalgique et leur soutirer quelques euros.

10/ Vers des Social Serious Games

Les serious games sont partout : sur Facebook, sur votre mobile, dans votre entreprise… Il faut dire que la proposition de valeur est plutôt intéressante : « Une simulation ludique dans laquelle le joueur / collaborateur va être invité à s’immerger pour résoudre une problématique complexe et / ou liée au monde de l’entreprise« . À partir de là, pourquoi ne pas importer dans l’entreprise les recettes qui fonctionnent chez le grand public : des social games sur votre réseau social interne adaptés aux challenges ou problématiques spécifiques à votre entreprise, des social serious games. L’idée vous parait stupide ? Réfléchissez-y à deux fois car ce type de jeux peut tout à fait remplir deux objectifs : faire passer un message (en fonction de la thématique du jeux et de la situation dans laquelle il place les collaborateurs) et stimuler les connections au réseau social interne (au travers de défis, d’un tableau des scores, de storytelling…).

Voilà, ça fait 10 prédictions pour 2010. Comme je suis particulièrement inspiré en cette fin d’année, je vous prépare deux prédictions supplémentaires pour la semaine prochaine, mais avec une plus grande prise de risque.

51 commentaires sur “Mes 10 prédictions pour 2010

  1. Au sujet des ebooks on attend encore, je pense, le multi-ecrans, pour pouvoir écrire sur une page tout en en lisant une autre par exemple, ou pour pouvoir lire plusieurs livres en même temps en comparant parfois de manière séquentielle. Après tout un seul écran alors qu’on a plusieurs doigts, je n’en démords pas, c’est dommage.

    Au sujet de l’identification je pense que nous allons provoquer des usages de contournement de plus en plus systématiques. C’est à dire qu’il y a la mise en scène pauvre sans suivi relationnel et la mise en scène qui nécessite de travailler un peu l’imaginaire, la ritualisation de l’interaction et la mise en récit, donc en concurrence avec l’identification. Facebook, et d’autres, n’arrivent pas encore à se libérer des contraintes du monde matériel de l’existence et c’est dommage (très problématique). On est depuis trop longtemps dans une sur-détermination de la face et ça devient couteux pour l’utilisateur (je veux bien croire au personnal branding, on engagera des acteurs pour ça, le positivisme a ses limites et est trop conservateur), sans compter qu’une minorité importante ne l’accepte pas, même parmi les digital natives.

  2. « La manette USB dont j’ai toujours rêvée »
    C’est normal, c’est une réédition de la manette Sega Saturn second modèle. Un bijou.

  3. @ Ropib > Engager des acteurs pour faire du personnal branding à votre place ? Voilà une idée intéressante… C’est la prochaine étape après la vente de pages profils personnalisées et la retouche de photos. Des sortes de doublures pour plateformes sociales, c’est ça ?

    /Fred

  4. Perso je mettrais une 11 prédiction : l’explosion du tabletPC (je sais ça fait 10 ans qu’on l’attend…). Je pense que c’est un des domaines qui va le plus gagner avec le multitouch…

  5. Bonjour Fred.

    D’accord avec tout, globalement, sauf pour le point 5. Je ne crois pas que les terminaux connectés vont nous envahir (en tout cas pas plus qu’aujourd’hui), pour deux raisons.

    1. Parce qu’ils nécessitent des réseaux 3G beaucoup plus développés qu’à l’heure actuelle (pour prévoir et assumer l’augmentation de trafic) (je pense aux GPS connectés)
    2. Parce que la majorité des objets connectés sont inutiles (si on prend le Nabaztag par exemple : ce genre d’outil est inutile dans l’absolu). Et puis les objets connectés ne vont pas être donnés. Il faudra donc que leur prix soit bas (assez bas) pour que le grand public puisse se les approprier. Et même si l’idée n’est pas saugrenue, je ne crois pas que cela arrivera en un an.

  6. Pour les social serious games, des projets sont effectivement en cours. D’ailleurs les recherches tendent à montrer qu’on apprend davantage en groupe, avec autrui, que seul face au programme.

    Pour les social games, c’est juste la palteforme de diffusion qui change, vu que les web games cartonnent depuis un moment, mais le rachat par EA va effectivement lancer la chose. Reste à accentuer le côté MMO. La standardisation technique semblant être trouvée

    Enfin le revival 16 bits… ça m’a toujours intrigué.

  7. Le point 7 est vraiment passionnant : les éditeurs de logiciels, PGI/ERP pour les entreprises, se posent également beaucoup de questions et en sont « seulement » à se demander : faut-il passer au « full web » ?
    Mais j’ai le sentiment que la question ne se pose pas tant en termes techniques mais avant tout ergonomiques : frontières de plus en plus étroite entre les interfaces des ces solutions (souvent des usines à gaz), navigateur, desktop…

  8. @Fred
    Oui, cela crée une nouvelle dynamique sociale. Dans la société post-industrielle la négociation des moyens de production laisse sa place à celle de la représentation du travail.

  9. Très optimiste comme prévisions même si effectivement les technologies sont là. Je dirai plutôt Eclosion que Explosion pour les e-book ;-) Quand on voit où en est la VOD ou la vente de musique en ligne. Je crains que pour le marché du livre cela reste très compliqué ! Les éditeurs sont-ils prêts ?

  10. « Invasion des terminaux dédiés et objets connectés »

    Oui, probalement, dans une certaine mesure. Mais une « invasion » pour 2010, ça fait un peu juste non ? Notamment à cause des problèmes de connexion que tu as soulevé.

    Verdict : Ça viendra… ;-)

  11. Je suis plus séptique pour le marché du livre electronique. Rien ne remplacera un livre traditionnelle
    La technologie atteint ses limites

  12. À Greg : « Explosion du marché des livres électroniques », ça dépend un peu ce qu’en entend par « explosion » (par rapport à l’année passée ? par rapport à il y a 5 ans ? par rapport au livre imprimé ? par rapport au nombre de liseuses ?) mais d’une manière générale, on pourrait écrire sans trop de risque de se tromper que le marché du livre numérique a déjà « explosé » en 2009. De mon point de vue, il s’agit donc d’un prédiction à retardement et c’est l’année dernière qu’il aurait fallu prédire cela, ça aurait été plus sportif ;-) Personnellement, je ne suis pas un grand fan des readers tels que conçus et commercialisés actuellement mais l’évidence veut qu’une fois que des gens ont acheté un appareil de lecture à 300 €, on espère pour eux qu’ils achèteront un paquet de livres numériques en suivant pour rentrer dans leur mise de départ.

    (Bon, en même temps, j’imagine qu’il y a un côté ludique dans ces prédictions et qu’elles ne sont pas forcément à prendre au pied de la lettre.)

  13. @Christophe D
    Les livres électroniques ne sont pas forcément bien conçus. Peut-être que nous verrons un jour des objets plus flexibles et pouvant avoir un lien avec l’imaginaire du lecteur.
    Je me demande si notre manière de lire ne sera pas elle-même modifiée. Après tout quand je vais sur internet pour accéder à des livres je ne lis pas du tout de la même façon que sur un livre papier: je suis beaucoup plus volatile (bien que ma lecture des livres papier ait un peu évoluée aussi).
    Je ne lis pas plus que ça, et pas que de la littérature actuelle. Mais il me semble que s’il y a un très large succès pour les romans scénarisés il y a aussi un certain nombre d’écrivains qui passent à une écriture plus fragmentée, avec des références éparpillées, souvent dans la problématique de l’ego. Je n’irai pas jusqu’à dire que le blog se retrouve dans les livres mais, en prenant un peu de distance, on peut penser que l’écriture aussi va s’adapter aux nouveaux supports (comme elle a toujours fait).

    Le format du lecteur, même à 300 euros, me semble trop éloigné de tous les usages et de tous les contenus actuels pour rencontrer le succès. Aujourd’hui je préfère surfer sur mon netbook ou mon smartphone (leur puissance, leur ouverture et leur connexion au réseau sollicitent ma curiosité sur le monde hyperlié), ou prendre un livre papier qui a l’avantage de poser en lui-même un rapport à la réalité et au temps (quand je pose mon livre, fermé, sur ma table, mon imaginaire travaille déjà à une mise en récit spécifique, des fois je n’ai même pas besoin de l’ouvrir), plutôt que de prendre un livre électronique. Pourtant je fais des efforts d’ouverture d’esprit.

  14. À Ropib : je suis d’accord avec vous, d’ailleurs vous pouvez jeter un œil sur mon blog (surtout dans la colonne « Mes commentaires ailleurs »), vous verrez que beaucoup de ce que j’y ai écrit va dans votre sens ;-) Mais même si on est pas OK avec ce qui se fait actuellement, il faut bien reconnaitre que le livre numérique a bien marché cette année, par rapport aux années précédentes (même si Amazon aime bien nous balader avec les chiffres), y compris médiatiquement.

  15. Ping : Weborama #19
  16. @Christophe D
    Je suis allé voir votre blog, puis le site de la feuille. C’est intéressant. Je pense depuis quelques temps que nous pouvons poursuivre le développement de l’écriture en généralisant le html à tout le contenu multimedia, en ne considérant l’écriture que comme une mise en scène limitée. C’est un peu ambitieux, un rêve qui a traversé tout l’Histoire d’ailleurs, à commencer par celle de la musique. Mais peu importe, nous vivons peut-être un moment ou nous commençons à pouvoir le faire, encore faut-il le vouloir. Aujourd’hui le multimedia est un produit, industriel, et c’est très pratique de ne pas l’ouvrir et de ne pouvoir, à la rigueur, qu’accéder à des meta-informations le concernant. Il y a même des sites en flash qui tentent de rematérialiser l’écriture… c’est donc pas gagné. Mais je suis d’accord pour voir dans ces livres numériques des moyens de transition (inspiration surréaliste, d’une dialectique possible: pouvons-nous parler d’objet transitionnel ?).

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