Livres concentrés

Le cœur des cobayes

de Grégory Lemay (Héliotrope)

99 pages

Vingt-cinq : c’est le numéro que porte le narrateur de ce roman tout le long de l’étude clinique sur l’oxycodone à laquelle il participe. Heureux hasard, Linda, qui porte le numéro 24, deviendra sa voisine pendant ces quelques jours où chaque aliment ingurgité, chaque heure de sommeil, chaque déplacement, est mesuré. Qu’est-ce que des êtres humains sont prêts à faire subir à leur corps pour 1500 $ ? Beaucoup de choses, et cette incursion dans ce monde controversé où les rats de laboratoire sont volontaires est un voyage troublant. Grégory Lemay, qui après C’était moins drôle à Valcartier nous montre qu’il sait choisir ses sujets, ne nous épargne aucun détail dans ce roman qui suscite souvent le malaise physique. Pourtant, c’est dans cette ambiance glauque que le narrateur, doté d’une vie intérieure riche mais d’un quotidien banal, aura l’occasion de sortir de lui. Il verra une forme de lumière auprès de Linda, avec qui il trouvera le moyen de danser et de s’amuser, dans ce monde froid et déshumanisé. Un roman noir à l’aura trouble, qui en 100 pages bien tassées va jusqu’au cœur de son sujet.

EXTRAIT  

« La nuit est bel et bien close dans l’unité 2. Ses portes ont été verrouillées en même temps que celles des dortoirs. Les participants ont été priés de gagner leurs places dans la cafétéria ou d’y rester s’ils y étaient déjà. Bientôt, les cachets d’oxycodone seront distribués comme des hosties. On attend tous la communion pharmacologique. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.